2017 : à la croisée des anniversaires
1217 : l’arrivée des frères en France
Sous la houlette du frère Pacifique (cf. p.15), un petit groupe se dirige vers la France et s’implante d’abord à Vézelay. Une inscription peinte dans le couvent de la Cordelle, encore visible au début du XVIIIe siècle, perpétuait le souvenir de l’évènement : « Pour mémoire éternelle, saint François ayant envoyé plusieurs de ses disciples pour la mission de France, le bienheureux frère Pacifique et le frère Louis, son compagnon, tous deux chefs de mission, arrivèrent en cette ville de Vézelay l’an 1217. Ils logèrent d’abord dans un petit ermitage dédié à saint Fiacre, situé près d’une église, dédiée à l’honneur de la Sainte Croix en mémoire de la croisade prêchée en cet endroit par saint Bernard ». Bientôt les frères remontent vers Saint-Denis, puis vers les Flandres. L’expansion apparaît très rapide et les frères d’aujourd’hui sont les héritiers de ce petit groupe piloté par frère Pacifique. Même si les temps actuels sont difficiles et les effectifs peu nombreux, il faut avoir l’audace de célébrer l’évènement !
1217 : la naissance de saint bonaventure
1217 ou 1221, les historiens hésitent, mais c’est bien cette année que nous allons fêter le huitième centenaire de la naissance de celui qui a su « penser » ce que François a vécu. De nombreuses manifestations universitaires vont marquer cet anniversaire, et notamment, à la Saint-Bonaventure University (U.S.A.), un colloque finement intitulé « Frater, Magister, Minister et Episcopus. The Works and Worlds of Saint Bonaventure ». Il est réjouissant de noter que le « docteur séraphique » suscite l’intérêt de toute une nouvelle génération de philosophes, et celle-ci est magnifiquement incarnée en France par Laure Solignac. Bonaventure n’est pas « dépassé », il peut nous aider à penser « en franciscain » pour aujourd’hui.
1517 : la grande fracture de l’ordre
Pendant tout le XVe siècle, l’Ordre a été miné par une guerre fratricide entre Conventuels et Observants. Les premiers avaient opté pour la vie urbaine et les universités. Ils vivaient au sein de grands couvents. Les seconds voulaient observer la règle « sans glose » et préféraient les petits établissements à l’écart des villes. Pour séparer les frères ennemis, le pape, soutenu par les princes du monde chrétien, n’a pas trouvé mieux que la scission. Cela s’est passé à Rome, en mai 1517. À quelques centaines de mètres de distance (à l’Ara Cœli pour les religieux Réformés, à la basilique des Saints-Apôtres pour les Conventuels), deux chapitres généraux ont élu chacun un « successeur de saint François ». Cette séparation n’a pas mis fin aux divisions, puisque quelques décennies plus tard les Capucins vont également former une famille autonome. Aujourd’hui, Franciscains, Capucins et Conventuels travaillent ensemble, mais les mémoires de ces évènements anciens restent malgré tout antagonistes et blessées. Espérons que les frères sauront trouver les mots justes et les gestes forts pour permettre une vraie réconciliation.
1517 : approbation de la règle définitive de l’Annonciade
« Premièrement et avant toutes choses, ayez continuellement la Vierge elle-même devant les yeux, jetant vos pensées et vos regards sur elle comme les Mages sur l’étoile. Que la Vierge soit votre modèle, qu’elle soit votre oracle, qu’elle soit votre Règle, et n’ayez nulle autre étude que de plaire parfaitement à votre Époux par l’imitation de la Vierge… » Ainsi commence la troisième règle rédigée par le père Gabriel-Maria et approuvée en juillet 1517. Constamment lu et médité depuis cinq siècles, ce très beau texte continue de « régler » la vie des actuelles moniales de l’Ordre de la Vierge Marie, plus connu sous le nom d’Annonciade.
1617: fondation des Bénédéctines du Calvaire
Tout peut arriver dans l’Église : ainsi, un célèbre capucin, le père Joseph de Paris, a étroitement collaboré à la fondation d’une congrégation bénédictine. Le 25 octobre 1617, mère Antoinette, devenue cistercienne réformée après le décès de son mari, Charles de Gondi, s’établit à Poitiers avec 24 sœurs et y instaure la vie monastique selon « l’exacte » règle de saint Benoît. Mais elle décède presque aussitôt (25 avril 1618), et c’est uniquement grâce à son fidèle conseiller, le père Joseph, que la fondation peut survivre et même se développer. La congrégation compte 16 monastères ou « Calvaires » à la mort du capucin (1638), dont deux à Paris. Aujourd’hui, les moniales sont réparties en quatre communautés (Angers, Prailles, Bouzy-le-Forêt et Jérusalem), et elles comptent sur cette année jubilaire pour renouer avec les intuitions de leur fondatrice et prendre un nouveau départ.
1917 : naissance des frères J. Mauzaize et C. Schmitt
Les historiens connaissent ces deux noms, mais personne ne pensera sans doute à saluer leur mémoire en cette année du centenaire de leur naissance. Clément Schmitt, O.F.M. (1917-2006) et Jean Mauzaize O.F.M. cap, (1917-1992) ont été de grands serviteurs de l’histoire franciscaine, le premier en tenant les rênes de la revue Archivum franciscanum historicum pendant près de trente ans, le deuxième en renouvelant en profondeur notre connaissance des capucins français sous l’Ancien Régime. Ils nous ont aidés à comprendre notre histoire et nous ont maintenant passé le relai. Souhaitons que des frères et des sœurs s’investissent sérieusement dans l’histoire du mouvement franciscain.
Pour en savoir plus
Sur saint Bonaventure : www.freres-capucins.fr/-saint-Bonaventure. Sur 1517 et la fracture de l’Ordre : Grado Giovanni Merlo, Au nom de saint François, Le Cerf-Éd. franciscaines, 2006. Sur l’Annonciade : www.annonciade.info. Sur les Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire : http://www.benedictines-prailles.fr/ et http://www.benedictines-bouzy.com/