Entrer au séminaire pour rendre visible Dieu
Se mettre au service des fidèles par amour pour Dieu, faire comme Jésus, rendre le Christ visible par leur vie, etc. Les désirs des séminaristes sont variés mais ils convergent vers la recherche de Dieu et la proximité avec les hommes. Ainsi, dans notre société sécularisée, des séminaristes franchissent le pas, alors que « l’institution ecclésiale, et avec elle la figure du prêtre, n’est plus reconnue ; elle a perdu aux yeux du plus grand nombre tout prestige, toute autorité naturelle et se trouve même malheureusement salie », selon le pape François, dans un message pour le rassemblement des séminaristes de France en décembre 2023.
« Chaque époque a ses problèmes, confiait Benoît XVI, mais Dieu donne en tout temps la grâce voulue pour les assumer et les dépasser avec amour et réalisme ». Les séminaristes sont, selon Benoît XVI, invités à « ne pas se laisser intimider par un environnement qui prétend exclure Dieu et dans lequel le pouvoir, l’avoir ou le plaire à peu de frais sont les critères principaux qui dirigent l’existence ».
Le goût de la prière et de la Parole de Dieu
Durant ce temps de formation, les séminaristes apprennent à aimer Dieu plus que tout pour que son amour leur soit suffisant. Pour cela, la prière silencieuse est fondamentale, comme en témoigne Philippe, un séminariste chaldéen : « C’est dans le secret du cœur que le Seigneur vient lui-même me façonner pour me former un cœur de prêtre et me configurer au Christ ». Pour ce séminariste de 27 ans, se formant à Paris, « l’oraison quotidienne, temps de méditation sur la Parole de Dieu, est comme un petit trésor ». C’est un temps où il se dispose à « écouter le Seigneur qui (lui) parle personnellement ». Au séminaire, on leur apprend l’importance de ne pas perdre le contact intérieur avec Dieu et donc de commencer et achever sa journée par la prière. « Entretenez toujours en vous le goût de la Parole de Dieu ! Apprenez, grâce à elle, à aimer tous ceux qui seront placés sur votre route. Personne n’est de trop dans l’Église, personne ! Tout le monde peut et doit y trouver sa place. » Ces mots furent prononcés par Benoît XVI en 2008 dans la cathédrale Notre-Dame.
Témoigner de Dieu
À l’origine de sa rencontre personnelle avec le Christ, Axel, en 2e année de séminaire à Paris, explique qu’il y a d’abord une interrogation : « Dieu existe-t-il ? Si oui, qu’attend-t-il pour se manifester à moi ? Si non, pourquoi des gens croient et donnent leur vie ? ». « Cette question était un cri intérieur », poursuit-il. En entrant au séminaire, Axel fut « envahi d’une grande paix » : il a rencontré le Christ, voulait vivre pour Dieu et témoigner du Christ. En voulant devenir prêtre, ce jeune homme de 25 ans aspire à « être radicalement uni à Jésus et à faire comme lui ». Et d’ajouter : « Jésus écoute, console, fortifie, nourrit, donne sa vie et dispense en tout cela sa grâce divine ». Pour Édouard, en 1ère année de séminaire, pour le diocèse de Châlons, devenir prêtre signifie « transmettre le message d’amour qui (le) fait vivre à tous et pouvoir montrer l’immense miséricorde de Dieu pour tous ». Quant à Philippe, il désire se « mettre au service des fidèles de manière pleine et radicale, par amour pour Dieu et pour son peuple ». Il souhaite rendre le Christ visible par sa vie, ses paroles et ses actes et « être un accompagnateur pour cheminer avec les fidèles vers le Christ ». Cette disponibilité du séminariste, puis du prêtre, rejoint la décision de vivre le célibat et d’être détaché des biens de la terre.
Célibat et maturation
« L’enjeu pour un futur prêtre est de fonder sa vie dans le Christ. Cela peut aussi aider pour prendre la question du célibat par le bon bout : l’amour pour le Christ », témoigne Philippe. Édouard explique quant à lui que « le célibat demande une vraie réflexion pour le choisir, et non pas le subir ». La vie du prêtre, donnée toute à tous, ne peut en être autrement. « Le célibat est un choix qu’il ne faut pas prendre à la légère. C’est un renoncement difficile », confie ensuite Axel. Le Christ, le bon pasteur, donne sa vie pour ses brebis. Ainsi, pour imiter le Seigneur, le cœur doit « devenir mature au Séminaire, en étant totalement à la disposition du Maître », selon Benoît XVI. Ce temps de formation du séminariste englobe donc quatre dimensions fondamentales : humaine, pastorale, intellectuelle et spirituelle. Elles permettent aux séminaristes de mûrir et faire grandir leur relation à Dieu.
« On ne devient pas prêtre tout seul »
Le séminaire est une communauté qui marche vers le sacerdoce. « On ne devient pas prêtre tout seul », écrivait Benoît XVI aux séminaristes, en 2010. « Il faut la communauté des disciples, l’ensemble de ceux qui veulent servir l’Église ». À Paris, les séminaristes sont rattachés, dès la première année, à une paroisse où ils ont des apostolats. Cela leur permet de découvrir la vie paroissiale de l’intérieur. Édouard veille à maintenir les liens avec ses amis et « ses anciens collègues, loin de Dieu », avant de préciser que ces liens le font grandir car ils l’interrogent et le remuent. Guidés par la multitude des saints, certains séminaristes se sentent accompagnés par leurs amis du ciel. Édouard aime à évoquer la bienheureuse Sandra Sabattini (1961-1984) dont les écrits l’habitent : « Je ne peux pas forcer les autres à penser comme moi, même si je pense que c’est juste. Je ne peux que leur faire connaître ma joie ». « Cette joie, voilà ma façon de témoigner », confie-t-il. Les séminaristes ont donc plusieurs années pour se préparer à entrer dans cette cordée de joie pour ensuite attirer les hommes à Dieu. Au quotidien, ils cherchent leur juste équilibre entre le cœur et l’intelligence, la raison et le sentiment, le corps et l’âme.