Accueillir un nouveau curé
Personnellement, après 16 ans comme professeur de théologie à l’Université de Fribourg et cinq autres ministères, je retourne en paroisse, comme prêtre du diocèse de Sion, et je viens d’être nommé curé de Savièse (8 000 catholiques), tout en gardant 20 % d’activité comme formateur et prédicateur de retraites spirituelles.
Un nouveau départ
La paroisse et les paroissiens restent, les curés changent. C’est donc logiquement aux seconds de s’adapter aux premiers ! D’abord, pour connaître les réalités locales, car toute activité pastorale est inculturée et située dans un contexte particulier. Puis, pour se réjouir de tout ce qui se vit déjà – l’Esprit Saint précède toujours le nouveau pasteur ! – et n’opérer qu’ensuite les éventuels changements opportuns.
Rien de pire qu’un nouveau prêtre qui arrive, avec ses idées préconçues, qui fait table rase des réalisations de ses prédécesseurs et bouscule les laïcs engagés au point de les décourager. La prudence et le bon sens pastoraux requièrent de partir de ce qui existe et de ne procéder aux éventuelles modifications que si cela s’avère indispensable et si les orientations de l’Église diocésaine et universelle le requièrent.
S’apprivoiser mutuellement
Reste que la relation entre la communauté et son pasteur est de l’ordre du partenariat et qu’un temps d’apprivoisement mutuel est nécessaire. À cet égard, les baptisés sont eux aussi invités à faire preuve de souplesse, à ne pas catégoriser leur « jeune » curé comme trop classique ou trop innovateur, à apprendre à le connaître et à apprécier son style, inévitablement différent de celui de son confrère. Être prêtre en 2023 représente un véritable défi, et c’est à toutes les composantes de la paroisse d’assumer le soin de recevoir, d’accompagner et d’intégrer le nouveau responsable.
En équipe
À cet égard, c’est souvent dans les équipes, conseils et groupes que le curé fraîchement arrivé pourra trouver ses marques, qu’il pourra exprimer ses découvertes, ses attentes, ses surprises, ses déceptions. Les délégués laïcs membres de ces conseils peuvent s’y faire les porte-parole de la population. Et ainsi un dialogue fructueux parvient à s’établir et à servir de trame de base pour une authentique collaboration laïcs-clercs.
L’Église catholique est en crise, sa crédibilité est entamée, l’indifférence de nos contemporains ne cesse de s’accroître, les assemblées s’amenuisent. Il est d’autant plus important à l’heure actuelle de se serrer les coudes et de tous tirer à la même corde, pour essayer de bâtir ensemble le Royaume dans la force de l’Esprit. D’où cette exhortation, aux uns et aux autres, de se rassembler autour du Christ et d’imiter sa sainteté, pour relever les difficultés de la mission « en sortie vers les périphéries », telle que le pape François nous la recommande.
C’est appuyées sur les saints patrons de la paroisse et de la région – et sur saint Antoine – que les communautés pourront négocier ce délicat virage d’un changement de pasteur. N’attendons pas que notre curé soit parti pour en apprécier les inestimables qualités. Bénéficions-en durant son temps de présence et faisons tout pour que le nouveau berger se sente rapidement chez lui dans nos groupes, nos familles et nos assemblées !