La joie des catéchumènes
« Cette année, c’est l’abondance ! ». Depuis 20 ans où Françoise est responsable du catéchuménat dans sa paroisse du nord de Paris, elle est à la fois surprise et réjouie. « Avec tout ce qu’il se passe de peu reluisant dans l’Église, cela n’empêche pas les gens d’arriver, l’Esprit Saint est là », confie-t-elle. Cette année, 35 catéchumènes se préparent dans sa paroisse, ce qui implique la présence de 16 accompagnateurs, tous « habités par le désir de faire rencontrer Jésus ». Cette année, ils ont essentiellement entre 25 et 35 ans. Tant pour les catéchumènes que pour les accompagnateurs, la proportion est d’environ un tiers d’hommes et deux tiers de femmes. Ceux qui marchent pendant deux ans avec ces nouveaux chrétiens « ne sont pas dans la routine », assure encore Françoise, car « c’est à chaque fois une personne qui s’adapte à l’autre ». Les accueillir, c’est voir que « chacun a une histoire sainte et c’est nouveau à chaque fois ! », s’émerveille Françoise. « C’est un cadeau d’accompagner ces hommes et ces femmes, c’est un chemin d’approfondissement pour ma propre foi », renchérit Blandine, responsable du catéchuménat dans sa paroisse de l’est parisien. Cette vierge consacrée, qui doit d’ailleurs pour partie sa vocation à cet engagement ecclésial, a déjà accompagné cinq personnes et voit toujours en elles « une expérience de rencontre avec quelqu’un qui les aime ».
Des rencontres, un accueil, des chemins
Les catéchumènes semblent unanimes sur l’accueil qui leur est réservé dans leurs paroisses, ils éprouvent de la joie à entrer dans une église et se sentent vite chez eux dans leur paroisse. Pour Anaïs, 38 ans, baptisée en 2020, les paroissiens de son église du 13e arrondissement de Paris accueillent les catéchumènes « avec tant d’amour, sans condition, qu’ils donnent un sens chrétien, non pas uniquement à un peuple, mais à l’Humanité entière ». C’est aussi ce qu’ont ressenti Charlotte (30 ans) et Martin (27 ans), en rentrant dans leur église du 18e arrondissement de Paris. Mariés civilement depuis un an, ce couple va recevoir quatre sacrements en même temps car ils seront baptisés tous les deux à Pâques et seront mariés religieusement au même moment par leur curé qui validera leur mariage civil. En assistant dans cette église à une messe, « la 2e ou la 3e de ma vie, en écoutant les chants, ça m’a plu ! », confie Martin. Et Charlotte d’ajouter : « Je me souviens du chant de communion qui était Ouvrez vos cœurs, vous ne serez plus jamais seuls ». « Tous les deux d’origine catholique, ayant perdu la pratique, nous sommes arrivés de manière instinctive à devenir chrétiens », expliquent-ils. Anaïs fut elle aussi « profondément émue par la cathédrale de Reims et par la première messe à laquelle (elle) assistai(t) », sans connaître encore le Christ. « C’est suite à des évènements tragiques », confie-t-elle, qu’elle a ressenti que « Dieu avait toujours été présent et nous aimait inconditionnellement ».
Pour Niels, 20 ans, qui sera baptisé à Pâques, ce sont ses grands-mères et sa nourrice qui ont marqué son parcours de foi. Ainsi, dès le collège, ce garçon priait déjà pour ses proches, pour sa vie. « On ne va jamais seuls à la fontaine baptismale, mais accompagnés de la prière de toute l’Église », confirme le pape François.
Une belle attente
Si le catéchumène fait un parcours de deux ans, c’est pour lui permettre de passer de l’affirmation qu’il veut être baptisé à celle qu’il veut devenir chrétien. Pour Niels, ces deux années « sont passées vite » car il « aime ces temps de rencontres, ponctués de lecture de la Bible, de prière, de chant ». Lors de ces rencontres mensuelles, les catéchumènes expriment comment la Parole de Dieu résonne en eux. C’est d’ailleurs l’étymologie du mot catéchumène qui vient de « catéchèse » et signifie « celui en qui une parole a résonné ». Et Niels de confier qu’à chaque rencontre, même s’il n’a pas toujours envie d’y aller, il en ressort « grandi et soulagé ». Pour Charlotte, « ce temps de deux ans de préparation est utile, ce serait dommage d’aller plus vite. ». Quant à Anaïs, elle confie que « ce chemin vers le baptême était magnifique et parfois douloureux car il s’agit aussi d’une transformation ». Être chrétien, pour le pape François, signifie « regarder la lumière, également lorsque le monde est enveloppé par la nuit et par les ténèbres ».
Un amour conscient de l’Église
Charlotte et Martin aiment à dire qu’ils ne « mélangent pas Jésus à ces gens qui ont commis des crimes ». « On entre dans l’Église en pleine connaissance de ces sujets et le document de la CIASE est d’une avancée exceptionnelle ». Charlotte, en doctorat de sociologie, s’intéresse à la personne de Jésus, ses œuvres, ses actes, et en demandant le baptême, elle exprime le « besoin d’une stabilité, un socle pour distinguer le bien du mal ». « Lire l’Évangile donne du sens à notre vie », poursuit ce jeune couple pour qui leur église « est un lieu très apaisant dans le quartier ». Ce constat est aussi fait par Niels qui ajoute que « l’Église unit les gens ».
« Il faut avancer vers le baptême avec son cœur et ne pas être angoissé », assure cet homme qui a lu Benoît XVI : « L’homme est inquiet, car tout ce qui est temporel est trop peu ». « Ne cherchons-nous pas à nous suffire à nous-mêmes ? Ne permettons pas de telles réductions de notre être humain ! », implorait Benoît XVI. « L’inquiétude envers Dieu, – le fait d’être en chemin vers lui pour mieux le connaître, pour mieux l’aimer –, ne doit pas s’éteindre en nous. En ce sens, nous devrions toujours rester des catéchumènes », confiait-il encore. Un conseil qui a toute sa saveur à l’approche de Pâques !