Cartitas Saint-Antoine - Bilan 2022 : L’année de la communauté
Ce qui se passe dans le monde se reflète aussi sur la solidarité antonienne, comme en témoigne le compte-rendu de la Caritas Saint-Antoine de 2022. Dans ce dernier, deux secteurs de dépenses importants se dégagent : ceux relatifs aux projets en faveur des réfugiés de guerre, ainsi que ceux en faveur des pauvres en Italie, dont la situation a été rendue encore plus difficile par la hausse incontrôlée des prix. Malgré la crise, la solidarité des lecteurs et amis de saint Antoine a tenu bon, au point que chacun, selon ses possibilités, a encore voulu rester aux côtés de ceux qui sont le plus en difficulté : un signe de grande générosité et de confiance. Avec l’aide d’un si grand nombre de personnes, la Caritas Saint-Antoine a pu réaliser 106 projets dans 45 pays du monde, pour un total de 3 812 550 €. La plupart des projets et des dons ont concerné l’Afrique, mais une bonne partie, près de 35 % a été réalisée en Europe. Une contribution importante, près de 20 % du total, a été dépensée pour soutenir ceux qui fuyaient la guerre.
Ce n’est pas un hasard si le projet de juin, réalisé à l’occasion de la fête de saint Antoine, a été entièrement consacré à l’achat de biens et de services de première nécessité pour les réfugiés ukrainiens, distribués par le réseau des Frères Mineurs Conventuels en Ukraine et dans les pays voisins, Pologne et Roumanie en tête.
L’attention réservée à l’Ukraine n’a pas diminué l’engagement des frères envers les réfugiés d’autres conflits en Afrique et au Moyen Orient. 353 000 € ont été accordés pour le soutien des réfugiés de la route des Balkans, notamment pour l’accueil et l’intégration des mineurs non-accompagnés et pour les soins ophtalmologiques et dentaires, qui ne sont normalement pas pris en charge par les protocoles de santé habituels.
Il y a aussi eu une hausse des dépenses en Italie, tout particulièrement celles en faveur des organisations qui prennent en charge les personnes fragiles : les handicapés, les jeunes en difficultés économiques et sociales, les personnes en état de pauvreté. Et cela n’a pas été seulement l’achat de produits de première nécessité, mais aussi une aide à l’installation de panneaux solaires pour rendre les dépenses énergétiques moins lourdes et éviter l’arrêt de certaines activités.
Les villages ruraux au centre
Les grands protagonistes de 2022 sont les communautés qui vivent dans des zones rurales, principalement en Afrique, et qui n’ont pas accès aux services de base tels que la santé, l’éducation et la formation professionnelle. C’est à ce type de bénéficiaires que vont 40,44 % des ressources, pour un total d’environ 1 541 000 €, répartis entre 25 projets à fort impact social. Les réalisations sont nombreuses : du dispensaire aux projets de formation professionnelle, des services de maternité à la création de micro-entreprises, des équipements agricoles aux centres de réhabilitation pour enfants abandonnés, des puits aux panneaux photovoltaïques, etc.
Les bénéficiaires privilégiés restent les enfants, auxquels ont été consacrés 32 projets ; si l’on ajoute à cette catégorie les lycéens et les jeunes en formation humaine et professionnelle, le nombre de projets monte à 55 et les ressources consacrées à la partie la plus jeune de la population arrivent à 44,76 %.
Globalement, les projets approuvés concernent la santé et l’hygiène (30 projets), les écoles (27 projets), la promotion humaine (25 projets) ; viennent ensuite l’accès à l’eau (9) et le logement (8). La plupart des projets et des dépenses concernent la construction de bâtiments : des écoles aux services hospitaliers, des maisons aux toilettes communautaires, des dortoirs aux salles pour les communautés. « Nous sommes l’une des rares organisations caritatives qui subventionnent encore la construction d’édifices – explique le frère Valerio Folli, directeur de la Caritas Saint-Antoine – mais nous le faisons parce que nous sommes convaincus que le développement a besoin d’un minimum de lieux et d’équipements, qui sont plus difficilement accessibles aux populations rurales pauvres. »
En effet, le type de projets qui arrive en deuxième position concerne l’achat de matériel, qui a pratiquement doublé depuis 2021 : mobilier scolaire, matériel médical, ambulances, machines agricoles, générateurs, ordinateurs, aides médicales, lits d’hôpitaux.
La crise a également un impact significatif sur le coût moyen des projets : alors qu’avant la pandémie, environ 61 % des projets valaient moins de 20 000 €, aujourd’hui, seuls 39,68 % restent en deçà de ce chiffre, tandis que la majorité, environ 33 %, coûtent entre 20 000 et 30 000 €.
Cœur missionnaire
Une des caractéristiques de la Caritas Saint-Antoine est qu’elle a pour référents des missionnaires religieux et laïcs de différentes congrégations, organisations et nationalités : « C’est la preuve que la solidarité des frères est une solidarité ouverte, non autoréférentielle, capable de travailler en réseau avec des sujets divers », commente le frère Valerio. Les missionnaires qui ont collaboré aux projets caritatifs des frères en 2022 sont 97 : 40 femmes et 57 hommes, pour la plupart des hommes et des femmes consacrés, mais il y a aussi 15 laïcs, appartenant à des organisations locales ou internationales. Les Frères Mineurs Conventuels, œuvrant dans différents pays, sont 21.
Parmi les anecdotes – qui décrivent toutefois le sérieux et la rigueur de la Caritas Saint-Antoine – il est bien de mentionner que sur les 219 projets analysés, 58 ne répondaient pas aux conditions requises, 55 manquaient de documentation essentielle et 106 ont été financés : « Presque tous les projets approuvés sont menés à bien », conclut le directeur.
L’avenir s’annonce plein de défis : « La guerre en Ukraine, les urgences climatiques et le coût élevé de l’énergie mettent à l’épreuve les pays les plus défavorisés – déclare le frère Valerio Folli – mais ils appauvrissent aussi les groupes les plus faibles en Europe à un rythme sans précédent. Et les plus touchés sont les enfants. Ce sont des aspects qu’il faudra garder à l’esprit en 2023 et dans les années futures, pour cultiver le sens du partage et de la communauté qui nourrit la grande famille antonienne ».