Œcuménisme de paix
On a beaucoup fait état de la proximité du patriarche de Moscou, Cyrille, avec le pouvoir du Kremlin. Au point que certaines déclarations du prélat moscovite en arrivaient à légitimer outrancièrement l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, comme s’il s’agissait d’une « guerre juste » destinée à préserver le monde russe contre la soi-disante dépravation morale de l’Occident.
Cela n’a pas manqué de créer des vagues et des réactions indignées pour des raisons théologiques de la part du Conseil œcuménique des Églises à Genève, et d’aggraver les tensions entre les Églises orthodoxes, beaucoup se distançant complètement de leur grande sœur de Moscou. Sans parler des oppositions avec les Églises gréco-catholiques de rite oriental, toutes condamnant fermement l’agression poutinienne et s’alignant sur la position pacifiante du pape François et de son conseiller pour les affaires extérieures, le cardinal Parolin.
Semaine de prière pour la paix
Durant la prochaine Semaine universelle de prière pour l’unité de tous les chrétiens fixée comme chaque année du 18 au 25 janvier, date de la fête de la conversion de saint Paul, l’apôtre de toutes les nations, nous serons particulièrement invités à faire monter vers l’Emmanuel, prince de la paix, nos intercessions pour que les orthodoxes, catholiques, protestants, évangéliques de Russie, d’Ukraine, d’Europe de l’Est et du monde entier s’engagent de toutes leurs forces et supplications en faveur de la résolution de cet abominable conflit si meurtrier, aux conséquences planétaires pour l’approvisionnement énergétique et la faim des populations.
Nous prierons aussi pour que toutes les Églises répondent au fervent appel du souverain pontife François en faveur de l’apaisement des attaques à coups de missiles, lancé comme chaque premier janvier lors de la Journée mondiale en faveur de la paix, sous le patronage de la Mère de Dieu. Cette exhortation à la réconciliation entre fidèles qui se réclament tous du nom du Christ vaut également pour des pays comme les États-Unis ou le Brésil, où la foi évangélique est instrumentalisée par certains pour exacerber les divisions internes entre clans rivaux, pour aiguiser les aberrations complotistes et pour aviver les atteintes à la démocratie.
Empruntons les chemins de la réconciliation
Il serait impossible en cette année nouvelle, au nom de la Parole de Dieu célébrée le troisième dimanche ordinaire (29 janvier), de ne pas destiner les demandes des baptisés à cette intention décisive pour l’avenir de l’humanité, autant que pour la lutte contre le dérèglement climatique et contre les différentes épidémies successives. Comment le monde pourrait-il croire au Dieu, Père de Jésus Christ, si ceux qui se tournent vers lui s’entredéchirent ? « Que tous soient un comme toi Père et moi nous sommes un », clame Jésus dans son testament laissé aux apôtres après leur avoir lavé les pieds et avant d’entrer dans sa Passion (Jean 17, 29).
Puisse le peuple du Seigneur de toutes les miséricordes emprunter les chemins de la réconciliation spirituelle et politique. Car l’heure est grave, l’embrasement nucléaire menace et l’avenir de l’humanité est en jeu.