En route !
« Les meilleurs jeux pour occuper les enfants quand le trajet est long » ; « 15 idées pour les voyages en famille » ; « Occuper mon enfant pendant les trajets » ; « Comment calmer les enfants en voiture »… Une simple recherche internet fait comprendre que le sujet, loin d’être un simple détail, est crucial. Pour Paul, jeune trentenaire père de deux petites filles de 4 et 2 ans, il est même décisif : « La qualité des vacances dépendra en partie du départ », estime-t-il en confessant en avoir lui-même fait les frais. Entre ceux qui aiment partir à l’heure et les moins pressés, ceux qui font leur valise avec une semaine ou deux minutes d’avance, les préparatifs des grandes vacances sont parfois le théâtre d’étincelles. « Quand on a des enfants, on est toujours bousculés dans notre programme, il y a toujours un biberon oublié, un doudou perdu », constate Paul. Mais cela ne l’empêche pas d’investir les trajets familiaux d’une grande mission : être le lieu privilégié de discussions importantes. « Être dans une voiture, être “coincés” ensemble vers une même direction, nous oblige à nous extraire un moment des affaires du quotidien. C’est un bon moment pour faire un point sur notre vie, pour échanger dans le couple ». Évidemment, concède-t-il, « sur des trajets de 4 ou
5 heures il faut être ingénieux pour garder les enfants sages et sereins ».
Pour Wilma et Gabriel, parents de six enfants, les voyages sont aussi l’occasion de prier ensemble : « Les enfants sont ravis d’animer eux-mêmes les dizaines de chapelet… même si cela ne doit pas s’éterniser ! Ils nous demandent très vite de mettre la musique ».
Les trajets familiaux demandent forcément des compromis : Paul a mis une croix sur ses préférences radio-
phoniques. Adieu émissions de radio culturelles ou politiques, place aux chansons enfantines répétées en boucle. Quoi qu’il en soit, les discussions sont riches : « Les enfants sont assez attentifs et curieux en début de voyage », constate-t-il encore. Paul en profite pour les intéresser aux paysages et aux villages traversés, ou pour leur raconter les histoires de la famille, situant les ancêtres, les cousins dans l’arbre généalogique, faisant finalement de ces voyages un temps de retrouvailles familiales.
« Toujours anticiper »
Alessandra partage son avis. Jeune Italienne mariée à un Anglais, elle réside à Manchester avec leurs deux enfants de 7 et 9 ans, mais les grands-parents, eux, vivent dans la Péninsule, quelque 2 000 kilomètres plus au sud. Traverser la Manche pour rejoindre la Méditerranée est donc une composante des vacances. Pour diverses raisons entremêlées, entre souci écologique et méfiance vis-à-vis du transport aérien, les trajets se font… en train. Il n’est pas rare que le quatuor prenne alors quatre correspondances d’affilée, sur 24 heures. Une odyssée qui apparaîtra à certains comme une gageure. Pour la famille Davies, c’est au contraire un moment de cohésion. « On court toute la semaine entre le travail, l’école, les repas… dans le train, on a vraiment le temps d’être ensemble. J’aime prendre le temps avec chacun », assure Alessandra en posant un regard affectueux sur ses deux fils. Flegmatiques, les parents ont tout prévu : nourriture, gourdes, jeux, matériel artistique varié pour les peintres en herbe…
Pour éviter que les voyages en famille ne deviennent des cauchemars, Diane, mère de quatre enfants de 11 ans à 7 mois, a une règle d’or : « Toujours anticiper ». Expatriée en Italie, la Française connaît fort bien les trajets longue distance, les files d’attente à l’aéroport, les horaires de vol incompatibles avec ceux de sa marmaille affamée ou fatiguée. Diane prévoit « des activités, des choses sympas à manger ». « L’an dernier, se souvient-elle, nous avions choisi ensemble un livre pour chacun avant le voyage ». Elle aime ainsi donner aux enfants une perspective, afin que les heures ne s’égrènent pas dans une attente vide. Pour Diane également, le mode de transport idéal en famille reste le train. « On joue beaucoup, on prend le temps de parler, nos enfants s’épanchent, parlent de leurs rêves d’avenir, de leur future maison, on fait le planning des vacances, on se repose… dans le train tout le monde est disponible, personne n’est pris par une obligation de concentration », fait-elle observer. Et pour les plus contemplatifs, nul besoin d’occupation autre que de regarder défiler les paysages. « Le voyage peut s’écouler de mille façons sans stress pour quiconque », ajoute la mère de famille. Le nec-plus-ultra étant le train de nuit : « Les enfants nous le réclament ! Ils s’émerveillent de tout, des couchettes, des produits de voyage fournis par la compagnie… C’est magique pour eux. On ne dort pas beaucoup mais c’est trop génial, on est ensemble dans la même cabine, c’est l’aventure », s’amuse Diane.
Et le retour de vacances ? « C’est l’occasion de faire un bilan sur ce que les enfants ont vécu, ce qu’ils ont aimé, ou pas aimé, conclut Paul. Idem pour le couple, les trajets sont les moments où l’on peut ouvrir une parenthèse. »