Devenir franciscain aujourd’hui
Plus de 800 ans après l’arrivée des Franciscains en France, des jeunes gens font chaque année le choix radical de les rejoindre. L’an dernier, Le Messager avait rencontré Anselme, jeune homme en année de discernement, et qui parlait de son vœu de rejoindre la famille franciscaine comme d’une « évidence ». Douze mois plus tard, conforté dans son choix, il est désormais au noviciat, à Padoue. « La voie franciscaine s’est imposée à moi, comme un véritable coup de foudre, raconte-t-il. J’avais au fond de moi ce désir d’une vie simple, faite de rencontres, avec des frères qui me soutiennent et avec qui je puisse partager ma joie mais aussi avec le désir d’évangéliser au cœur du monde ».
Comme Anselme, ceux qui font le choix de rejoindre les Franciscains mettent systématiquement en avant cette dimension de fraternité au sein de l’Ordre. « Sans cette fraternité, je ne serais pas là ! », s’amuse Grégoire, un jeune frère. Tout comme le frère Gabriel, qui explique que c’est justement le « témoignage de fraternité » entre franciscains qui l’a convaincu de rejoindre cet Ordre plutôt qu’un autre.
Originaire de Carcassonne, il s’imaginait plutôt professeur de sport et marié, avant que l’exemple de « vie simple et dans la joie » des Franciscains ne le convainque de se « donner au Seigneur ». Et telle est la seconde caractéristique évoquée par tous ceux qui veulent rejoindre les frères : la joie. « C’est vraiment l’élément déclencheur de ma vocation », assure ainsi le frère Grégoire. Les mots sont presque les mêmes chez Anselme. « Après avoir vécu une semaine avec les frères en partageant leur vie de prière et leur vie fraternelle, j’ai décidé d’entreprendre un chemin vocationnel au vu de la joie et de la paix que j’ai ressenties à leur contact. » « Les Franciscains ont cette couleur particulière, une joie qui se retrouve partout », abonde de son côté le frère Joseph, lui aussi récemment passé par le noviciat.
La vocation par l’exemple
Certes, reconnaissent-ils, cette joie n’est – heureusement ! – pas exclusive aux héritiers de saint François. Mais chez eux, elle est particulièrement vivante, grâce à une autre de leurs caractéristiques, sans que celle-ci ne leur soit non plus réservée : le vœu de pauvreté. « Dans le charisme franciscain, souligne le frère Grégoire, la pauvreté est source de joie. C’est ce que saint François a développé et que les frères ont essayé de maintenir et de transmettre. » Pour le jeune frère, ce dépouillement n’est ainsi pas un fardeau lourd à porter, mais est bien au contraire « fécond » car aboutissant à une « joie plus grande ». Il met également en avant que la pauvreté est un « choix radical, donc avec un côté exaltant ».
« La vie franciscaine, c’est vivre l’Évangile pauvrement à la suite du Christ pour recevoir sa joie », approuve le frère Gabriel. « Avant de rejoindre les frères, détaille-t-il, j’avais un bon salaire, de quoi vivre bien avec tous les biens matériels que je souhaitais, mais j’avais une soif en moi qui m’a fait lâcher tout cela pour retrouver une liberté. » Selon le frère Joseph, la pauvreté a ainsi un « aspect motivant, comme style de vie plus sobre, plus simple : cette pauvreté dans la fraternité, permet d’être centré sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le Seigneur, sans se disperser ».
Dans ce chemin vers la famille franciscaine, les rencontres au long de la vie sont souvent déterminantes. « Les Franciscains sont le premier visage d’Église que j’ai connu car la paroisse dans laquelle j’ai grandi était tenue par des frères, se souvient le frère Grégoire. En les voyant vivre, j’ai eu envie de les rejoindre, je ne me suis jamais posé la question d’un autre ordre ou de devenir prêtre diocésain. » « La rencontre avec un frère et son témoignage lors d’un festival de jeunes ont été déterminants, raconte de son côté Anselme. Sa façon d’être, de prêcher et son désir d’évangéliser l’Europe ont fait écho en moi. » Quant au frère Gabriel, il a vu des « signes de Dieu » dans l’exemple donné par des franciscains qu’il côtoyait.
Les trois nœuds
Parmi les rencontres, une a bien sûr une saveur particulière, celle avec saint François, le Poverello. « Avant même de connaître les frères, j’avais été fasciné par la figure de saint François, déjà tout petit en lisant son histoire, s’amuse le frère Joseph. Je voulais donc rencontrer des Franciscains et quand ce fut chose faite dans le cadre de la pastorale des jeunes, le contact fut immédiat. »
Devenir franciscain, soit, mais pour quoi faire ? Vivre en proximité avec le Seigneur, répondent les jeunes hommes à l’unisson. « À la fin de l’année de noviciat, souligne le frère Gabriel, nous recevons l’habit et la corde avec ses trois nœuds qui symbolisent les trois vœux : la pauvreté signifie que le Seigneur est ma seule richesse, la chasteté affirme que le Seigneur est ma joie, et l’obéissance marque que le Seigneur est mon roi. » « L’habit nous enveloppe complètement et montre ce désir d’être consacré complètement au Seigneur », affirme pour sa part le frère Joseph.
Mais cette proximité avec le Seigneur, les jeunes frères n’ont pas fait le choix de la vivre retirés, à l’écart. « J’aime l’expression de saint François qui parlait du monde comme étant son cloître », confie Anselme. Pour ces jeunes hommes, le vœu d’agir au cœur du monde, pour y annoncer la Bonne Nouvelle est en effet également primordial dans le choix de rejoindre les Franciscains. Pour agir, à la suite des frères depuis plus de huit siècles, guidés par le « zèle missionnaire ». C’est ainsi que le frère Gabriel le revendique haut et fort : « Je veux témoigner au monde que Dieu existe et nous aime ».