Les curiosités du monde de Françoise Huguier
La carrière de Françoise Huguier est indissociable du voyage. De l’Asie à l’Afrique, de la Russie à l’Arctique, elle sillonne le globe depuis plus de quarante ans avec forcément, des objets qu’elle a ramenés, fruit de ses multiples rencontres. Au fil des ans, elle a réuni ainsi quelques cinq cents pièces presque toutes liées à la culture et au goût populaire : des tableaux, des bijoux, des bibelots, des affiches de cinéma, des vêtements, de la vaisselle, des masques, des poupées, des tapis, des coquillages... Grands ou petits, spectaculaires ou discrets, ces objets prennent tout leur sens lorsque Françoise Huguier raconte leur histoire. « Ceci, c’est une étoile rouge en tôle que j’ai trouvée sur une tombe dans un goulag de Sibérie. Et cela, une poupée vaudou que je suis la seule à pouvoir toucher. Sinon gaffe à la malédiction ! » Le premier achat, remonte à 1977 à Singapour. « J’ai acquis deux petites soucoupes volantes made in Japan. Je suis de la génération qui a vu Youri Gagarine aller dans l’espace en 1961, puis Neil Armstrong et ses compagnons réaliser le premier alunissage, en 1969. Après ce premier achat, je n’ai plus jamais arrêté. »
Un partage avec le public
Son atelier en région parisienne, est un vrai cabinet de curiosité, son « bazar zoulou » comme elle aime à dire.
« Les objets, c’est quelque chose que l’on voit tout de suite, que l’on peut prendre en main. Les photos, elles, sont rangées soit sur l’ordinateur, soit sous forme de tirages difficiles à manipuler surtout lorsqu’ils sont grands. » Elle voulait donc présenter ces objets au public pour montrer une autre facette de sa personnalité.
Gérard Lefort est co-commissaire de l’exposition. Ensemble, ils ont retenu une centaine d’objets autour de différentes thématiques : « Reliques », « Cuisine », « Chaud », « Masques », « Vaudous », « Froid » et « Images ». Des boîtes de thé chinoises en métal au poncho en peau de renne de Sibérie en passant des masques de Goldorak, des jouets anciens de Birmanie et des assiettes d’Afrique du Sud en fil électrique tressé, cette collection plutôt kitsch peut paraître hétéroclite. De fait ce qui relie tous ces objets, c’est l’insatiable curiosité de Françoise Huguier qui aime chiner pour mieux comprendre les autres cultures.
Prendre le temps
Françoise Huguier a débuté en tant que photographe en 1976. À partir de 1983, tout en collaborant principalement au journal Libération, elle commence un travail personnel qui la fait voyager en Afrique, Sibérie, Japon, Russie, Inde.
Ce qui la caractérise, c’est de prendre du temps. En 1989, elle part pendant six mois sur les pas du Michel Leiris de L’Afrique fantôme. En 1993, elle effectue un voyage solitaire en Sibérie de nouveau pendant six mois.
Mais plus souvent encore, un voyage prépare un autre voyage, ainsi de 2000 à 2007, Françoise a séjourné deux mois par an dans les appartements communautaires de Saint-Pétersbourg. Le parcours de l’exposition est ponctué de photographies et d’interviews de Françoise Huguier pour qui rassembler des objets est une autre manière de « photographier un pays, sa culture, ses rites, ses habitants ».