Permettre à tous d’aller à la messe

Janvier 2016. Emmanuel de Bélizal est en vacances en Savoie. C’est l’Épiphanie. Il cherche la messe la plus proche. « J’étais dans un tout petit village et la messe avait lieu à 25 minutes en voiture de là, raconte ce cadre du domaine bancaire. N’ayant pas de voiture, j’y suis allé en train et suis arrivé trois heures avant la célébration ! Pour le retour, j’ai pris un taxi. »
Quelques semaines plus tard, rentré à Paris, c’est au cours d’une messe que l’idée d’un site de covoiturage, GoMesse, lui vient à l’esprit. « Les églises sont le cœur des villages mais aujourd’hui ce cœur est un peu mis de côté. Il y a de moins en moins de prêtres et donc de messes. Les clochers sont regroupés et il faut faire de plus en plus de kilomètres pour avoir l’Eucharistie. Certains ne le peuvent pas, faute de moyens de transport, de problèmes physiques… Ayant cette idée, je ne pouvais rester sans rien faire. Le concept, avec GoMesse, c’est de permettre le rassemblement dans ces clochers de communautés aujourd’hui disséminées, de les faire revivre. Ce n’est pas la solution, mais une solution parmi d’autres. »

Une attention portée à l’autre
Plus qu’un simple service de covoiturage, Emmanuel et l’équipe de GoMesse souhaitent un service solidaire et intergénérationnel. « Nous sommes dans une communauté et celle-ci doit s’entraider, ajoute Emmanuel. C’est ce que nous sommes appelés à faire en tant que chrétiens. » C’est pour cela que le site est totalement gratuit et qu’une charte a été écrite. Elle précise notamment que le conducteur n’est pas là que pour conduire les personnes mais il peut, suivant leurs besoins, les accompagner jusqu’à leur place dans l’église, à la communion, de ne pas les laisser seules sur le parvis pour aller discuter avec ses amis… « Honnêtement, c’est basique, mais l’esprit de GoMesse c’est l’attention portée à l’autre. »
Un tel esprit invite à ne pas oublier les personnes qui ne sont pas à l’aise avec l’informatique ou qui n’y ont pas accès. Pour cela, le site propose à ses utilisateurs d’inscrire des proches pour eux. Les contacts se font ensuite par téléphone.

Un défi : se faire connaître
Le site n’est pas pour autant réservé aux personnes âgées ou malades mais demeure destiné à tous. « Le diocèse de La Réunion nous a ainsi contactés car ils travaillent à l’évangélisation des jeunes qui ne vont plus à la messe. Mais ceux-ci n’ont pas forcément de véhicule ou de permis et il leur faut donc une solution pour se rendre dans les églises en dehors des villes. »
La principale difficulté de GoMesse aujourd’hui reste de se faire connaître partout, y compris en dehors des clochers. « Les paroissiens sont prêts à se mettre au service, mais s’il n’y a pas de demande en face, ils ne se proposeront plus. » Emmanuel a ainsi pris 18 mois de congé sabbatique jusqu’en novembre dernier pour peaufiner le site et faire le tour de France des diocèses pour s’assurer que chaque clocher puisse relayer GoMesse.
Aujourd’hui, il a repris son travail en 4/5èmes pour consacrer une journée par semaine bénévolement à cette activité qu’il vit comme une mission.