Bilan 2019 : Où va l’aide de la Caritas Saint-Antoine ?
L’année 2019 a présenté deux nouveautés : d’une part, les projets concernant la santé ont été les plus nombreux, d’autre part, les projets où l’on a dépensé le plus sont ceux qui visent le développement humain et économique des communautés. En revanche, l’éducation — l’un des domaines privilégiés par la solidarité antonienne — descend à la troisième place.
« Ceci est engendré par une donnée positive, explique le frère Valentino Maragno, directeur de la Caritas Saint-Antoine. L’accès à la formation scolaire est en train de lentement s’améliorer alors que la possibilité de se soigner, même pour des maladies banales, demeure très compliquée. »
L’excellence du travail de la Caritas Saint-Antoine est confirmée aussi par les données de la Banque mondiale, selon laquelle l’urgence la plus grave de la Planète demeure l’accès aux soins et aux services sanitaires, sur le continent africain tout particulièrement.
L’Afrique subsaharienne enregistre 24 % de la charge des maladies à travers le monde mais ne possède que 3 % de l’effectif mondial des personnels de santé (OMS, 2006) : médecins, infirmiers et sages-femmes. C’est un grand défi pour l’avenir du monde entier car l’Afrique passera de 1,2 milliard d’habitants à 2,5 milliards en 2050 et que le continent a aussi le record des épidémies les plus graves, la maladie à virus Ebola entre autres.
Le compte-rendu de la Caritas Saint-Antoine fait état de cette urgence grâce à bonne connaissance des besoins des missionnaires laïques et religieux, et des congrégations féminines notamment : « Nous nous sommes rendus compte au fil des années, explique le frère Valentino, que souvent ce sont les sœurs qui travaillent à la toute dernière étape des projets de solidarité. Ce sont celles qui travaillent concrètement à l’assistance, aux soins, en contact direct avec les communautés. Elles encore qui gèrent les écoles et les foyers pour les enfants, qui travaillent dans les petits hôpitaux ou cabinets. Nous nous sommes donc adressés aux congrégations féminines pendant l’année 2019 pour lier encore plus étroitement nos interventions aux besoins primaires des pauvres », explique le frère Maragno.
Une bonne partie des 85 projets réalisés dans vingt pays africains sont le fruit de ces contacts. Parmi eux, vingt-trois projets concernant la santé sur un total de trente-trois projets sanitaires dans le monde. Ces projets ne concernent pas que l’achat de médicaments ou d’équipements mais aussi des restructurations et des constructions de rayons d’hôpital, de services maternité, de dispensaires ruraux. Un choix qui a placé l’Afrique au centre de la solidarité antonienne comme jamais auparavant : le continent a reçu 71 % des ressources dont ont bénéficié plus d’1 100 000 personnes. « L’efficacité des projets est due justement au fait d’avoir facilité l’assistance sanitaire mais aussi d’avoir garanti à de nombreuses personnes l’accès à l’eau ou à la possibilité d’avoir des toilettes dans les écoles et dans les structures communautaires : des éléments qui améliorent l’hygiène en limitant ainsi la diffusion d’épidémies. »
Une grande attention, en 2019, a aussi été réservée à ceux que la Caritas Saint-Antoine appelle « projets de promotion humaine » pour lesquels a été dépensé plus d’un million d’euros. Il s’agit de projets s’adressant surtout aux zones rurales pour former les personnes au travail, améliorer le rendement agricole, créer de petites activités familiales, promouvoir la collaboration pour faire face aux problèmes dans une perspective de développement.
La communauté au centre
En regardant les chiffres ci-dessus, on obtient une donnée sans précédent : les bénéficiaires ne sont plus en majorité des enfants ou des jeunes, comme cela arrivait dans le passé, mais les communautés dans leur totalité. « Ceci aussi est dans l’air du temps. Aujourd’hui, on aide le développement mais l’on a une vision inclusive et globale qui vise la croissance de la population dans son intégralité. Ainsi, pour promouvoir des procès d’agrégation et de secours mutuel, nous mettons à disposition des salles multifonctionnelles et nous offrons aux paroisses et aux associations des lieux dans lesquels faire de la formation en plusieurs domaines. » Les chiffres en témoignent : on compte 46 projets s’adressant à la population. Ceux-ci bénéficient de 34 % du montant total.
Il est aussi important de réfléchir sur le genre de projets demandés : 46 % sont des projets de construction auxquels s’ajoute 10 % de projets de restructuration. Ces deux types d’interventions reçoivent l’important chiffre de 2 600 000 euros, presque 77 % du montant total.
« Il s’agit de construction d’écoles, de dispensaires, de puits, de toilettes, de maisons communautaires, de salles multifonctionnelles que les communautés locales ne pourraient pas se permettre, conclut le frère Valentino. À celles-ci s’ajoutent les demandes d’achats d’équipements spécifiques, en particulier dans le domaine sanitaire et agricole. »
Cette année, la Caritas Saint-Antoine a essentiellement fourni des structures coûteuses qui rendent possible les processus de développement. En reprenant une image de l’informatique, c’est comme si saint Antoine avait offert l’hardware, c’est-à-dire la machine, du développement alors que le software, c’est-à-dire les logiciels qui le font fonctionner, sont les communautés rurales accompagnées par nos missionnaires dans les périphéries du monde. Mais le moteur de cette machine, c’est vous, chers lecteurs, qui chaque année permettez à saint Antoine d’accomplir des merveilles dans les coins les plus abandonnés de la Planète.