Réveiller les consciences
Marthe Quinet a 12 ans lorsqu’elle rejette l’Église. « Les messes étaient horribles, ça chantait faux, c’était insupportable », explique-t-elle. Sans parler de gens qu’elle jugeait désagréables. « Quand on est enfant ça nous marque et on n’a pas envie d’y retourner », assure-t-elle.
Si Marthe rejette l’Église, elle ne rejette pas la foi pour autant. « Je croyais toujours en Jésus, mais je ne priais pas, je ne pratiquais plus. Ma foi est devenue morte et je me suis éloignée du Christ. »
À 22 ans, Marthe tombe gravement malade. Les médecins ne pouvaient rien faire, témoigne celle qui finit par ne plus pouvoir marcher. « J’étais en classes préparatoires, tout se passait bien, et là j’ai réalisé que je ne pourrais pas continuer », raconte-t-elle. Elle se tourne alors vers Dieu « pour lui crier [son] désespoir. » Si elle ne guérit pas, sa santé s’améliore et elle peut reprendre ses études. À 33 ans, Marthe est aujourd’hui professeur de français et de latin.
La Parole est vivante
La jeune femme n’est cependant pas épargnée par les idées noires. « Comme je faisais des études de lettres, je m’étais dit que ça pourrait servir et j’avais gardé une Bible », confie-t-elle. Pas pour la lire, mais pour avoir des références.
Un soir où Marthe ne va vraiment pas bien, elle décide de l’ouvrir, au hasard. Elle tombe alors sur cette phrase : « Ne te laisse pas aller à la tristesse, ne te tourmente pas pour tes projets ». (Si 30, 21). « C’est comme si la Parole de Dieu me parlait directement. À ce moment, mes idées noires ont disparu ! J’ai compris que la Parole était vivante, et qu’elle pouvait agir dans ma vie », indique-t-elle. Ce jour-là, explique la jeune femme, elle fait le choix de se tourner résolument vers Dieu.
Pour vivre de cette rencontre personnelle, Marthe s’engage dans l’aumônerie des étudiants de Caen et y découvre d’autres jeunes convertis. Ensemble, ils créent l’association Notre Dame Mère de la Lumière. Depuis, ils vont chaque semaine à la rencontre des sans-abris dans les rues de Caen. Pour leur apporter repas et vêtements, mais surtout pour prier avec eux.
Être vraiment chrétien
« Au début on ne s’attendait pas à ce qu’autant de sans-abris aient la foi », glisse la jeune convertie. Une fois, l’un d’eux lui sourit : « Déjà que l’on n’a rien, si on nous retirait Dieu, on n’aurait plus rien du tout... ».
Avec eux, ils prient et partagent des soirées de louange. Les premiers rangs leur sont même réservés. Pour elle, tous ces pauvres sont « la richesse de l’Église ». Bien souvent, déplore-t-elle, on les regarde de travers. Pourtant, ces sans-abris permettent aux chrétiens de se rendre compte de ce qu’est véritablement être chrétien.
Quand on a des richesses personnelles, confirme le catéchisme de l’Église catholique (CEC), c’est pour pouvoir donner aux pauvres. Si on ne le fait pas, on les vole. Des paroles que la jeune femme juge très fortes.
« Si on regarde l’histoire, les œuvres de charité sont toujours venues principalement de l’Église, constate-t-elle. Il s’agit d’une œuvre d’évangélisation et cela se perd ». Pourtant, voilà au contraire pour Marthe un « formidable terreau d’évangélisation » ! L’Église a donc un très grand rôle à jouer.