Combattant de la vérité
La voix est posée, des rires ponctuent la conversation. À 37 ans, le frère Augustin-Marie est habitué à parler. Cela fait plus de 15 ans qu’il est religieux de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, une communauté de prêcheurs d’inspiration dominicaine.
Augustin-Marie est adolescent lorsqu’il découvre cette communauté via sa revue, Sedes Sapientiae, à laquelle il est abonné. « Sa lecture était une grande fenêtre ouverte sur de nouveaux horizons qui donnaient beaucoup de profondeur à l’existence humaine », se souvient-il.
« Je découvrais aussi une vie religieuse vraiment dédiée à la recherche et à la communication de la vérité. Je trouvais ça, et je trouve toujours ça, extraordinaire. Du coup, quand j’ai su que je voulais être religieux, c’est-à-dire suivre le Christ en l’imitant, je ne me suis pas posé de questions, j’avais trouvé la communauté qui me convenait. »
Aujourd’hui il en est maître des novices, mais aussi aumônier de l’association SOS Chrétiens d’Orient. Son quotidien alterne entre prêches, enseignement, prière et étude. « Toute notre vie, on ne cesse d’étudier. On tâche notamment d’être capables de répondre aux difficultés du temps. Quels sont les problèmes que l’on rencontre aujourd’hui ? Qu’est-ce qui arrête la pensée chrétienne ? Quelles sont les grandes questions que se pose la société ? »
Pour répondre à ces interrogations, le frère Augustin-Marie est allé à la rencontre du mouvement social des Gilets jaunes ces derniers mois. « Ce qui est passionnant, c’est que le prix du pétrole n’a pas beaucoup d’importance, ce n’est qu’une amorce. En fait, le discours derrière est beaucoup plus existentiel et métaphysique qu’on veut bien le croire. D’ailleurs, à chaque fois que nous avons croisé des rassemblements de ce type, nous avons toujours été très bien accueillis, avec une certaine forme d’attente de la part de l’Église. Donc il faut y aller ! C’est trop triste de ne pas savoir répondre par fausse crainte. Ça rejoint le fait que la prédication de l’Église s’est sans doute trop sectorisée depuis un peu plus de 50 ans. On a une prédication plutôt bourgeoise et on a complètement oublié la prédication à certaines catégories de la société. À Paris et dans les grandes villes les paroisses sont pleines. Mais dans les campagnes, et nous sommes en campagne, les églises sont vides. C’est dommage. Et pourtant, il y a de jeunes générations dans ces campagnes. Il y a donc un vrai enjeu et c’est enthousiasmant !
On parle parfois de complexe identitaire, continue-t-il, c’est une évidence. Mais quand on a une foi qui nous dit que l’Homme est la réalité placée au sommet de la Création voulue comme telle et voulue par Dieu, ça change tout ! »
En quittant, il y a 17, ans sa classe préparatoire militaire pour devenir religieux, Augustin-Marie ne baissait pas les armes pour autant. « Par mon engagement religieux, je voulais me battre pour défendre la vérité, l’illustrer, la faire connaître et la faire aimer, mais avec des armes lumineuses comme dit saint Paul : les béatitudes, les dons du Saint-Esprit, les vertus théologales. Tout ce qui est donné par grâce, qui nous transforme et nous renouvelle sans cesse dans le Christ. »