Pour tout chrétien, la vie est une mission
Des congrégations religieuses sont devenues des spécialistes de la propagation de l'Évangile, surtout quand, à partir de la fin du XVe siècle, de nouvelles terres sont accessibles pour la Bonne Nouvelle. Dans les soutes des caravelles des colons chrétiens, les navigateurs entraînent des ordres religieux comme les Franciscains en 1502, les Dominicains en 1510, les Mercédaires en 1519, les Augustins en 1533 ou encore les Jésuites en 1568.
Fondée par saint Ignace de Loyola, la Compagnie de Jésus est dès son origine dédiée à l’évangélisation. L’un des plus illustres jésuites, saint François Xavier, après avoir été envoyé en Extrême-Orient, sera même qualifié d’apôtre des Indes et de patron des missions avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
La mission, une union profonde au Christ
Aujourd’hui encore, il existe des missionnaires comme en témoignent les plus de 200 prêtres des Missions étrangères de Paris (MEP). La plupart du temps envoyés dans les pays d’Asie, ces hommes ont choisi de tout quitter pour passer leur vie dans un pays de mission. Un lieu qui leur est dévoilé lors de leur ordi-
nation diaconale. Faisant leur ce nouveau pays, ils apprennent langues et coutumes pour mieux entrer ensuite en dialogue.
Le père Pierre, 38 ans, est missionnaire à Taïwan. Dans son pays de mission, seul 1 % de la population est chrétien. Ainsi, explique-t-il, « 99 % de la population attend, souvent sans le savoir, cette bonne nouvelle du Christ ». C’est à tous ceux qui ne connaissent pas encore l’Évangile que ce prêtre des MEP veut l’annoncer. Pourquoi ? « Car plus on connaît le Christ, plus on devient bon, plus on devient vrai, plus on devient libre. »
Mais l’annonce de la vérité n’est pas réservée aux premiers apôtres ou aux prêtres missionnaires. Et elle ne se cantonne même pas aux extrêmes confins de la terre. Ceux-ci, avait même insisté le pape François auprès des jeunes dans son message pour la Journée mondiale des missions 2018, sont d’ailleurs devenus très relatifs grâce au monde numérique et aux réseaux sociaux qui « effacent les marges et les distances et réduisent les différences ». « Vous aussi, les jeunes, leur lançait le pontife, par le baptême vous êtes des membres vivants de l’Église, et ensemble nous avons la mission de porter l’Évangile à tous ».
Nos propres pays, terres de mission
Les baptisés sont appelés par le Christ lui-même à devenir missionnaires : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20a). Mais témoigner du Christ signifie en premier lieu se savoir uni au Christ et retirer une paix et une joie profondément ancrées au creux de son âme. La seule joie de parler de Celui qui nous aime, que l’on aime et que l’on retrouvera au terme de notre pèlerinage sur la Terre.
Même en France, en Suisse ou en Belgique nous avons besoin de missionnaires. Et de laïcs notamment ! C’est ce qu’incarne par exemple Anuncio, ce mouvement missionnaire créé en 2008 par un père de famille. Son intuition ? Rejoindre nos contemporains dans les lieux où ils se trouvent pour leur annoncer l’Évangile. Fût-ce sur une plage, un marché ou sur une piste de ski ! Le tout, par des missions d’évangélisation directe.
Le secret pour réussir sa mission
En mission dans les rues de Lyon, en novembre 2017, « Fraternels dans la ville », des franciscains étaient partis deux par deux pour aborder les gens et leur annoncer le Christ. Voici leur secret pour réussir un tel défi.
Avant de partir à la rencontre des inconnus, il faut prier. « Il s’agit de faire un petit acte d’abandon avant de partir en mission », explique le frère Boris Barun. Ne pas de s’appuyer sur d’hypothétiques talents, des capacités ou une certaine aisance oratoire : mais mettre toute sa confiance en Dieu.
Il faut ensuite savoir que chaque rencontre est une surprise, comme en témoigne le frère François-Xavier Bustillo : « On a de tout : des gens bienveillants, d’autres peut-être indifférents ». De l’hostilité ? C’est rare, rassure-t-il, plutôt de la sympathie. Avant la parole, il y a la prédication de la personne : la manière d’être avec son corps. Cela aussi parle, explique un capucin, le frère Éric Bidot.
La spécificité de ce type de mission, enfin, est d’écouter la personne que l’on rencontre et d’être en relation chaleureuse avec elle, insiste un autre religieux, le frère Michel Laloux. Un exemple ? « Avant hier, nous étions le long du Rhône lorsqu’une personne nous interpelle, illustre le religieux. Elle était en train de faire des croquis. On l’a longuement écoutée et elle nous a dit que depuis trois jours, elle se trouvait le long du fleuve mais personne ne s’est arrêté : nous étions les premiers ». Et cela l’a touchée. Il faut donc écouter et regarder. C’est alors que l’on peut entrer en relation avec l’autre pour lui annoncer le Christ.
Depuis le début de son pontificat, le Pape a encouragé les fidèles à devenir missionnaires. Le premier texte important du successeur de Benoît XVI, Evangelii gaudium (2013), a justement été consacré à l’annonce de l’Évangile dans le monde contemporain. C’est-à-dire avec des scénarios et des défis nouveaux : faire face à l’économie de l’exclusion, à l’idolâtrie de l’argent, à la disparité sociale qui engendre la violence ou encore le défi des cultures urbaines. Un appel lancé donc à tous les catholiques et qui exige, selon le Pape, « le don de soi-même dans la vocation qui nous a été confiée par Celui qui nous a placés sur cette terre ».