Une foi visible
« Messieurs les clercs, restez dans vos sacristies ! », demandait il y a quelques années un ministre de l’intérieur. En clair, il demandait que la foi et le fait religieux soient cantonnés dans le domaine strictement individuel, pour éviter qu’ils ne constituent une atteinte dangereuse ou gênante pour la vie de la société. Il est vrai que dans ces moments cruciaux pour la France, en pleine période électorale, on tendrait à utiliser le fait religieux soit comme un repoussoir dangereux, soit comme un moyen commode à utiliser. C’est donc plus que jamais le moment de réfléchir et de faire la clarté sur les racines profondes de notre foi et sur sa place dans la société. Comme croyants au Dieu de Jésus Christ, allons-nous nous résoudre à vivre notre foi et notre religion en dehors du champ de la société, comme une opinion personnelle ou une simple sensation sans incidence dans la vie concrète ? Nous savons bien que l’Écriture, la tradition ecclésiale, ainsi que l’enseignement constant de l’Église nous rappellent qu’une foi déshabillée de sa visibilité et de toute portée de transformation personnelle et sociétale ne peut se concevoir. Les croyants ne peuvent pas être en dehors, pas plus qu’au dessus ou à côté de ce monde : ils en constituent plutôt le ferment de transformation.
Alors, loin d’être des témoins pâles et sans voix, pas plus d’ailleurs que des « guerriers » hautains et intransigeants de la foi, le champ nous est largement ouvert pour être des croyants vivants et agissant avec amour et lucidité au cœur de notre monde. Dieu nous le demande.