Donner un sens aux examens de fin d’année
Du bac aux concours d’école de commerce en passant par les partiels de lettres et le concours de médecine… Les mois qui viennent s’annoncent riches en révisions et copies à rendre pour les lycéens et étudiants. Difficile, alors, de dépasser les stress et la pression, légitime tant qu’elle est équilibrée, des parents, des professeurs, ou du candidat lui-même pour découvrir que cette échéance peut avoir plus de sens qu’un simple laissez-passer pour l’étape suivante.
« Beaucoup de jeunes ont besoin d’être accompagnés à ce moment-là, sur le plan scolaire, mais aussi humain et spirituel », affirme Hélène Blanc, qui participe à l’organisation des « retraites révisions d’examens », taillées sur mesure pour les futurs bacheliers ou candidats sur la magnifique île de Lérins, au large de Cannes, et proposées par Fondacio et la communauté des moines qui vivent sur l’île. Ce cadre idyllique offre les conditions idéales pour « prendre en compte toute leur personne » : l’isolement sur l’île garantit la mise à l’écart des sollicitations et tentations diverses et offre un cadre de nature propice à l’émerveillement et à la concentration. De six à huit heures (selon le choix de chaque jeune) de révisions à heures fixes en laissant son téléphone dans une corbeille à l’entrée de la salle, s’ajoutent d’autres propositions : l’accompagnement de l’équipe d’adultes sur les méthodes de travail, des rencontres possibles avec un moine, des temps de partage très appréciés des jeunes, et un enseignement quotidien, sur le thème de la confiance : « Nous nous sommes rendu compte que les jeunes manquaient souvent de confiance : en eux-mêmes, en l’autre, et en leur avenir, une crise due à plusieurs facteurs : l’air ambiant, qui n’est guère favorable à la confiance en l’avenir, certaines familles, qui mettent sans s’en rendre compte, une pression démesurée, ou encore des expériences douloureuses qui ont laissé des traces profondes. » Dans ce cadre, estime l’organisatrice, il est important, y compris pour ceux qui ne participent pas à ces sessions, que les jeunes tissent des liens entre eux et sachent développer des amitiés riches, qui leur permettent de s’épauler mutuellement. De même que la présence bienveillante d’adultes autres que leurs parents ou leurs professeurs peut aussi se révéler un facteur d’équilibre.
Voir le sens de ces examens est aussi important pour y donner le meilleur de soi-même. Les adultes pourront y aider le jeune, pour qui il est difficile de voir au-delà des examens : « J’ai l’impression qu’ils dissocient beaucoup les examens et le reste de leur vie », estime Raphaëlle Simon, auteur de Imparfaite et débordée, chroniques d’une maman d’aujourd’hui (éd. Salvator) et maman d’un futur bachelier. « Pour eux, la scolarité est une chose, les études supérieures, une autre, et le métier encore une autre, alors que la culture qui nous est transmise nous fait devenir nous-mêmes », développe-t-elle, s’appuyant sur sa lecture de François-Xavier Bellamy, auteur de l’ouvrage Les déshérités, ou l’urgence de transmettre (éd. Plon). Pour autant, la mère de famille voit un avantage à ce « rite de passage », même s’il a tendance à être un peu démystifié aujourd’hui par le contrôle continu et par le nouveau système d’orientation post-bac mis en place en France : « Passer son bac est stimulant pour un jeune, et le met dans des conditions de stress et de travail sur soi qui sont un bon pas pour la vie professionnelle ».
Les examens, un bon exercice pour la vie professionnelle, mais aussi pour la vie spirituelle ! Aumônier des étudiants à Nice, le père Régis Peillon fait le parallèle entre les deux : « En préparant mes examens, j’apprends à dépasser les difficultés qui peuvent s’annoncer, je travaille la vertu de persévérance, je m’exerce à une ascèse qui vaudra pour ma vie de prière, de couple, pour ma vie professionnelle plus tard. » Lui qui est attentif à donner aux jeunes qu’il accompagne des occasions de s’engager dans la vie de la paroisse et de la communauté étudiante, veille aussi à ne pas les surcharger en période d’examens, leur rappelant que leur devoir d’état, à savoir leurs études, est premier. « Je vérifie par exemple, que leur investissement pastoral ne représente pas une fuite. ». Mais il s’assure aussi que les études ne prennent pas une place démesurée dans la vie des jeunes, notamment ceux qui préparent des examens ou concours difficiles : « Il est important d’investir une bonne part de son énergie, de son temps et de ses moyens dans son travail, mais il faut aussi garder un équilibre de vie de prière, ou de vie sociale, même si ces dimensions sont légitimement restreintes pendant un temps. Attention, résume le prêtre, « à ne pas faire du travail une idole, et à garder sa confiance en Dieu ».