Bilan Caritas Saint-Antoine 2016
Une nouveauté est apparue à la Caritas Saint-Antoine, qui ne concerne pas la quantité mais la direction et la qualité de ce qu’elle a réalisé en 2016. Le compte-rendu de cette année révèle une petite hausse du nombre de projets réalisés – 124 contre 121 en 2015 – et une légère baisse du montant total : 2 640 000 € contre 2 853 000 €.
Comme l’an passé, la Caritas Saint-
Antoine a suivi la géographie de la pauvreté et est ainsi intervenue en Afrique surtout (71 projets) notamment dans les régions subsahariennes, et dans les régions rurales d’Asie (26 projets). Ce qui a changé, c’est la façon d’intervenir et le type de bénéficiaire. Pour la première fois, les ressources ont été principalement utilisées pour des interventions de « promotion humaine » (27 % des ressources) et des projets visant l’hygiène et la santé (26 %). À la troisième place, l’école (23,5 %). Il convient d’expliquer quels genres de projets entrent dans la catégorie de la « promotion humaine ». Il s’agit surtout de centres de formation et de salles poly-
valentes. « Nombre de nos projets – explique le frère Valentino Maragno, directeur de la Caritas Saint-Antoine – sont réalisés dans les périphéries et dans de petits centres agricoles isolés de l’arrière-pays, dépourvus de tout, sans routes ni dispensaires médicaux, sans eau ni électricité, sans moyens de transport ni de travail. Ici, les lieux de rencontre sont très importants car ils permettent aux personnes de se retrouver et de chercher ensemble des solutions à leurs problèmes, de recevoir une formation sur les techniques de culture mais aussi sur la santé et sur l’organisation de petits systèmes productifs pour sortir de l’urgence alimentaire ou hydrique.
Le développement rural
Dans d’autres cas, il s’agit de mettre en place une petite économie locale. Par exemple, dans un village du Mozambique, l’aide de la Caritas Saint-Antoine a permis à une association en faveur des enfants de réaliser un projet agricole communautaire. Aujourd’hui, le projet fait travailler 15 familles de paysans et 20 familles de petits commerçants. L’association a acheté deux terrains proches d’un fleuve pour s’assurer l’accès à l’eau même en cas de sècheresse. Elle a ensuite organisé des cours de formation professionnelle avec la participation des écoles supérieures et de l’université. La Caritas Saint-Antoine a participé en payant les frais pour la préparation des terrains, l’achat des semences et des outils. Ce système a aussi réussi à améliorer l’alimentation de 500 enfants et adolescents abandonnés, suivis par l’association. Aujourd’hui, on réinvestit le surplus dans de nouvelles plantes et de nouveaux postes de travail ce qui permet d’augmenter le nombre de bénéficiares.
Les projets communautaires peuvent aussi concerner l’approvisionnement énergétique, par exemple avec la construction de centrales électriques ou d’installations photovoltaïques. « Avoir à disposition de l’électricité change les perspectives, poursuit le père Valentino ; cela permet de réaliser des activités impossibles auparavant et de sauver des vies. » Grâce à la Caritas Saint-Antoine, des maternités et des salles opératoires ont vu le jour en pleine campagne. Il est inutile d’expliquer l’importance d’une telle intervention si simple mais fondamentale.
Parmi les projets, on peut souligner le soutien à des radios communautaires, par exemple Radio Lusamba, dans le diocèse de Kabinda en République démocratique du Congo, qui touche 10 000 personnes : « Ce sont des moyens très importants pour ces endroits où les habitants sont éparpillés sur un territoire très vaste et n’ont pas d’accès à des informations vitales. Les radios communiquent la présence d’un médecin, donnent l’alarme, proposent des solutions, offrent une formation sur la santé ou participent à l’alphabétisation. »
La communauté au centre
Ce genre de projet influence aussi le type de bénéficiaire. Dans ce cas aussi, pour la première fois la majorité des ressources (40 %) a été destinée à des communautés défavorisées des régions rurales. À la deuxième place, nous retrouvons les bénéficiaires habituels de la solidarité antonienne : des enfants et des adolescents (40 projets et 27 % des ressources). La formation professionnelle qui reçoit 9 % des ressources et qui compte 12 projets reste aussi du domaine de l’éducation qui, à tous les niveaux, est incontournable de l’action de la Caritas Saint-Antoine. Ainsi, les projets ne s’arrêtent pas à l’« école » stricto sensu, mais soutiennent différents types de formation.
Pourquoi cette plus grande attention aux projets communautaires ? « Un peu parce que c’est la demande des missionnaires qui a augmenté, un peu aussi parce que nous nous sommes aperçu que ces projets obtiennent les meilleurs résultats pour lutter contre les causes de la pauvreté. Si l’on permet à une communauté de s’organiser, de se former et d’avoir les moyens essentiels, elle construira, petit à petit, son développement. Cela revient à donner plus de confiance aux bénéficiaires, investir sur les personnes pour les rendre protagonistes de leur avenir. » Cette intuition est confirmée par les données du Fonds international pour le développement agricole qui montrent que les 800 millions de personnes qui vivent dans une pauvreté extrême se trouvent dans des régions rurales. Cela signifie qu’agir pour le développement de ces zones et de leurs communautés donnent de grands résultats en termes de réductions de la pauvreté.
Le deuxième grand domaine d’intervention de la Caritas Saint-Antoine est celui de la santé et de l’hygiène. Nous avons ici une confirmation : « Comme l’an dernier, précise le père Valentino, il y a une hausse de demandes de toilettes, surtout pour les écoles et les lieux communautaires. Il y a aujourd’hui une prise de conscience que le respect des standards d’hygiène est fondamentale pour prévenir les maladies. Ce n’était pas ainsi, il y a quelques années. Il était, par exemple, normal de construire une école pour des milliers d’élèves, sans toilettes. » Parmi les projets “santé”, nous trouvons aussi la construction de dispensaires, de pavillons d’hôpitaux de campagne, de salles d’accouchement... »
Ceci explique que 96 % des réalisations de la Caritas Saint-Antoine sont des projets de développement. La plupart des fonds est dépensée pour des constructions et l’achat d’équipements pour des infrastructures de base. On explique ainsi le coût des projets : 34 % coûtent de 10 à 20 000 €, 28 % de 20 à 40 000, rares sont ceux qui dépassent les 50 000 €.
Une solidarité de frontière
La dernière nouveauté : le pays qui compte le plus de projets est la République démocratique du Congo, un des pays les plus riches en matières premières mais avec un taux de pauvreté parmi les plus élevés du monde.
Les périphéries du monde sont l’horizon de la Caritas Saint-Antoine. Ce n’est pas par hasard que les bienfaiteurs, les amis et les lecteurs du Messager ont accueilli avec un fort enthousiasme le projet de juin 2016 que nos frères ont réalisé au Liban en faveur des réfugiés syriens. « Grâce à l’aide de nombreuses personnes, nous avons offert une école et de l’animation aux enfants des camps et nous offrons aux jeunes une formation professionnelle. Nous avons construit un centre Caritas équipé de cuisine et de blanchisserie, cœur de notre aide aux réfugiés et aux pauvres du lieu. »
Où nous mènera la solidarité antonienne cette année ? « Dans d’autres périphéries indiquées par le pape François – conclut le directeur de la Caritas Saint-Antoine – parmi les minorités persécutées, dans des pays frappés par le fondamentalisme. Nous sommes convaincus qu’il est possible de construire la paix par des gestes simples mais concrets : l’aide aux femmes, le dialogue interreligieux, la défense des minorités...»
Projets et ressources par continent
Afrique : 71 projets pour un montant de 1 367 250 €
Asie : 26 projets pour un montant de 690 750 €
Amérique latine : 12 projets pour un montant de 278 700 €
Europe : 13 projets pour un montant de 268 500 €
Océanie : 2 projets pour un montant de 35 000 €
TOTAL : 124 projets pour 2 640 200 €