Pour un carême écologique
Plusieurs campagnes dans différents pays européens, comme en Suisse, proposent un carême écologique sur le thème : « La terre, source de vie, pas de profit ».
Le terme « écologie » est beau. Il vient du grec oikos, la demeure – qu’on retrouve dans « œcuménisme » – et il signifie donc le respect de notre « maison commune », la Terre. L’écologie n’est pas un mouvement politique à la mode, elle constitue une pièce essentielle de la foi chrétienne. C’est ce que clame la magnifique encyclique du pape François Laudato si’ (Loué sois-tu), dont le titre est emprunté à un cantique du Poverello d’Assise et que je vous recommande de (re)lire durant les quarante jours menant à Pâques.
Puisque le Créateur a fait les êtres humains à son image et leur a confié le jardin de la Création, pour qu’ils le gardent et le cultivent – et non l’exploitent et le détruisent (cf. Genèse 1-2) –, nous devons tout mettre en œuvre à notre époque de surexploitation des ressources naturelles et de dérèglement climatique dû aux excès de la consommation humaine, pour qu’au niveau mondial se vive une prise de conscience globale – comme à la Conférence de la COP21 à Paris en décembre 2015 – et que se mettent en place des réglementations permettant de sauvegarder l’avenir de la Terre.
Selon le souverain pontife, il s’agit d’une écologie « intégrale », c’est-à-dire d’un sursaut de l’ensemble des hommes et femmes de bonne volonté – auxquels son texte s’adresse d’ailleurs – et d’un acte spirituel de la part des chrétiens et des croyants de toutes les traditions religieuses, suscité par la solidarité planétaire, le respect des plus pauvres et la justice intergénérationnelle. Quelle planète allons-nous laisser à nos descendants ? Que voilà un thème de méditation et un objet de conversion au quotidien, durant le carême, porté par le partage, la prière et le jeûne : moins consommer, notamment de viande, c’est diminuer les quantités d’énergie nécessaire à la produire ; c’est laisser la terre au repos, ainsi que le préconisait déjà la tradition du Jubilé biblique (cf. Lévitique 26) ; c’est vivre une « sobriété heureuse », si fortement inscrite dans la perspective scripturaire.
L’écologie naturelle ne va pas sans recherche de la paix et de la justice sociale mondialisée, ajoute le Pape, ni sans hygiène personnelle de vie. Ce sont donc toutes les dimensions de la personne qui sont convoquées dans sa mise en œuvre.