Faut-il croire aux miracles ?
Les miracles existent encore aujourd’hui ! Cette affirmation du pape François permet d’avancer le cœur net et serein ! Miracles, prodiges, signes… Que recèlent ces termes nous éloignant parfois de la vie concrète ? Un miracle est un événement extra-
ordinaire, inexplicable, une manifestation surnaturelle du divin. Croire aux miracles, c’est croire que Dieu peut intervenir dans nos vies par des manifestations exceptionnelles, au-delà du naturel. Les miracles confortent-ils alors la foi des croyants ? Pour le philosophe français Fabrice Hadjadj, « le miracle n’est pas là pour nous faire vivre des choses extraordinaires, mais pour que nous vivions extraordinairement les plus ordinaires des choses ».
Le premier miracle connu par l’homme ne serait-il pas la Création ? Le réalisons-nous vraiment quotidiennement ? Relisons le miracle de l’Exode, dans l’Ancien Testament, modèle de l’intervention de Dieu pour sauver son peuple. Enfin, les plus grands miracles pour l’Église sont, à n’en pas douter, la résurrection du Christ et l’eucharistie. Dans son encyclique Mysterium Fidei (1965), Paul VI a qualifié l’eucharistie de « mode de présence supérieur aux lois naturelles et qui dans son genre constitue le plus grand des miracles ». L’Église assure que « le Christ ne se rend présent dans ce sacrement que par la conversion de toute la substance du pain au corps du Christ et de toute la substance du vin au sang du Christ ». La transsubstantiation, poursuit Paul VI, fait qu’ « il n’y a plus le pain ordinaire et la boisson ordinaire, mais le signe d’une chose sacrée et le signe d’un aliment spirituel ». Seule la foi permet d’entrer dans le mystère eucharistique.
Prière et foi
Pour obtenir des miracles, selon le pape François, il faut prier avec le cœur, avoir « une prière courageuse qui lutte pour arriver au miracle », une prière humble et forte. Les Évangiles nous racontent de nombreux miracles : Jésus marche sur l’eau, expulse les démons, multiplie les pains, guérit des sourds-muets, des aveugles, etc. L’évangéliste Matthieu raconte, parmi bien d’autres, la guérison de ces deux aveugles en accentuant sur leur foi et leur confiance en Dieu. En effet, les aveugles crient à Jésus : « Prends pitié de nous, fils de David ! ». Jésus leur demande alors : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » et d’un même cœur, les deux aveugles répondent : « Oui, Seigneur. » Alors Jésus leur touche les yeux et leur dit : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! ». Les yeux des aveugles se sont alors miraculeusement ouverts.
Signes de la présence de dieu
Un miracle est clairement un signe de la présence de Dieu accompagné souvent d’un prodige tangible comme une guérison inexpliquée ou la présence des stigmates que certains saints – comme Padre Pio ou saint François d’Assise – avaient reçues. Pour le secrétaire de la Congrégation pour les causes des saints, Mgr Marcello Bartolucci, « l’Église a toujours été convaincue que dans les miracles des saints il y a le « doigt de Dieu » qui ratifie, si l’on peut dire, le jugement humain sur la sainteté de leur vie. » Historiquement, les miracles ont toujours été un argument décisif pour la canonisation, mais le miracle n’est pas pour autant une preuve de sainteté. La foi et la prière font des miracles, mais nous devons y croire et nous éloigner des considérations habituelles de cause à effet. L’incrédulité, c’est « le cœur qui ne s’ouvre pas, le cœur fermé, le cœur qui veut tout avoir sous contrôle », déplore le pape François. En revanche, dans un miracle, l’intervention divine, le plus souvent discrète, vient pour fortifier notre foi.
À l’écart
Saint Marc décrit en détails une scène de guérison miraculeuse de sourds-muets (Mc 7, 31) : « Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : “Effata !”, c’est-à-dire : “Ouvre-toi !” ». Benoît XVI avait commenté ce miracle en précisant que Jésus voulait que la guérison ait lieu « à l’écart, loin de la foule », avant de poursuivre : « Cela ne semble pas être dû seulement au fait que le miracle doit être caché aux personnes, afin d’éviter de susciter des interprétations limitatives ou déformées de la personne de Jésus. Le choix d’emmener le malade à l’écart fait en sorte qu’au moment de la guérison, Jésus et le sourd-muet sont seuls, liés dans une relation particulière. Par un geste, empreint d’intensité et d’attention, le Seigneur touche les oreilles et la langue du malade, c’est-à-dire les lieux spécifiques de son infirmité ». De même, après la guérison des aveugles, Jésus leur avait demandé, « avec fermeté » que « personne ne le sache ». Cette réponse de Jésus confirme que le miracle est très souvent associé au silence et à l’intimité.
Dons des saints
À la suite de Jésus, tant de saints ont été des intermédiaires pour obtenir des miracles. Saint Charbel (1828 -1898) fut surnommé « le saint des prodiges ». Les guérisons de maladies incurables faites par l’intercession de ce saint libanais se comptent par dizaines de milliers. Certaines de ces guérisons se rapportent au corps, mais les plus importantes touchent l’âme, car ce qui compte dans le miracle est de trouver ou retrouver Dieu.
Saint Antoine de Padoue est aussi connu comme étant un thaumaturge et fut appelé « le saint aux miracles ». Parmi ceux-ci, figure celui du pied rattaché à un jeune homme qui se l’était tranché. Si les miracles sont parfois un stimulant pour la foi, n’oublions pas ces mots de l’Évangile : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » !