Foi et raison

Directeur de cabinet du cardinal Barbarin à Lyon, Pierre Durieux est passionné par la question de l’acte de foi. Après 25 ans de réflexion, il les résume dans un livre parce que, « passer du statut de non-croyant à celui de croyant est un bonheur sans égal ».



Issu d’une famille catholique, baigné dans le scoutisme dès son plus jeune âge, Pierre Durieux a 14 ans lorsque l’un de ses cousins lui pose cette question : « Pourquoi crois-tu ? » Une question qui le met face à ses responsabilités.

« Saint Pierre dit : “Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance que vous avez reçue”. Et ce jour-là, il faut bien reconnaître que quoique catholique pratiquant, j’étais infichu de lui formuler le commencement d’une réponse, se souvient Pierre Durieux. J’ai gardé cette question et c’est vrai qu’elle m’a longtemps habité, presque hanté, comme quelque chose qu’il fallait travailler. Elle explique d’ailleurs en partie le choix de mes études en philosophie et de mon mémoire, Raison et foi chez Thomas d’Aquin et Pascal. »

Cette quête de réponses va l’accompagner sur son chemin de foi. « Je ne peux pas dire que j’étais devenu incroyant, par exemple je n’ai jamais renoncé à une pratique régulière, mais je pense que j’ai eu un certain nombre de moments d’incrédulité où vraiment je cherchais. Je me souviens d’une ou deux retraites où c’était devenu tellement compliqué que je disais au Seigneur : “Si tu existes, donne-moi un signe !” »

Aujourd’hui, à quarante ans, Pierre peut enfin répondre à son cousin. « La foi, c’est bien différent du contenu de la foi, qui est très bien présenté dans le Credo. La foi c’est un acte libre qui a tout un tas de résonnances dans notre humanité et plusieurs dimensions que sont l’intelligence, la volonté et le cœur. »

Trois thématiques qui composent la structure de son livre, La méthode simple pour commencer à croire, et correspondent aussi aux seuils franchis par Pierre pour trouver sa réponse. « Toutes mes années de philosophie correspondent un peu à la première partie du livre, c’est-à-dire qu’il y a des signes qui sont perceptibles par la raison et qui font qu’une intelligence éveillée, curieuse, peut recevoir des signes que Dieu donne de son existence. La foi, c’est ensuite un choix, et je me rends compte que je l’ai surtout vécu à travers les retraites et les exercices de saint Ignace que j’ai suivis. Et puis la troisième partie concerne le cœur, et les canaux par lesquels coule habituellement la grâce. Et ça je l’ai vraiment découvert aux côtés du cardinal Barbarin, à travers ses enseignements sur la prière. En acceptant de rentrer dans une logique de prière comme une écoute. »

Pour Pierre, le fait qu’il soit difficile de répondre à la question tient au fait que « les raisons de croire, les mobiles de la foi, ont été sciés, cachés ou oubliés ». L’occasion de faire un portrait réaliste de l’Église de France. « Il y a 35 ans on comptait 1 000 prêtres à Lyon, seulement 400 aujourd’hui. Il y a un examen de conscience que l’on peut tous faire. Pas pour dire qu’on a raté. Mais regarder comment Jésus a procédé pour se révéler. Et je trouve qu’aujourd’hui on fait quand même bien autre chose. Moi le premier… »

Revenir aux raisons de croire et de le choisir, voilà l’objectif de Pierre. Des raisons qui lui ont évidemment permis de répondre à son cousin. « Je lui ai envoyé le premier livre. Je n’ai pas encore de retour. Mais j’ai mis 25 ans pour lui répondre, il peut bien en mettre 50 ! » 



Les clés du Royaume sont sous le paillasson

« La méthode simple pour commencer à croire n’est ni un témoignage, parce que s’approprier le témoignage d’un autre sur la question de la foi est difficile, ni un essai, parce que je ne voulais pas faire un énième traité de philosophie abstrait, difficile, aride. Je voulais un livre simple, peu coûteux et rapide à lire, qui énonce des éléments facilement compréhensibles qui permettent de poser un choix. Il y a sept ans j’ai arrêté de fumer grâce à La méthode simple pour en finir avec la cigarette d’Allen Carr. Un livre qui permet de s’approprier la décision d’arrêter de fumer. Le style, l’angle, me semblaient intéressants. Avec mon livre, je veux donner des clés pour que ceux qui cherchent puissent trouver une, deux, trois prises, et commencer à croire. Quant au sous-titre, Les clés du Royaume sont sous le paillasson, il résume l’idée principale, Dieu est à la bonne distance. Plus proche de nous, il nous aurait écrasés, et contraints dans notre liberté, plus loin on L’aurait complètement oublié. »

 

La méthode simple pour commencer à croire, éd. Artège www.commencer.fr