Cathos et écolos
Certaines familles n’ont pas attendu l’encyclique du pape François pour prendre très au sérieux le respect de la nature et de la Création. Rencontre avec des catholiques qui veulent que leur descendance puisse bénéficier des ressources que la Terre a à leur offrir.
Alain et Emmanuelle avaient de bons postes dans les ressources humaines et des salaires confortables. Ils envisageaient l’achat d’un pavillon. Mais leurs deux licenciements les ont lancés sur un nouveau chemin, qu’ils ne laisseraient aujourd’hui pour rien au monde. Depuis 2006, ces parents de trois enfants se sont installés en pleine campagne, dans le nord de la Vienne, où ils ont acheté une ferme.
« Nous avons mis à profit cette période de transition pour réfléchir, témoigne Alain, et j’en ai conclu qu’il fallait que je revienne à moi-même par les chemins les plus simples : ma première responsabilité était de nourrir mes enfants, je me suis donc tourné vers la culture ». Revenus à la terre, ils y cultivent fruits et légumes selon la pratique de la permaculture, une méthode de conception d’habitats humains et de systèmes agricoles qui vise à tirer le meilleur de la nature tout en la respectant, afin d’assurer l’avenir de la terre et la subsistance des générations à venir. Le choix n’allait pas forcément de soi pour ces citadins a priori peu familiers de la vie à la ferme, mais qui s’est trouvé en cohérence, non seulement avec leurs convictions humaines et économiques, mais avec leur foi : « Notre vie se rapproche de la vie monastique, témoigne le père de famille. Je ne me sens pas très loin de l’expérience de méditation que j’ai pu faire en faisant des retraites ».
Choix de vie radicaux ou attention marquée dans leur vie quotidienne, ils sont de plus en plus nombreux à faire rimer foi chrétienne et écologie. « C’est pour moi une évidence », témoigne Sabine : « le respect de la planète, de ses ressources, des hommes comme des plantes et des animaux, c’est la base de ce qui est dit dans la Genèse ». Avec Guillaume, son mari, et leurs trois enfants, en centre-ville de Bourges où ils vivent, ils sont attentifs à la provenance et au mode de production de ce qu’ils mangent, évitent les produits toxiques pour le ménage et le jardin, se soignent au maximum avec les médecines douces et privilégient la marche à pied à la voiture. Et ils cherchent à transmettre, par leur exemple, le respect de la Création à la génération suivante : « Les enfants nous poussent à être cohérents », reprend la mère de famille, qui estime que « bien des notions leur sont transmises en plantant avec eux des fleurs, des légumes ». Son mari Guillaume, sensibilisé à la question par son passé scout, sa jeunesse à la campagne et ses études de géographe, se dit effrayé par la perspective de l’amenuisement des ressources naturelles, l’augmentation de la pollution et des maladies, les déchets nucléaires… À l’instar du colibri du philosophe Pierre Rabhi, essayiste et agriculteur biologique, grand défenseur des ressources naturelles et inspirateur de nombreux « écolos », il tente de faire sa part à travers la « plantation de fruitiers, de haies, d’arbres pour les générations futures, pour avoir de la nourriture locale ».
L’écologie, Lucie Gallineau est tombée dedans quand elle était petite, avec un grand-père pionnier de l’agriculture « bio » dans le Lot, suivi par ses propres parents. Avec son mari Sébastien et leurs cinq enfants, ils ont repris la ferme d’un oncle célibataire, où ils élèvent des brebis et cultivent de quoi les nourrir, après leurs premières années de mariage en appartement, avec des métiers plus classiques, elle a le sentiment que leur vie s’est unifiée : « Alors qu’avant, nous avions grand besoin de nos cinq semaines de vacances, nous supportons très bien de ne partir qu’une semaine par an, notre vie est plus équilibrée ». Pour elle, l’écologie a un retentissement humain : « Mes parents accueillaient des toxicomanes venus réapprendre à vivre au contact de la nature : j’ai vu à quel point cette vie permettait de reconstruire des gens blessés par la vie. » Pour ses enfants, le contact avec la nature est très pédagogique : « Ils passent beaucoup de temps dehors, et deviennent plus autonomes. En voyant les bêtes naître, tomber malades, mourir, ils sont en contact avec des choses concrètes, dans un monde où tout est virtuel. » Mais il est aussi bénéfique sur le plan spirituel : « C’est une manière de vivre plus près de Dieu. Les premières leçons de caté parlent de la Création, c’est plus parlant quand on peut contempler tous ensemble les étoiles le soir ! Et puis, la vie exigeante de la campagne laisse moins de temps pour l’oisiveté, pour dire du mal des autres… »
Catho et écolo, il en existe donc, même s’ils se sentent un peu seuls : « le recoupement de ces deux groupes aux identités fortes n’est pas si fréquent mais ça me paraît étonnant », estime Sabine. Et son mari de renchérir : « Le catho devrait logiquement être écolo s’il veut être respectueux de la Création divine dans la sauvegarde de la vie. Il doit être exemplaire dans la sauvegarde de ce qui nous fait vivre. » Quant à Alain, « Nos idées ne sont pas bien reçues dans notre paroisse, déplore-t-il. Voulant s’engager sur le plan politique, il s’est aussi trouvé pris en tenaille « entre libéralisme économique d’un côté et convictions libertaires de l’autre : il est difficile de ne pas être marginal ». Et si le plaidoyer du pape François pour une « écologie intégrale » faisait bouger les lignes ? C’est en tous cas ce qu’en attend Alain, qui caresse l’espoir de monter un groupe de réflexions sur l’encyclique dans sa paroisse.
Jeunes et foi : Un tour du monde au service des Foyers de Charité
C’est un voyage de noces original que se réservent
ces deux tout jeunes mariés : le 11 octobre, Alexandre et Domitille, 26 et 23 ans, s’envoleront pour un tour du monde exotique, mais surtout spirituel et humanitaire. Ces deux anciens étudiants à l’Institut Albert-le-Grand (Ircom) d’Angers, ont aussi en
commun d’avoir fréquenté les Foyers de Charité, ces communautés fondées par Marthe Robin et composées de chrétiens, célibataires ou en couple, et de prêtres, qui se sont engagés à vie au service de l’évangélisation par le biais de retraites spirituelles. En se mariant, ils avaient à cœur de donner leur première année de mariage pour un projet qui serve Dieu. En Afrique, puis en Asie et en Amérique du Sud, ils visiteront douze de ces foyers, pour une mission bien particulière : favoriser la mise en place de jeunes volontaires dans les foyers visités : épaulés par toute une équipe de professionnels et de membres de foyers, ils accompagneront la réflexion des foyers visités quant à l’accueil de volontaires, recenseront avec eux les missions
de volontariat potentielles, et réaliseront une communication à destination des jeunes candidats au départ sur les conditions de vie de chaque foyer.
À suivre et à soutenir sur www.resplandor.fr.