Familles, entourez vos prêtres !
S’ils ont été marqués d’un sceau qui les conforme d’une manière toute particulière au Christ, les prêtres n’en sont pas moins des hommes, heureux de partager des moments simples et décontractés avec leurs amis. Que les familles chrétiennes n’hésitent pas à les entourer de leur affection, avec discernement et générosité.
« Toutes les semaines, nous avons au moins un prêtre à dîner, si ce n’est plus », témoigne Juliette de Sauveboeuf, mère de famille et membre de la communauté de l’Emmanuel. Amis de longue date qui se sont tournés vers le séminaire, prêtres rencontrés dans leur paroisse ou lors de vacances dans des communautés religieuses, Juliette et son mari Emmanuel ont noué avec de nombreux prêtres de vraies relations d’amitié. Certains sont parrains de leurs enfants, et ils partent facilement en vacances avec l’un d’eux. Dans cette famille, pas de manières, tout membres du clergé qu’ils soient, les amis prêtres mettent la main à la pâte pour le dîner, skient et jouent au tennis avec eux, font des blagues avec les enfants, et parlent de tout et de rien avec leurs parents. « Ils nous disent que ça leur fait du bien, reprend Juliette, les prêtres ont besoin de relations simples et fraternelles ».
Aujourd’hui où ils sont moins nombreux et où leur engagement radical tranche avec l’air du temps, nombreux sont ceux – y compris parmi les chrétiens – à qui le prêtre apparaît comme une personne un peu lointaine, qu’ils ne savent pas comment aborder. Un embarras qui, sans que leurs paroissiens ne le soupçonnent, peut faire souffrir certains prêtres, surtout lorsqu’ils vivent dans la solitude imposée par des paroisses de plus en plus étendues, qu’ils sont loin de leur famille, ou que celle-ci ne partage pas leur foi. « Souvent, les chrétiens sont soit trop cléricaux, et manquent de simplicité à son égard, soit trop méfiants à l’égard du clergé ». Pourtant, « ce n’est pas parce qu’ils sont transformés ontologiquement par le sacrement de l’ordre, qu’ils ne sont pas humains. Nous avons un immense respect, et une attitude filiale et respectueuse du mystère qu’ils vivent, reprend Juliette, ce qui ne nous empêche pas d’avoir avec eux des relations simples et fraternelles ». Aux yeux de la jeune femme, c’est aussi le désir commun de la mission qui donne une saveur particulière aux relations entre prêtre et familles chrétiennes.
Lors d’une rencontre à Ancône avec des prêtres et des familles en 2011, Benoît XVI avait invité les uns comme les autres à s’encourager dans leurs missions respectives, qui s’appuient sur le même fondement : « Ces deux états de vie ont, en effet, la même racine dans l’amour du Christ, qui se donne pour le salut de l’humanité; ils sont appelés à une mission commune : celle de témoigner et de rendre présent cet amour au service de la communauté pour l’édification du Peuple de Dieu […] La famille est le lieu privilégié de l’éducation humaine et chrétienne et demeure, dans ce but, la meilleure alliée du ministère sacerdotal ; elle est un don précieux pour l’édification de la communauté. La proximité du prêtre avec la famille, à son tour, l’aide à prendre conscience de sa réalité profonde et de sa mission, en favorisant le développement d’une forte sensibilité ecclésiale ».
Les prêtres ont besoin des familles, déclarait en 2009 Mgr Mauro Piacenza, alors secrétaire de la Congrégation pour le clergé au magazine Famille Chrétienne1 : « Jésus lui-même a fréquenté des familles, celle de Béthanie par exemple, et il semble y avoir été heureux. […] Le prêtre doit sentir qu’on a besoin de lui pas seulement pour les sacrements. Il faut faire attention à ce qu’il ne soit pas réduit à être un « distributeur de sacrements ». Bien sûr, les sacrements sont essentiels dans la vie d’un prêtre. En particulier l’eucharistie, qui lui est liée de façon indissociable et qui est à la fois source et sommet de la vie de l’Église. Il doit donc dispenser les sacrements et le faire de la façon la plus pastorale possible. Mais sa paternité ne s’y limite pas. Il n’est pas seulement celui qui dit la messe, qui donne l’absolution et l’extrême onction... Il est aussi un père à qui l’on parle, à qui l’on ouvre son cœur, qui écoute, qui conseille, qui réconforte et qui oriente. Il a besoin de sentir sa paternité aussi à ce niveau. »
Attention cependant à préserver la juste distance et la chasteté que requiert l’état de vie des prêtres : « J’ai bien sûr des amis très proches, et je m’appuie beaucoup sur ma propre famille, témoigne le père Loïc Jaouannet, jeune prêtre du diocèse de Bourges. En ce qui me concerne, je me méfie d’être trop proche d’une famille, si je me rends compte que cela met en danger mon rôle de pasteur, en particulier dans ma paroisse ». De leur côté, les Sauveboeuf sont toujours attentifs à préserver l’intimité des prêtres qu’ils reçoivent chez eux.
À ceux qui ne savent pas comment soutenir leurs prêtres, Juliette expose les deux règles de vie que sa famille s’est données et qui priment sur toute autre initiative : « Nous veillons à ne jamais critiquer les prêtres. Nous avons à les aimer comme ils sont. Ils ont besoin d’être aimés et non d’être jugés. Et puis, en famille, nous prions chaque jour pour les prêtres. C’est la base » n
1 23/06/2009. Depuis, Mgr Mauro Piacenza est devenu préfet de cette Congrégation, avant d’être nommé en 2013 pénitencier majeur.
Le rosaire, école de prière
Le rosaire, une prière réservée aux plus âgés ? Ce n’est pas la conviction de
Clotilde d’Escayrac. Jeune infirmière
de 24 ans, cette jeune catholique lyonnaise a entrepris, il y a huit ans, avec quelques amis de la faire découvrir aux jeunes de son âge. Au sein de son équipe des Missionnaires du Rosaire Vivant, ils sont plus d’une vingtaine de 20 à 25 ans à s’être engagés à réciter chaque soir une dizaine de chapelet, de sorte qu’un rosaire entier est dit chaque soir par l’équipe aux intentions du pape, du cardinal Philippe Barbarin de l’Église et du monde. Pour porter leur engagement, ils se retrouvent deux fois par mois pour un chapelet médité devant le Saint-Sacrement
et un enseignement de leur aumônier l’abbé Laurent Spriet.
Il faut dire que la prière du Rosaire est une spécialité spirituelle de la capitale des Gaules : c’est là que la vénérable Pauline Jaricot institua à la fin du XIXe siècle les groupes du Rosaire Vivant,
dont cette équipe de jeunes lyonnais revendique la filiation.
À vingt-deux ans, cette jeune laïque consacrée lyonnaise organise des groupes de quinze personnes, chacune s’engageant à prier une dizaine du Rosaire en méditant le Mystère qui lui est attribué par tirage au sort, chaque mois. À sa mort en 1862, le Rosaire Vivant compte plus de 150 000 équipes, soit 2 250 000 inscrits.
La jeune femme, dont la vie spirituelle se nourrit de la prière du chapelet, aime citer le pape Pie IX : « Grande est la force d’une armée qui tient en main non l’épée, mais le Rosaire. »
« C’est une prière simple, pauvre et belle, continue-t-elle :
quand je médite les mystères, c’est comme une maman
qui nous raconte une histoire, celle de son Fils ».
De son côté, l’abbé Laurent Spriet se dit convaincu que la prière du rosaire, bien au-delà de la récitation en boucle du Je vous salue Marie, est une véritable école de prière et de foi pour les jeunes. « Petit à petit, ils apprennent à prier, et entrent dans une intimité plus profonde avec le Christ et avec Marie. Je vois
les fruits que porte cette prière sur la vie spirituelle des jeunes ».
Clotilde, elle, ne compte pas en rester là. Convaincue qu’il existe une réelle demande parmi les jeunes, elle réfléchit à la fondation d’autres équipes en France.
Inscription et renseignements : Clotilde +33 (0)6 19 54 26 97