Dignité du mourant
A l’occasion de sa dernière Assemblée, fin février, à Rome, l’Académie Pontificale pour la Vie organisait un congrès sur les questions liées au malade incurable et au mourant. Lors de l’audience accordée aux membres de ce congrès, le pape Benoît XVI a rappelé : « une fois encore, la condamnation éthique ferme et constante de toute forme d’euthanasie directe, selon l’enseignement pluriséculaire de l’Eglise ».
Sous l’égide de l’Académie pontificale pour la vie, des spécialistes du monde entier se sont réunis au Vatican les 25 et 26 février derniers pour réfléchir aux questions de la fin de la vie à travers des approches scientifiques, anthropologiques, éthiques et déontologiques.
Inquiet de « la sécularisation face à la douleur, à la souffrance et à la mort », le Président de l’Académie pour la Vie, Mgr Elio Sgreccia, évoquait, en présentant la rencontre, ce temps « où la fragilité humaine est éprouvée en profondeur » et « aggravée par la solitude et la souffrance ». Il soulignait à ce propos l’importance de la vision chrétienne, au moment où « l’organisme physique se détruit » et où « la vie du sujet prend fin mais cherche une ouverture » sur « la vie éternelle ».
Les limites de la thérapie
L’objectif du congrès était de « définir ce qui est licite et ce qui ne l’est pas dans le domaine thérapeutique » en vue de « clarifier avec équilibre et précision, autant que possible, les limites de la thérapie et de l’aide au malade incurable et au mourant ».
Rappelant que l’Académie pontificale pour la vie avait abordé ces thèmes en 1999
et 2004, Mgr Sgreccia a justifié ainsi la convocation de ce troisième congrès sur la fin de vie : « Aujourd’hui, l’euthanasie est entrée dans le champ légis-
latif. Elle a été légalisée en Hollande, en Belgique, dans l’Oregon (Etats-Unis), et les pressions sont fortes pour poursuivre cette légalisation qui se fonde sur le droit à l’autodétermination du patient. »
Mais il importe de ne pas confondre respect de la vie et acharnement thérapeutique, comme l’a expliqué
Mgr Maurizio Calipari, théologien moral de l’Académie pontificale pour la vie : le patient au stade terminal de sa maladie « n’a pas seulement le droit de refuser l’acharnement thérapeutique, dans certains cas, c’est un devoir. Dans tous les cas, renoncer à l’excès des traitements ne constitue pas en soi une forme d’euthanasie ».
Une solidarité concrète
Pour aider les familles à accompagner leurs proches, le Pape souhaite que la société les soutienne : alors que, pour une naissance, les parents ont des droits spécifiques pour s’absenter de leur travail, a souligné le Saint-Père, « les mêmes droits devraient être reconnus aux proches au moment de la maladie d’un parent en phase terminale ». Cette « solidarité concrète de tous et de chacun » constitue, selon lui, « un des défis les plus importants de notre époque ».
Benoît XVI a aussi déclaré que la société doit « assurer un soutien convenable aux familles qui veulent s’engager à garder à la maison, pour des périodes relativement longues, des malades touchés par des pathologies dégénératives (cancéreuses, neuro-dégénératives, etc.) ou qui ont besoin d’une assistance particulièrement lourde ».
Au cours de cette intervention, le Pape a requis « le concours de toutes les forces vives et des responsables de la société civile » pour venir en aide aux mourants, soulignant aussi que « la synergie entre l’Eglise et les institutions » était « particulièrement précieuse pour assurer l’aide nécessaire à la vie humaine lorsqu’elle est fragile ».
Non à l’euthanasie
Constatant que dans les grandes villes, on rencontre de plus en plus souvent des personnes âgées et seules « même au moment de maladie grave et de mort prochaine », le Pape s’est dit inquiet : « Dans de telles situations les pressions d’euthanasie sont plus intenses, surtout lorsqu’on évoque une vision utilitariste de la personne. » Et Benoît XVI a donc tenu à rappeler une fois encore, « la condamnation éthique ferme et constante de toute forme d’euthanasie directe, selon l’enseignement pluriséculaire de l’Eglise ».
Déjà, en novembre 2007, Benoît XVI avait prévenu le monde médical et politique contre « la tentation de l’euthanasie ». Citant Jean-Paul II, il affirmait qu’elle était « l’un des symptômes les plus alarmants de la culture de la mort qui progresse surtout dans la société du bien-être » (voir l’Encyclique Evangelium Vitae de mars 1995).
Le pape Benoît XVI a voulu rappeler que toute vie terrestre qui s’éteint est « une nouvelle naissance et une existence nouvelle, offerte par le Ressuscité à ceux qui ne se sont pas opposés volontairement à son Amour. Avec la mort, se conclut l’expérience terrestre, mais, à travers la mort s’ouvre aussi, pour chacun d’entre nous, au-delà du temps, la vie pleineet définitive. »
Le rôle de la société
En réalité, c’est toute la société au travers de ses institutions civiles et de santé qui est appelée à respecter la vie et la dignité du malade grave et de la personne en fin de vie.
Plus concrètement, il s’agit d’assurer à chaque personne qui en aurait besoin le soutien nécessaire par les thérapies et les interventions médicales appropriées, identifiées et gérées suivant les critères de la proportionnalité médicale, en tenant toujours compte du devoir moral d’administrer (du côté du médecin) et de recevoir (du côté du patient) ces moyens de préservation de la vie qui, dans la situation concrète, deviennent “ordinaires”. De plus, il faudra toujours assurer à chaque personne les soins nécessaires qui lui sont dus, ainsi que le soutien aux familles les plus éprouvées par la maladie de l’un des leurs, surtout si elle est grave et prolongée.
Benoît XVI, 25 février 2008.