La Famille Ignatienne

En 2006, on célèbre le 450e anniversaire de la mort de saint Ignace et les 500 ans de la naissance du bienheureux Pierre Favre et de saint François-Xavier. Aujourd’hui en France des congrégations religieuses, des laïcs, des prêtres, des mouvements vivent de la “spiritualité ignatienne”. Qui sont-ils ?

Ignace de Loyola, François-Xavier et Pierre Favre, étudiants à Paris dans les années 1530, sont devenus « amis dans le Seigneur ». Amis « au point d’inventer ensemble une nouvelle manière de se rapporter à Dieu et au monde » explique le père Thierry Lamboley, jésuite en charge du Jubilé 2006. Ils sont les fondateurs de la Compagnie de Jésus, les premiers “Jésuites”.

Les Jésuites
Ils se veulent « saisis par Jésus Christ, rassemblés en un corps, envoyés en mission dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle, unis au Christ pauvre et humble, et désireux d’aimer et de servir en toute chose ». 20 000 Jésuites sont répartis à travers le monde dont plus de 6 000 en Europe. 550 d’entre eux forment la Province de France. Leurs communautés se trouvent en France mais aussi en Algérie, Grèce, Ile Maurice et Maroc. 70 Jésuites français vivent ailleurs dans le monde : Afrique, Asie, Proche-Orient, Amérique Latine… Le père Lamboley le souligne, la mission est une composante forte de leur vocation : « On n’entre pas dans une Province mais dans la Compagnie. Et même si on manque de vocations, ce qui est notre cas, on continue d’envoyer des Frères… Surtout là où personne ne veut aller ». Priorités aujourd’hui : la Chine et l’Afrique, continent oublié.
Autre caractéristique de ces religieux sans habits particuliers ni office du chœur, qui, aux trois vœux traditionnels, ajoutent un vœu spécial d’obéissance au Pape : un « regard bienveillant sur le monde ». « Nous croyons que Dieu est déjà à l’œuvre dans le monde tel qu’il est », dit le père Lamboley dans un sourire, habitué à ce que ce parti-pris dérange. « Attention, je n’ai pas dit un regard complaisant, mais bienveillant », précise-t-il. C’est pourquoi on trouve souvent les Jésuites aux avant-postes, éclaireurs occupés à bâtir des ponts là où un fossé sépare culture et Evangile : pionniers de l’Internet chrétien, engagés dans les grands débats intellectuels français à travers leurs revues (Etudes, Christus…). Et c’est aussi parce qu’ils sont si présents au monde, et que leurs missions sont souvent individuelles, que leur formation est si poussée. Des années d’études qui ont forgé l’image d’une congrégation d’intellectuels, bien qu’ils ne le soient pas tous.
« Il faut être solide. Même si on a un besoin criant de nouveaux Frères, on n’envoie pas celui qui n’est pas prêt ». Chacun suit son chemin, donc, et c’est une relation personnelle avec Dieu qui se construit et s’alimente au fil des « Exercices spirituels » conçus par saint Ignace « pour aider le chrétien à ordonner sa vie ». Des exercices qui sont la matrice commune, partagée avec les autres branches de la famille ignatienne.

Une grande famille
Bien qu’Ignace n’ait pas fondé de congrégation féminine, on recense une quarantaine d’Instituts féminins ignatiens en France, aux activités très variées. Parmi les grandes lignes qui les définissent : un intérêt marqué pour le monde de ce temps, une présence dans les lieux de fracture (quartiers difficiles, pays en crise…), un désir d’initier à la spiritualité d’Ignace tous ceux qui cherchent à trouver Dieu…
Autre parent de cette grande famille ignatienne : la Communauté Vie Chrétienne (CVX), qui rassemble plus de 6 000 laïcs, couples, célibataires, veufs, divorcés… Au sein de petites équipes, tous s’entraident à unifier leur vie quotidienne et leur foi, à trouver Dieu dans l’action, à servir les hommes de ce monde.
Parmi les derniers-nés, il y a la Communauté du Chemin Neuf, issue en 1973 d’un groupe de prière lyonnais du Renouveau Charismatique. Communauté catholique à vocation œcuménique, où sont engagés des membres de différentes Eglises chrétiennes, le Chemin Neuf compte aujourd’hui plus de 900 membres. Une cinquantaine de prêtres sont liés à l’Institut du Chemin Neuf, érigé en 1992, et près de 8 000 personnes se rassemblent dans la “communion du Chemin Neuf”.

Une fête à Lourdes
Au total en France, plus de 40 instituts religieux et 50 mouvements se réclament de saint Ignace.
Le Jubilé 2006 aura permis de les recenser. Il leur offre l’occasion de se rencontrer à Lourdes entre le 27 juillet et le 04 août. Une initiative destinée à créer des liens à l’intérieur même de la famille, histoire d’apprendre à se connaître, et à se reconnaître, entre cousins. Plus d’infos sur www.amisdansleseigneur.com.

Amis dans le Seigneur
« Ignace nous rappelle combien se trouve au cœur de notre vocation le désir que Dieu soit le premier servi dans toute notre manière d’être, de vivre et d’agir. Ignace ne cesse pas d’être mystique lors même que la tâche apostolique l’oblige au réalisme. 
François-Xavier nous montre ces horizons vers lesquels s’élancer, ces frontières à traverser, ces terres inconnues à découvrir, ces hommes d’ailleurs à rencontrer… non pas par curiosité, mais parce qu’il y a urgence à porter
la Bonne Nouvelle à tous, partout (…).
Pierre Favre, à travers sa propre vie comme dans l’accompagnement spirituel des personnes, témoigne de la nécessaire attention à ce qui se passe dans le cœur de l’homme : s’il ne vit pas une conversion personnelle, l’homme manque de ces racines de l’âme qui permettent, avec la grâce de Dieu, d’affronter ce qui survient. »

François-Xavier Dumortier s.j.,
Provincial de France de la Compagnie de Jésus
In revue Jésuites de France 2006.