Désert spirituel, chemin de vie
La Parole de Dieu
Jésus fut mené par l’esprit dans le désert par l’Esprit,
pour être tenté par le diable.
Il jeûna durant quarante jours et quarante nuits,
après quoi il eut faim… (Mt 4, 1-2).
C’est un exemple que je vous ai donné, dit Jésus,
pour que vous fassiez, vous aussi,
comme moi j’ai fait pour vous (Jn 13, 15).
Je l’allaiterai, la conduirai au désert,
et je parlerai à son cœur (Os 2, 14).
La parole de saint Antoine
Jésus fut mené par l’Esprit dans le désert. Toi aussi, qui attend de Jésus ton salut, laisse-toi conduire, par l’esprit de la contrition, dans le désert de la confession et de la contemplation.
- Le désert de la confession. La contrition du cœur est appelée esprit, souffle, vent violent, parce qu’il brise les cœurs mondains et les renouvelle par la contrition, afin qu’ils cherchent, non la joie vaine et vide, mais le bonheur qui comble. Par la contrition, l’image et ressemblance de Dieu, défigurées par le péché, sont réimprimées sur le visage de ton âme, et par le fait même, renouvelées.
La confession est appelée « désert, terre inhabitable », parce qu’intime et secrète ; remplie de fauves, tous genres de péchés ; horrible par la peur qu’il inspire à tout esprit de mal.
- Le désert de la contemplation. Le prophète Osée dit : « Je vais la séduire, je la conduirai au désert, et je parlerai à son cœur » (Os 2, 16). Le Seigneur séduit le nouveau converti, lorsqu’il l’illumine par sa grâce ; il le conduit à l’écart du vacarme du monde et du désordre des pensées, au repos de l’esprit et là, dans le silence, il parle à son cœur.
Suis donc moi, dit Jésus, et « je te montrerai la voie de la sagesse ; je te ferai cheminer sur les sentiers de la droiture, tes pas seront sans contrainte et tu ne trébucheras pas » (Pr 4, 11 12).
Suis- moi, je te donnerai des trésors secrets et des richesses cachées (Is 45, 3) ; tu verras, tu seras radieuse et ton cœur sera dans la joie » (Is 60, 5).
Pour aller plus loin
Le thème du désert est associé, chez Antoine, à celui de la solitude : « Le désert, écrit-il, est la solitude de l’esprit et du cœur ». Il est symbolisé par le sépulcre, appelé aussi « monument », du latin moneo, « je fais penser, je fais souvenir », car il évoque, sujet incontournable de méditation pour tout homme, la pensée de la mort.
Le désert fut, pour le peuple hébreu, le lieu de la purification de la foi au vrai Dieu, face aux cultes idolâtres. Il est pour nous, le lieu de la lutte contre le péché, symbolisé dans les bêtes féroces, de la prise de conscience de notre état de pécheur et de la confession, lieu secret par excellence, mais aussi de silence, de contemplation et de rencontre avec Dieu.
Antoine compare ce dernier désert à un tombeau : celui qui y entre, en effet, est comme enseveli, détaché des biens du monde, caché aux bruits des passions, des mœurs et des cultures contraires à l’Évangile, et donc totalement libre pour écouter Dieu dans le silence, s’entretenir avec lui et goûter aux joies spirituelles. L’homme juste, dit Antoine, après avoir enlevé les balles des attachements temporels, sort du monde et, riche de l’abondance de la grâce, entre dans le tombeau de la vie contemplative. Là, entassé comme une meule de blé dans la contemplation, il se rassasie des douceurs célestes. »
Si saint Antoine a su enflammer ses auditeurs d’amour de Dieu et rayonner sa bonté sur ceux qui souffrent dans leur corps et dans leurs esprits, c’est bien parce qu’il avait cet amour à sa source, Dieu, dans la solitude et le silence.