Jean, fils du désert

La parole de Dieu

L’ange lui dit :

« Sois sans crainte, Zacharie,

car ta supplication a été exaucée ;

ta femme Élisabeth t’enfantera un fils,

et tu l’appelleras du nom de Jean.

Tu auras joie et allégresse,

et beaucoup se réjouiront de sa naissance. » (Lc 1, 13-14)

« Produisez des fruits dignes du repentir… » (Mt 3, 8)

« Préparez le chemin du Seigneur. » (Lc 3, 4)

Nephtali est une biche rapide,

qui donne de belles paroles. (Gn 49, 21)

La parole de saint Antoine

Nephtali signifie « il m’a dilaté », et désigne saint Jean, que le Seigneur a dilaté en le faisant riche de grâces multiples. C’est pourquoi Jérémie lui dit : « Avant que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré » (Jr 1, 5) ; et Luc : « Beaucoup se réjouiront de sa naissance » (Lc 1, 14).

Il est appelé « biche en liberté », c’est-à-dire agile, qui saute par-dessus les épines et les fossés accélérant ainsi sa course. Saint Jean a sauté rapidement par-dessus les richesses du monde, symbolisées par les épines, et les plaisirs de la chair, symbolisés par les fossés…

« Jean, dit Matthieu, avait un vêtement de poils de chameau et un pagne de peau autour des reins ; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage » (Mt 3, 4). Ces paroles exaltent la pauvreté du vêtement et de la nourriture. Si saint Jean, sanctifié dans le sein de sa mère, s’est mortifié avec un vêtement si rude et une nourriture si pauvre, que pouvons-nous dire, nous, pleins de vices, qui avons en horreur les vêtements grossiers et recherchons les plus douillets et les plus doux ?

« Il donne des paroles très belles. » C’est lui qui a dit : « Repentez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4, 17). Ce sont elles les paroles très belles, car la pénitence embellit l’âme. « Naaman, le lépreux, descendit et se plongea sept fois dans le Jourdain, et sa chair redevint comme la chair d’un petit enfant ; il était purifié » (2 R 5, 14). Ainsi le pécheur, infecté par la lèpre du péché, doit descendre dans la rivière de la pénitence mouillée de larmes, et son âme recouvrera la pureté de l’innocence baptismale qu’il a reçue lorsqu’il était petit enfant.

Pour aller plus loin

Selon son habitude, Antoine concorde un passage d’Évangile qui parle de saint Jean avec un texte de l’Ancien Testament qui évoque Nephtali, un des fils de Jacob.

Mais le nom de Nephtali est associé, lorsque Jacob lui accorde sa bénédiction en Genèse 49, à l’image de la biche et au don de la parole. Ces deux qualificatifs sont appliqués à Jean-Baptiste pour signifier deux choses : il a agi de façon alerte et efficace, comme une biche qui avance rapidement, en sautant par-dessus  broussailles et fossés ; il a prononcé des paroles qui donnent vie et joie en invitant à la pénitence.

Mais comment la pénitence serait-elle source de vie et de joie alors qu’on la présente comme quelque chose de triste ? En réalité, elle est une source qui purifie comme l’eau du Jourdain a purifié Naaman et rendu sa peau comme celle d’un enfant.

Malgré les efforts que nous faisons pour paraître beaux dans une société de plus en plus exigeante en fait de body-shop ou de beauty-products, nous sommes des lépreux, enlaidis et ravagés par de multiples plaies : l’égoïsme, la sexualité, l’argent, les libertés effrénées, la jalousie, la violence…

Un bain purificateur est donc nécessaire, et ce bain de l’âme c’est la pénitence, c’est-à-dire le retour sur soi-même, la prise de conscience, la réflexion, en un mot la conversion qui peut rendre à notre visage intérieur la beauté qu’il a eue au moment de son baptême.

C’est ainsi que Jean-Baptiste devient pour nous un modèle pour « restaurer » notre visage spirituel.