Christ, notre Pâque

17 Mars 2009 | par

La Parole de Dieu

Frères,

Purifiez-vous donc des vieux ferments

et vous serez une pâte nouvelle,

vous qui êtes comme le pain de la Pâque,

celui qui n’a pas fermenté.

Voici que le Christ, notre Agneau pascal,

a été immolé (1 Co 5, 7).





Cette nuit-là,

on mangera la chair rôtie au feu ;

on la mangera avec des azymes

et des herbes amères…

Vous la mangerez ainsi :

vos reins ceints,

vos sandales aux pieds et votre bâton à la main.

Vous la mangerez en hâte, c’est une pâque

pour le Seigneur (Ex 12, 8.11).



La Parole de saint Antoine

Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes ; car notre Pâque, le Christ a été immolé (1 Co, 5, 7).



Le levain, latin fermentum, “ferment” vient de fervere, “bouillir”. Quand la convoitise des biens terrestres et l’appétit de la chair commencent à “bouillir”, outrepassent toute mesure : l’avare, par exemple, n’est jamais saturé d’argent ni le luxurieux des plaisirs des sens. Purifiez-vous donc du vieux levain pour être une pâte nouvelle.



Car notre Pâque, le Christ, a été immolée. « D’après Augustin, le mot Pâque vient de “passage” : ce jour-là l’ange exterminateur est passé à travers l’Egypte et le Seigneur a libéré son peuple. Par le mot “pâque”, les Hébreux préfiguraient l’Agneau qui, ce même jour, allait passer de ce monde au Père.



Mangeons donc, en cette solennité pascale, avec des herbes amères, comme il fut ordonné aux fils d’Israël dans le livre de l’Exode (12, 8), c’est-à-dire dans l’amertume du cœur, l’agneau, rôti pour nous sur la Croix, immolé à Dieu le Père pour la réconciliation du genre humain.



Mangeons-le les reins ceints, les sandales aux pieds, le bâton à la main.



Que celui qui veut recevoir dignement le corps du Seigneur, ceigne ses reins avec la ceinture de la chasteté, protège son cœur par les exemples des saints, traduise la Parole de Dieu en actes, afin de “passer”, avec Jésus, de ce monde au Père



Pour aller plus loin

Dans ce passage extrait du sermon pour la fête de Pâques, Antoine met en parallèle la pâque juive et la pâque chrétienne. Le peuple hébreu célèbre la libération de l’esclavage en évoquant le sang de l’agneau qui marquait les linteaux des leurs portes et dont l’ange devait épargner la vie ; le peuple chrétien célèbre le sang du nouvel Agneau, Jésus Christ, célébré à la Cène et répandu sur la Croix, une fois pour toutes, pour le Salut et la réconciliation de tous les hommes. De même la manducation de l’agneau et les attitudes physiques qui l’accompagnent deviennent-elles le symbole des sentiments et des attitudes avec lesquelles nous devons nous approcher de la table du Seigneur pour “manger” son Corps et boire à la coupe de son Sang : vivre dans le respect de notre corps, suivre l’exemple des ceux qui ont pratiqué l’Evangile, comme eux l’écouter et le mettre en pratique.

Mais l’évocation de l’Agneau dans l’Exode et dans la Passion du Seigneur reçoivent un nouvel éclairage grâce à saint Paul. Nous, dit-il, qui mangeons le Christ ressuscité, nous devons aussi vivre une vie nouvelle, c’est-à-dire rejeter le vieux ferment qui gâte nos vies : les vices, les passions, la sensualité, mais aussi l’orgueil, l’amour de l’argent, afin de devenir une pâte nouvelle, fraîche, savoureuse, pétrie avec les bonnes actions que nous accomplissons désormais pour Dieu, pour nous-mêmes et pour nos frères.

Soyons donc pâte nouvelle, avec le Christ immolé et ressuscité.

 

Updated on 06 Octobre 2016