L'âme et ses vertus
La Parole de Dieu
Il en va du Royaume des Cieux
comme d’un propriétaire
qui sortit au point du jour
afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
Il sortit vers la troisième heure,
Il en vit d’autres qui se tenaient, désœuvrés sur la place,
et à ceux-là il dit :
« Allez, vous aussi, à la vigne » et ils y allèrent.
Sorti de nouveau vers la sixième heure,
puis vers la neuvième heure, il fit de même.
Vers la onzième heure, il sortit encore…
en trouva d’autres qui se tenaient là…
Il leur dit : « Allez, vous aussi, à la vigne » (Mt 20, 1-7).
La Parole de saint Antoine
Le Nouveau Testament explique l’Ancien ; les six heures de l’Evangile concordent donc avec les six jours de la création que nous appliquerons aux six vertus de l’âme.
La contrition du cœur. Dieu dit : « Que la lumière soit. Et la lumière fut. » Comme l’aurore est le début du jour et la fin de la nuit, la contrition est la fin du péché et le début de la pénitence.
La confession. Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux… »
La confession est appelée troisième heure ; à cette heure, le pénitent s’avoue coupable d’avoir offensé le Seigneur, tué soi-même, scandalisé le prochain.
La pénitence. Dieu dit : « Que la terre verdisse de verdure… » La pénitence consiste dans la prière, le jeûne et l’aumône, trois pratiques qui rendent parfaite la pénitence, à midi, symbole de la ferveur.
L’amour de Dieu et du prochain. Dieu dit : « Qu’il y ait deux grands luminaires… »
L’amour de Dieu est symbolisé par la clarté du soleil ; l’amour du prochain, par la mutabilité de la lune. La neuvième heure désigne la perfection de l’amour.
Vie active et contemplative. « Dieu fit les poissons dans la mer et les oiseaux dans les airs. »
L’homme d’action, tel un poisson, parcourt le monde pour subvenir à son prochain ; le contemplatif, tel un oiseau, contemple « le roi dans sa beauté » (Is 33, 17).
La persévérance finale. Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image… » Sans la persévérance finale, les cinq autres vertus sont inutiles.
Pour aller plus loin
Au début de son premier sermon (Dimanche de la Septuagésime), Antoine applique les deux principes qui vont présider à toute son œuvre : concorder l’Ancien Testament avec le Nouveau ; appliquer les paroles de la Bible à trois domaines de la vie chrétienne : la foi ; la formation morale ; la vie spirituelle.
Dans le passage cité, il s’agit de la création (Gn 1) et de la parabole des ouvriers de la vigne (Mt 20). Celle-ci représente l’âme : les textes serviront donc à former six vertus : trois pour la conversion ; trois pour la pratique de la vie chrétienne.
La démarche de la conversion est fondamentale : elle consiste à prendre conscience de l’état d’éloignement de Dieu dans lequel nous vivons et à s’engager résolument à la suite du Christ, comme nous l’avons promis à notre baptême. On l’aura remarqué : ces trois premières vertus correspondent aux trois actes de la confession : la contrition, ou connaissance des péchés ; la confession ou aveu sincère ; la pénitence ou réparation du mal fait à Dieu, à nous-mêmes et au prochain.
La pratique de la vie chrétienne se concentre sur trois démarches chères à la spiritualité d’Antoine : l’amour “jumeau” voué, avec la même intensité, à Dieu et aux hommes ; l’agir chrétien par un temps réservé à la prière et au service des autres ; la persévérance, sans laquelle on retomberait dans le chemin que l’on a quitté.
Que celui qui nous a créés de rien et recréés par son Sang, conclut Antoine daigne nous faire vivre avec lui pour l’éternité.