Une grotte et une tombe
Insensiblement, ajoutant évocations à témoignages, comme dans une mosaïque, ce numéro s’est construit en hommage à Lourdes et à son pèlerinage, en cette année du centenaire. Il y a 150 ans, en effet, et précisément, le 11 février 1858, que Bernadette a rencontré pour la première fois la Vierge qui, le 25 mars suivant, donnant son nom, allait se déclarer l’Immaculée Conception.
Notre Messager se devait de s’unir à ces célébrations, Lourdes et Padoue étant, depuis toujours liées par l’histoire, la théologie et la spiritualité : Antoine, grand chantre des fêtes de Marie ; pèlerinages en grand nombre de part et d’autres ; appels communs à la prière et à la pénitence ; guérisons spirituelles et corporelles, de la part d’Antoine, le ”thaumaturge“, et de Marie, avec les nombreux miracles de Lourdes ; collaborations fraternelles et continues entre nos organes de presse pour témoigner ensemble de la miséricorde de Dieu en nos deux sanctuaires.
On peut ajouter à cela le site des grottes : niche de recueillement et de prière dans le silence de la montagne pyrénéenne pour la Vierge, Grottes de Brive pour Antoine ; tombeau dans lequel le chrétien, « caché au bruit du monde », se retire pour réfléchir sur sa vie et contempler le Seigneur. Mais Lourdes, et Padoue, sont encore unies par l’amour des malades. Les origines du culte antonien plongent leurs racines dans l’affluence des pèlerins et dans le nombre des guérisons opérées autour de sa tombe au lendemain de sa mort ; à Lourdes, « la présence des malades est un des caractères propres » du pèlerinage (Mgr Perrier, Lourdes Aujourd’hui, et demain ?). C’est pour cette raison que Jean-Paul II a institué la Journée des malades, le 11 février de chaque année ; c’est encore pour cette raison que nos deux pèlerinages portent une attention toute spéciale aux malades, aux handicapés et aux exclus de notre société.
La maladie… nous la rencontrons chaque jour sur notre chemin, dans nos vies et souvent dans notre propre corps ! La souffrance ! Que ne fait-on pas pour la diagnostiquer, l’expliquer, l’éliminer, l’oublier, lui mettre un terme, parfois au mépris du don même de la vie. Heureusement, avec plus de réalisme et de lucidité, Marie et saint Antoine nous apprennent à lui faire face ; à l’accompagner par la présence de médecins, d’infirmiers, de volontaires ; à “vivre avec” sans nous révolter ; à l’offrir pour que, unie à celle du Christ, elle devienne source de paix et de guérison intérieures. Aussi, en même temps que je désire témoigner mon affection à tous les malades qui s’adressent à nous par le moyen du Messager, je vous redis à tous ce que disait Jean-Paul II le 15 août 1983 à Lourdes : « Ni juste, ni injuste, la souffrance demeure, malgré les explications partielles, difficile à comprendre et difficile à accepter même pour ceux qui ont la foi. Celle-ci n’ôte pas la douleur. Elle la relie invisiblement à celle du Rédempteur… »