Le Corps du Christ
La Parole de Dieu
Le Seigneur des armées prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés (Is 25, 6).
Tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : « Buvez‑en tous ; car ceci est mon sang, le sang de (qui confirme) l’alliance » (Mt 26, 26‑28).
La Parole de saint Antoine
Le Seigneur des armées, c’est-à-dire des anges, sur cette montagne, à Jérusalem, dans le cénacle spacieux et garni de tapis, dans lequel les apôtres ont reçu l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, fit aujourd’hui pour tous les peuples qui croient en lui, un festin de viandes grasses… car on y sert le veau gras que le Père a sacrifié pour la réconciliation du genre humain.
Un festin gras et moelleux, plein de la richesse intérieure et extérieure, c’est-à-dire son vrai corps, engraissé au-dedans et au-dehors de toute force spirituelle et d’amour, livré à tous ceux qui croiraient en lui.
Un festin de vins dépouillés, purifiés de toute impureté et raffinés. Le raisin, c’est l’humanité du Christ, pressée au pressoir de la croix, dont le sang est donné à boire à ses apôtres, et versé pour la rémission des péchés.
O amour du bien-aimé ! Amour de l’Epoux pour l’Eglise, son Epouse ! Il lui offrit aujourd’hui avec ses mains très saintes, son propre sang.
O yeux de notre bien-aimé, fermés dans la mort ! Visage « que les anges désirent contempler », transformé en pâleur ! Lèvres qui distillent les paroles de vie éternelle, devenues livides ! Tête, qui fait trembler, inclinée ! Mains dont le toucher a guéri la lèpre, rendu la vie, restitué la lumière, chassé les démons, multiplié les pains, percées de clous, souillées de sang.
Recueillons toutes ces souffrances, portons-les dans notre cœur, afin de mériter de ressusciter avec lui.(Sermon pour la Cène du Seigneur).
Pour aller plus loin
Antoine rapproche le texte d’Isaïe du récit de la Cène, pour annoncer que le nouveau festin, c’est l’Eucharistie. Il développe ensuite les trois membres de l’annonce pour en dégager la richesse spirituelle.
Les viandes grasses.
Le festin de viandes grasses évoque l’agneau pascal que le Père a sacrifié pour la réconciliation du genre humain. Ce festin est pour aujourd’hui : « Prêchez la naissance du Christ, insistez sur sa mort, afin que l’homme croie dans son cœur, et reçoive dans sa bouche le sacrement de la Passion pour sa propre purification. »
Le festin est gras et moelleux : on est nourri du corps du Christ, rempli de toute force spirituelle et d’amour. Ici, Antoine reprend la profession de foi de l’Eglise en la présence du Christ, contre ceux qui la niaient en son temps, et au nôtre : « Il faut, dit-il, citant le serment de Bérenger de Tours, croire fermement que ce corps que la Vierge a enfanté, a été cloué à la croix, déposé dans le tombeau, est ressuscité le troisième jour et monté au ciel, est vraiment le corps que Jésus a donné aux apôtres, et que l’Eglise consacre chaque jour et distribue à ses fidèles. »
Il laisse ensuite éclater un chant d’amour pour le don que le bien-aimé a fait à l’Eglise, son Epouse. L’application qui en découle est double : malheur à celui qui approche de ce festin sans la robe nuptiale de l’amour ; portons les souffrances du Christ afin d’avoir part à sa vie.