Noël : Jésus, notre rire
Jésus, notre joie
L'ange leur dit : Voici que je vous annonce une grande joie. Car vous est né aujourd'hui un Sauveur... (Lc 2,10-11).
La naissance de Jésus trouve son parallèle dans celle d'Isaac : Isaac naquit. Sara dit : Dieu m'a donné de quoi rire, quiconque l'apprendra se réjouira avec moi (Gn 21,5-6). Sara signifie prince ou charbon . Elle est la figure de la Vierge glorieuse, notre princesse et notre reine, enflammée d'Esprit Saint. A elle Dieu a donné aujourd'hui de quoi rire, car c'est d'elle qu'est né notre rire. Je vous annonce, dit-il, une grande joie, car le rire est né, le Christ est né.
Marie, comme Sara, peut dire : Quiconque l'apprendra se réjouira avec moi. Rions donc et réjouissons-nous avec la Vierge bienheureuse, car Dieu nous a donné de quoi rire, c'est-à-dire la raison de rire et de nous réjouir avec elle et en elle : Aujourd'hui, dit-il, vous est né un Sauveur. Si quelqu'un se trouvait au seuil de la mort ou dans une prison très dure et on lui annonçait : voici quelqu'un va venir te sauver, ne rirait-il pas ? ne se réjouirait-il pas ? Certainement.
Réjouissons-nous donc, nous aussi dans une conscience pure et un amour sans feinte , comme dit saint Paul (cf. 1 Tm 1,5), car un Sauveur nous est aujourd'hui : il nous délivrera du pouvoir du démon et de la prison de l'enfer.
Jésus humble et pauvre
Voici pour vous le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire (Lc 2,12). Dans ce passage, sont soulignées l'humilité et la pauvreté. Heureux celui qui recevra ce signe sur son front et dans sa main, dans ses paroles et dans ses actes. Que signifient, en effet, ces paroles : Vous trouverez un nouveau-né, sinon : vous trouverez la sagesse qui balbutie, la puissance devenue faible, la majesté qui s'abaisse, l'immense devenu petit, le riche fait pauvret, celui qui préside aux anges gisant dans une étable, la nourriture des anges devenue comme du foin pour des juments, celui qui n'a pas de limites couché dans une étroite mangeoire ?
Gloires soit chantées au Verbe incarné, à l'enfantement virginal, au Sauveur qui vient de naître. Gloire à Dieu le Père au plus haut des cieux, et paix sur terre aux hommes objets de la bienveillance divine (cf. Lc 2,14).
Jésus un enfant, pourquoi ?
Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l'empire a été mis sur son épaule et on lui donne pour nom : Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père du siècle à venir, Prince-de-la-Paix (Is 9,6). Voici, a dit Isaïe, que la jeune femme est enceinte et enfantera un fils, et elle l'appellera du nom d'Emmanuel (Is 7,14), Dieu avec nous Ce Dieu est devenu pour nous un enfant, il est né pour nous aujourd'hui.
Le Christ est appelé enfant pour de multiples raisons, mais, par brièveté, je lui en attribuerai une seule. Si tu fais injure à un enfant, si tu le provoques par une insulte, si tu le frappes et tu lui montre ensuite une fleur ou une rose, et en les lui montrant, tu les lui donnes, il ne se pensera plus à l'injure reçue, oublie toute colère et court t'embrasser. De la même manière, si tu as offensé le Christ par un péché mortel et tu lui as fait une quelque autre injure, si tu lui offres la fleur de la contrition ou la rose d'une confession accompagnée de larmes - les larmes en effet, dit Augustin, sont le sang de l'âme ( Cf. Augustin, sermon 351,4,7 ) - il ne se souvient plus de ton offense, remet ta faute et court te donner un baiser.
Dieu, par Ezéchiel, dit la même chose : Si le méchant revient de tous les péchés qu'il a commis, je ne me souviendrai plus d'aucun de ses forfaits (Ez 18,21.22). De même Luc, à propos de l'enfant prodigue : Son père le vit et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers (Lc 15,20).
Un enfant nous est né. Soyons donc tous dans la joie.
(Sermon pour la Nativité du Seigneur)