La vie, temps de veille et d'attente
Nous sommes nombreux, même parmi les chrétiens, à nous interroger sur le sens de la vie : d'où venons-nous ? où allons-nous ? pourquoi vivons-nous sur terre ?... Nombreux sont aussi ceux qui apportent à ces questions de réponses multiples et variées, parfois déviantes.
Saint Antoine envisage cette question de manière réaliste : notre vie a un commencement, dit-il ; il, elle a une fin. Elle ressemble à un cercle que nous devons parcourir par la mémoire pour vérifier la syntonie de nos sentiments et de nos comportements avec le dessein de Dieu. Ou à une nuit durant laquelle nous devons veiller pour la garder fidèlement, comme un berger qui garde ses brebis et les défend contre les fausses idéologies et les fausses joies.
La vie, un cercle
En ce temps-là, écrit Luc, parut un édit de César Auguste, ordonnant de recenser le monde entier (Lc 2,1)
Le monde est appelé en latin orbis, cercle , à cause de sa rondeur.
Ce monde est l'image de la vie de l'homme, qui a, elle aussi, la forme d'un cercle : Tu es terre, dit la Genèse, et tu retourneras à la terre (Gn 3,19). L'homme doit donc, comme César Auguste, recenser son monde, c'est-à-dire repasser dans son esprit ce qu'il a fait durant son enfance, son adolescence, sa jeunesse, sa vieillesse. L'évangéliste emploie l'expression tout entier , parce que l'homme doit décrire tout le mal qu'il a fait par le cœur, par la bouche, par les actes, et dans tous leurs détails. C'est pour cela qu'il ne dit pas écrire, mais décrire, c'est-à-dire retracer nos différentes manières de vivre dans tous les lieux où nous vivons.
La vie, un temps de veille
Il y avait dans cette contrée des bergers qui veillaient et gardaient leur troupeau pendant les veilles de la nuit (Lc 2,8).
Les veilles sont appelées gardes ou postes de garde . Anciennement, les Romains divisaient la nuit en quatre vigiles et gardaient la ville à tour de rôle. La nuit, c'est la vie présente au cours de laquelle, comme dans la nuit, nous avançons à tâtons, et nous risquons de trébucher dans les sentiments de notre cœur.
Celui qui veut bien garder sa ville durant cette nuit, doit veiller soigneusement durant les quatre vigiles de cette nuit. La première, c'est l'impureté de notre naissance ; la deuxième, la malice de notre péché ; la troisième, la misère de notre pèlerinage terrestre ; la quatrième, la pensée de la mort. Dans la première, il doit veiller, pour se mépriser ; dans la deuxième, pour se maîtriser ; dans la troisième, pour pleurer ; dans la quatrième, pour se préparer au jugement de Dieu.
Heureux l'homme qui, comme un berger, garde les vigiles de cette nuit, pour les défendre contre le démon-voleur, qui tente de le dévier par ses suggestions ; et contre le loup-plaisir qui essaie de le ravir par un bonheur tout matériel. C'est à ceux qui veillent de cette manière que sera annoncée prochainement la joie de la Nativité.
(Sermon pour la Nativité du Seigneur)