Il nous a appris à aimer l’Eucharistie, la confession et la Vierge

01 Janvier 1900 | par

Cinq ou six cent mille pèlerins étaient présents, d’après la chronique, à la canonisation du Padre Pio de Pietrelcina, le dimanche 16 juin, à Rome, Place Saint-Pierre ; et les images montrent la densité, incalculable, de cette foule exceptionnelle. La question surgit alors spontanément à l’esprit, de se demander, comme le fit frère Massée pour François :  Pourquoi à toi ?… Pourquoi tout le monde court-il après toi ?… De corps, tu n’es pas bel homme, tu n’as pas grande science, tu n’es pas noble ; d’où vient-il donc que tout le monde court après toi ?  Padre Pio qui a passé son existence sur ses terres d’origines, dans un humble couvent, entre l’autel et le confessionnal, courbé sous le poids de la souffrance et de l’âge, n’était pas, lui non plus, très beau de la beauté des hommes, mais avait la richesse et la beauté de Dieu. C’est pourquoi, à la question :  Pourquoi à toi ?… , le peuple répond :  Parce qu’il nous a appris à croire en Dieu... Parce qu’il était pour moi un père qui m’adressait ses reproches en vue de mon bien… Parce que, encore aujourd’hui, il me console et me réconforte… Parce qu’il suffit d’agiter un simple mouchoir blanc pour le saluer et lui témoigner notre affection… 
La sainteté du Padre Pio est de celles qui rendent proche des hommes le visage d’amour et de bonté de Dieu, et rapprochent de Dieu les souffrances des hommes. Pour le comprendre, il suffit de relire le portrait qu’a dressé de lui Jean-Paul II au cours de la messe de canonisation et de réentendre les témoignages recueillis au cours de cette journée.

Jean-Paul II et Padre Pio

Jean-Paul II se rendit à San Giovanni Rotondo, pour la première fois, en 1947, tout jeune prêtre, étudiant à l’Université Grégorienne, à Rome.  Cette vieille église, dira-t-il plus tard, est restée pour moi le lieu de la rencontre avec le serviteur de Dieu. Il y revint en novembre 1974, archevêque de Cracovie et cardinal ; puis, du 23 au 25 mai 1987, souverain pontife en visite pastorale dans la région.
Le 2 mai 1999, il préside la béatification et le 16 juin 2002, sa canonisation.

La messe selon Padre Pio

C’est à l’occasion de quelques confidences, et en particulier dans des réponses qui figurent dans son Journal spirituel intime, que Padre Pio révèle sa profonde compréhension du mystère de l’Eucharistie.
Quelle gloire la messe rend-elle à Dieu ?, lui demande Mme Cléonice Morcaldi.
– Une gloire infinie, répond Padre Pio.
– Quels bienfaits en retirons-nous en y assistant ?
– Impossible de les énumérer… Nous verrons cela au Paradis.
– Pourquoi avez-vous pleuré pendant la messe ?
– Et vous osez me le demander ? Ne pensez-vous jamais au terrible mystère de la messe ? Un Dieu qui s’offre en victime pour le salut des hommes qui l’offensent ? Ne savez-vous pas que c’est le Paradis tout entier qui se déverse sur l’autel ?
– Pendant la messe, à quel moment souffrez-vous le plus ?
– Tout le temps, et de manière croissante.
– Pendant la communion aussi ?
– C’est le moment culminant !
– Que dois-je lire pendant votre messe ?
– Le Calvaire tout entier.
– Après la messe, vous êtes sûrement fatigué et épuisé…
– Oui, mais je ne voudrais jamais descendre de l’autel. 

Les groupes de prière

C’était en pleine guerre 39-45. Pie XII venait d’inviter les chrétiens à prier pour la paix dans le monde et Padre Pio avait répondu en créant les groupes de prière, convaincu que  la prière est la meilleure arme que nous ayons, une clef qui ouvre le Cœur de Dieu . Depuis, ces groupes se sont multipliés dans les paroisses, les communautés religieuses et les hôpitaux, jusqu’à atteindre, à ce jour, le nombre de 2360 dans le monde, dont 1960 en Italie et 400 dans d’autres pays (33 en Suisse, 27 en France, 22 en Belgique, 13 au Canada).  Les groupes de prière, a dit Jean-Paul II, furent voulus par lui comme des phares de lumière et d’amour dans le monde (3 mai 1999).

 

L’image évangélique de Padre Pio selon Jean-Paul II

Dans son homélie à la messe de canonisation de Padre Pio, le 16 juin 2002, le pape Jean-Paul II s’est inspiré de l’Evangile pour présenter dans le nouveau saint un modèle de souffrance, de bonté et de fécondité spirituelle.

 Mon joug est aisé et mon fardeau léger  (Mt 11, 30).
L’image évangélique du joug évoque les nombreuses épreuves que l’humble capucin de San Giovanni Rotondo dut affronter. Aujourd’hui, nous contemplons en lui combien le joug du Christ est doux et son fardeau vraiment léger lorsqu’on le porte avec un amour fidèle. La vie et la mission de Padre Pio témoignent que les difficultés et les douleurs, si elles sont acceptées avec amour, se transforment en un chemin privilégié de sainteté, qui s’ouvre sur des perspectives d’un plus grand bien, connu seulement par le Seigneur…

La croix
Comme la spiritualité de la Croix vécue par l’humble capucin de Pietrelcina est actuelle ! Notre époque a besoin d’en redécouvrir la valeur pour ouvrir son coeur à l’espérance.
Au cours de toute son existence, il a cherché à se configurer toujours davantage au Crucifié, en ayant clairement conscience d’avoir été appelé à collaborer de façon particulière à l’œuvre de la rédemption. Sans cette référence constante à la Croix on ne peut pas comprendre sa sainteté…
Le saint Frère du Gargano écrivait en la fête de l’Assomption en 1914:  Pour arriver à atteindre notre objectif ultime il faut suivre le divin Chef, qui ne désire conduire l’âme élue par d’autre voie que celle qu’Il a parcourue : celle de l’abnégation et de la Croix (Lettres).

La miséricorde divine
Padre Pio a été le généreux dispensateur de la miséricorde divine, étant disponible pour tous à travers l’accueil, la direction spirituelle et, en particulier, l’administration du sacrement de la Pénitence.
J’ai eu moi-même le privilège, pendant ma jeunesse, de profiter de sa disponibilité envers les pénitents.
Le ministère du confessionnal, qui constitue l’un des traits caractéristiques de son apostolat, attirait des foules innombrables de fidèles au couvent de San Giovanni Rotondo. Même lorsque ce singulier confesseur traitait les pèlerins avec une dureté apparente, ceux-ci, ayant pris conscience de la gravité de leur péché et sincèrement repentis, revenaient presque toujours en arrière afin de recevoir l’accolade de paix du pardon sacramentel…

La fécondité spirituelle

La raison ultime de l’efficacité apostolique de Padre Pio, la racine profonde de tant de fécondité spirituelle se trouve dans l’union intime et constante avec Dieu, dont les longues heures passées en prière et au confessionnal étaient le témoignage éloquent.
Il aimait à répéter: Je suis un pauvre frère qui prie :
Padre Pio unissait à la prière une intense activité caritative dont la plus belle expression est la Casa Sollievo della Sofferenza. Prière et charité, voilà une synthèse plus que jamais concrète de l’enseignement de Padre Pio, qui est aujourd’hui reproposé à tous.

 

Padre Pio et saint Antoine, vrais saints du peuple

Interview de Père Luciano Lotti, porte-parole de la Province Sant’Angelo-Padre Pio des Frères Mineurs Capucins de Foggia.

Le Messager : Pouvons-nous dire que Padre Pio est, comme Antoine, un saint proche du peuple chrétien ?
P. Luciano Lotti : Padre Pio est, comme Antoine, un saint du peuple, non seulement à cause de leur pouvoir thaumaturge, mais parce que le peuple chrétien sent qu’ils sont de son côté. Tous deux se sont distingués dans la défense des pauvres, l’engagement social, la dénonciation des injustices.
Padre Pio, par exemple, se montrait très sévère envers les employeurs qui ne payaient pas toutes les contributions sociales…
Autre élément qui les unit : tous deux ont aimé l’Eglise et amené les foules à la conversion et à la pratique des sacrements.

– Leur ministère s’est concentré, en effet, autour des sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie…
– Padre Pio est considéré comme le grand confesseur de notre siècle. Bien des personnes venaient à San Giovanni Rotondo par hasard ou par curiosité… mais une force les poussait à aller se confesser et au moment de la confession, leur attitude changeait complètement. Ils pensaient n’avouer que des peccadilles, des distractions dans les prières… mais le Père les invitait à continuer, il insistait avec force et leur révélait des péchés cachés qu’ils n’auraient avoués à personne ; des détails, à leurs yeux sans importance, mais en fait très graves. Comme saint Antoine, il confessait parfois dix-huit heures par jour :  Mon principal ministère, écrivait-il, consiste à arracher les âmes à Satan… 

– Y a-t-il des expressions du Padre Pio qui recouvrent celles de saint Antoine ?
– L’un des thèmes que j’aime approfondir chez saint Antoine est sa dévotion au Nom de Jésus.  Nom très doux, écrit saint Antoine ; qu’y a-t-il de plus doux ? Douce est ta mémoire plus que le miel et que toute autre chose. Ton nom est Sauveur : pour l’honneur de ton nom, sois pour nous tous Jésus, c’est-à-dire Sauveur …
La douceur du nom de Jésus est une constante dans les Lettres de Padre Pio : elle est mentionnée 135 fois !

– Padre Pio a été favorisé, semble-t-il comme saint Antoine, de la vision de l’Enfant Jésus. Pouvez-vous évoquer ce détail de sa vie ?
– Le Père Raphaël de Saint-Elie, son confesseur durant les dernières années de sa vie, le surprit une nuit dans sa cellule, entouré d’une grande lumière, l’Enfant Jésus dans ses bras. Padre Pio et saint Antoine sont unis dans cette intimité avec Jésus Enfant.
 Pâques, aimait répéter Padre Pio, est certainement la plus grande fête de l’année liturgique, mais je préfère Noël, parce que, à Pâques Jésus est crucifié et me fait souffrir, tandis qu’à Noël, l’Enfant Jésus est infiniment doux. 

– Quelle est, à votre avis, la plus belle qualité de la dévotion à ces deux saints populaires ?
– Ils nous poussent à entrer en plein dans notre vie quotidienne. La nôtre est une société de l’anesthésique : nous cherchons à fuir la douleur ; nous avons recours aux saints comme à des magiciens capables de résoudre nos problèmes de santé et autres. Au contraire, Padre Pio et saint Antoine nous aident à vivre notre vie de tous les jours. Nous leur disons :  Cher Padre Pio, Cher saint Antoine, j’ai mal : aidez-nous ; je cherche du travail : donne-moi un coup de main.  Nous ne leur demandons pas de nous évader de la réalité, mais de nous aider à y faire face.
Notre monde cherche des réponses, pas uniquement aux graves problèmes du moment, mais aussi aux petites difficultés quotidiennes. Ils nous confient l’Eucharistie, le sacrement qui nous fait Eglise et nous donne force pour répondre aux questions de notre monde en continuelle recherche.

Invocations à saint Padre Pio

Nous te prions de nous enseigner à nous aussi l’humilité du cœur, afin de pouvoir être comptés au nombre des tout-petits de l’Evangile…
Aide-nous à prier sans jamais nous lasser, assurés que Dieu connaît ce dont nous avons besoin, avant encore que nous le demandions.
Obtiens pour nous d’avoir un regard de foi capable de reconnaître immédiatement chez les pauvres et les personnes qui souffrent le visage même de Jésus.
Soutiens-nous à l’heure du combat et de l’épreuve et, si nous chutons, fais en sorte que nous fassions l’expérience de la joie du sacrement du Pardon.
Communique-nous ta tendre dévotion à l’égard de Marie, Mère de Jésus et notre Mère.

Au cours de l’Angelus de ce même dimanche, le Pape s’adressait ainsi aux pèlerins français :  Je vous salue cordialement, chers pèlerins de langue française venus pour la canonisation de Padre Pio. Puissiez-vous, à l’exemple du nouveau saint, aimer inlassablement le Christ, dans la fidélité à l’Eglise ! Je vous bénis de grand cœur.

 

Updated on 06 Octobre 2016