Amour ou méfiance ?
J’aimerais partager avec vous les préoccupations d’un lecteur qui font peut-être écho aux vôtres. Sa lettre fait suite à notre éditorial de mars dernier : N’ayons pas peur ! . Elle ouvre un vrai débat et appelle sans nul doute des réponses. Je cite : Il convient d’accueillir les étrangers comme nos frères, et nous devons les aimer et les aider de notre mieux. Mais ne devrions-nous pas, plutôt, les aider à se développer dans leur pays d’origine ? Grosse interrogation que rappellent sans cesse politiciens et démographes, mais qui se heurte à des questions devenues presque insolubles : mondialisation galopante, l’énorme dette des pays pauvres, concentration des richesses aux mains d’une minorité, situations politiques désespérées, gaspillages… Le rôle du chrétien n’est-il pas de travailler à changer ces structures de péchés ? Poursuivons : Vous expliquez que nous devons respecter les traditions des étrangers. Vous auriez pu ajouter qu’eux devraient respecter les nôtres. N’est-ce pas ce que l’on doit faire, lorsque, nous, nous rendons à l’étranger ? … Vous précisez que les étrangers représentent une richesse pour nous. Mais, nous, qui les hébergeons, les nourrissons, leur donnons du travail, ne sommes-nous pas une richesse pour eux ? Cette réciprocité est réelle : les richesses du sol, de l’expérience de l’esprit existent, de part et d’autre, mais quels emplois réservons-nous à l’étranger ? et au prix de quels efforts matériels, de quelles attentes, de quelles humiliations ? Et
Nous sommes tous des étrangers en ce monde, mais n’avons-nous jamais fait l’expérience de la situation d’étranger dans un pays différent du nôtre ?
Le propre de notre culture, de notre foi, de nos rapports avec les autres ne sont-ils pas l’amour, l’écoute, l’amitié, au nom de notre égale dignité d’enfants de Dieu ?
C’est sur ce critère que nous serons jugés, non sur les seules raisons, d’ordre politique ou économique, que soulève l’accueil de l’étranger.
Et c’est sur la base de ces choix que saint Antoine a agi par sa parole et par ses actes.