La langue : pour le bien et pour le mal
La langue, prostituée bavarde et vagabonde
Il faut appliquer sa main sur sa bouche pour ne pas pécher par la langue, car, disent les Proverbes : Celui qui garde sa langue, protège sa vie (cf. Pr 21, 23).
C’est d’ailleurs, la nature elle-même qui nous apprend à être prompts à écouter, mais lents à parler (Jc 1, 19) : elle a enfermé la langue sous la double porte des dents et des lèvres, pour signifier que la parole ne doit sortir qu’avec grande précaution.
Ferme bien les portes des dents et des lèvres celui qui s’interdit toute calomnie et toute flatterie.
La langue, en effet, fléau sans repos, pleine d’un venin mortel, feu qui incendie la forêt des vertus et enflamme le cours de notre vie (cf. Jc 3, 5.6.8.), enfonce la première et la deuxième porte et, telle une prostituée, sort sur les places et, bavarde et vagabonde, remuante à souhait, sème le désordre. Qui peut dénombrer combien de saletés ramasse ce petit membre, quelle quantité d’ordures se condense sur des lèvres impures, quelle ruine découle d’une bouche sans freins ? (saint Bernard)
La langue du calomniateur est plus cruelle que la lance qui a percé le côté du Seigneur… Pire que les épines qui ont piqué sa tête et que les clous qui ont transpercé ses mains et ses pieds, elle transperce son propre cœur.
C’est pourquoi, un philosophe a dit : J’ai parfois regretté d’avoir parlé, jamais de m’être tu.
Celui qui ment nie le Christ
« Trois sont les membres dont peut procéder la mort ou la vie : le cœur, la langue et la main. Par le cœur, à travers le consentement au bien ou au mal ; par la langue, au moyen de la parole ; par la main, dans nos propres actes… Nient, en effet, le Christ par la langue, ceux qui détruisent la Vérité par le mensonge et la charité du prochain par la calomnie. »
Du bon usage de la langue
« Ne parle à personne du bien que tu fais… Dieu et ta conscience ne sont-ils pas suffisants pour toi ? Que peut t’apporter la langue des hommes, qui est capable de jeter le juste au fond de l’enfer et élever le mauvais jusqu’au trône de Dieu ? Garde donc pour toi ton secret … Et fais davantage confiance au témoignage de ta conscience qu’à la langue des autres. »
Parler à propos
Savoir maîtriser sa langue, parler à propos, garder le silence et mettre en pratique ce que l’on dit : voilà les qualités de l’homme vertueux et du vrai croyant.
« Le vrai pénitent, écrit saint Antoine, doit fermer ses secrets à l’intérieur de sa conscience ; les retenir par les verrous de l’amour et de la crainte ; dire des choses utiles en temps et lieu et se garder de dire du mal. »
Parole et vie en harmonie
« La vie est une musique, et la symphonie est douce lorsque la parole n’a rien à reprocher à la vie. Parle bien celui qui témoigne par les actes ce qu’il prêche par la parole… Combien, encore de nos jours, brillent par leurs discours, mais sont lépreux dans leurs actes ? Que chacun s’efforce donc d’élever d’abord soi-même et sa vie, et ensuite seulement sa voix. »