Une réalité incontournable « Pourquoi, écrit-il, remets-tu à demain ta conversion, alors que tu ne sais pas ce que demain te réserve ? Vis donc aujourd’hui comme si tu devais mourir aujourd’hui même, car rien n’est plus certain que la mort ; rien n’est plus incertain que l’heure où elle survient. » Une réalité quotidienne et amère Déclin progressif des forces physiques, maladie, angoisse de l’agonie, pleurs, solitude du mourant : tout est pour nous source de réflexion et d’enseignement. Aussi, pour la qualifier, saint Antoine abonde-t-il en images et en épithètes : la mort est aboutissement, flamme qui détruit, tempête qui disperse, éclipse qui éteint toutes couleurs, ruine qui fait tout disparaître, passage étroit que l’homme traverse à grand peine, seul avec lui-même, pauvre et nu. Et elle nous interroge sur l’usage que nous aurons fait de notre vie : « Notre chair ira à la terre, voire aux vers ; nos biens, aux fils et aux parents qui s’y jetteront avec avidité, tels des renards rusés guettant la peau d’un âne mort. » Une pensée bienfaisante Bien qu’amère, cependant, la pensée de la mort est salutaire et bienfaisante, car, comme l’ancre retient le bateau pour qu’il ne coule au milieu des écueils, la pensée de la mort retient notre vie pour qu’elle ne coule pas au milieu des dangers et des modes de ce monde. La lumière de l’espérance Et après la mort du corps, l’âme se repose et entre dans la terre promise. Cette certitude nous est donnée dans la mort et la résurrection du Christ, mais sera aussi fonction du jugement que le Seigneur aura prononcé sur notre vie : éternité de bonheur, si nous avons fait le bien ; éternité de tourments, si nous avons fait le mal. Chez saint Antoine, les images de l’enfer évoquent, comme celles des fresques et des sculptures du moyen âge, les désespoirs les plus violents, les couleurs les plus sinistres, les sons les plus lugubres, les odeurs les plus répugnantes... Celles du paradis, au contraire, remplissent notre faim et soif de vie, de repos, de paix, de joie, dans la contemplation de Dieu, face à face. Heureux, s’écrie alors saint Antoine, celui qui se confie dans le Seigneur, car aura il n’aura ni peur ni honte à l’heure de la mort. « Vis comme si tu devais mourir aujourd’hui même, car rien n’est plus certain que la mort ; rien n’est plus incertain que l’heure où elle survient. » Saint Antoine |