Artisans de paix
Si un sujet doit attirer notre attention en ce mois d’avril, c’est bien le souhait que Jésus a adressé à ses apôtres le soir de Pâques : La paix soit avec vous . Paix avec Dieu, commente saint Antoine, avec qui Jésus nous a réconciliés ; paix avec les anges auxquels Jésus a montré le prix qu’il accorde au genre humain ; paix avec les hommes qu’il nous faut aimer, à l’exemple de Jésus, jusqu’au don de notre propre vie.
Cette année, nous célébrons un acte important de cette paix avec le 400e anniversaire de l’Edit de Nantes, signé par le roi Henri IV, le 13 avril 1598. Nous consacrons à cet événement notre dossier (pages 14 à 19) avec, en contrepoint, le souvenir des drames qu’a provoqués sa révocation, le 18 octobre 1685, et les souvenirs qu’en garde le Musée de Désert, dans les Cévennes (p. 31 à 33).
L’Edit de Nantes est salué, en effet, aujourd’hui, comme un acte courageux, signe des rencontres possibles entre chrétiens des différentes Eglises (ce sujet est d’une passionnante actualité), compromis qui honore l’action politique, volonté d’oublier entièrement les conflits passés, aboutissement de l’effort de vrais artisans de paix, acte de reconnaissance de l’autre, de la liberté de conscience et amorce de la liberté religieuse proclamée par l’Eglise catholique elle-même lors du dernier Concile, témoignage de solidarité de ceux qui ont accueilli les réfugiés huguenots après 1685. Ces thèmes ressortent, comme autant de points d’orgue, des discours prononcés par le pasteur Jean Tartier, président de la Fédération protestante de France, et Mgr Louis-Marie Billé, président de la Conférence des Evêques de France, le 18 février dernier, à l’Unesco. L’accueil des réfugiés, souligne le premier, en bien des pays, nous fait immédiatement européens et attentifs aux détresses du monde. Une paix, même difficile, l’emporte infiniment sur de prétendues et précaires victoires, affirme le second, qui ajoute : Si l’Edit de Nantes a apporté la paix, force est d’admettre que ce qui était commun a été plus fort que ce qui divisait.
Entre les Eglises, entre les pays, dans les familles, la paix demeure la seule valeur qui rassemble et construit. Saint Antoine nous y invite par sa parole et par son action.