Au-delà du chagrin
Le dossier de ce numéro évoque une réalité qui demeure, malgré nos efforts pour l’occulter, inéluctable, incontournable, pour employer un qualificatif à la mode, présente dans l’actualité de chaque jour. La mort est là, en effet, dans les images tragiques des accidents, dans les drames horribles des attentats, dans les blessures béantes des blessés de la guerre, dans le visage de nos parents ou amis, survenue subitement ou à la suite d’une longue maladie. Comme tout homme qui réfléchit, saint Antoine souligne la précarité de la vie. Elle ressemble, dit-il, à une roue qui revient sans cesse à son point de départ : nous venons de la terre et nous retournerons à la terre. A un pont que l’homme traverse sans s’arrêter, comme un pèlerin, un hôte, un étranger... A partir de cette précarité, le Père Bernard Rey nous offre une profonde et fructueuse méditation sur l’au-delà à travers son dernier livre et l’entretien qui le présente (lire en page 50). Nous pouvons, dans un horizon limité à la vie présente, refuser la mort et tirer le maximum de ce qu’offre la vie, mais alors, quel sens donnons-nous à la vie ? Ou bien provoquer la fin, si la souffrance devient insupportable, mais que faisons-nous, alors, d’un don dont nous ne sommes que gestionnaires ; et qu’en pense le donateur qui a voulu nous faire là, un don inestimable ? Nous pouvons aussi, dans un regard de foi, faire confiance au Christ et à ceux qui y ont cru avant nous – l’immense foule des saints que nous fêtons le 1er novembre –, accompagner un malade durant une longue maladie, aider un mourant au moment du passage, prêter notre secours à des accidentés ou aux victimes de catastrophes, prier avec une famille en deuil, croire avec eux que la vie présente ouvre sur l’éternité de Dieu. Cette éternité, nous rappelle encore saint Antoine, sera fonction de ce que nous aurons vécu sur terre ; de l’amour que nous aurons témoigner à nos frères en humanité. L’amour qui construit, non la violence qui détruit ; et que Dieu, le vrai, refuse ! C’est pourquoi, notre pensée face à la mort est une pensée d’espérance. Nous ne mourrons pas, rappelle saint Paul : nous vivrons, à la suite de Jésus Christ qui a partagé notre mort pour nous entraîner, avec lui, vers la résurrection et la vie. |