Mon droit à la vie
« Qu’en serait-il de moi, si ayant décelé mon handicap dans le sein de ma mère, la médecine avait décidé de m’éliminer ? Atteinte d’un handicap visuel congénial grave, j’ai une formation universitaire, manie ordinateurs et Internet, m’exerce à l’écriture et mes travaux n’ont rien à envier à ceux de mes collègues voyantes. Mais pourquoi beaucoup de portes se ferment-elles devant moi ? Mon image ne correspond peut-être pas à ce qui assure aujourd’hui situation et réussite, je possède en revanche une richesse intérieure qui suscite l’admiration de ceux qui me lisent ou m’écoutent. » Ce témoignage, forcément reconstruit pour respecter l’anonymat, est cependant véridique. Les avancées des sciences biologiques et de la médecine nous réservent chaque jour des surprises nouvelles. En re-créant des embryons et des utérus artificiels, elles semblent vouloir se substituer aux processus naturels de l’origine de la vie, dans le but, apparemment louable, d’aider et de soigner… Mais à quel genre d’hommes vont-elles donner naissance ? Que signifie la hantise de l’enfant parfait, si elle conduit à éliminer des êtres qui avaient, eux aussi, le droit de vivre, et que nous avons, nous, le devoir d’accueillir ? Plus largement : que voulons-nous faire de l’homme ? Cette interrogation était au centre de la dernière Semaine sociale de France ; elle est aussi le dossier central de ce numéro. Puisse-t-il nous éclairer ; ou, du moins provoquer en nous la curiosité de savoir, de nous informer, de nous interroger sur la prétention de vouloir briser les limites imposées par le Créateur à notre liberté. Faut-il rappeler que chaque fois que l’homme cherche à se faire l’égal de Dieu, il devient la victime de ses propres faiblesses ? Le mois de mars évoque, pour le chrétien, la pénitence. Un mot qui n’est plus à la mode, mais qui n’est autre que la maîtrise de soi ; ou, comme dirait saint Antoine, la soumission de la passion à la raison. De la même manière, la croix est symbole de mort, mais elle conduit à la vie. La vie que saint Antoine chante avec joie et ferveur, et dont le matin de Pâques est la promesse.
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