Mme Rose Bandona : je suis une messagère de saint Antoine
Sa première rencontre avec saint Antoine remonte à son enfance. « J’avais sept ans, raconte-t-elle. Je venais de faire ma Première Communion à l’école des Sœurs de la Charité et j’avais reçu en cadeau une chaîne en or. Un jour, avec ma grande sœur Agnès et un groupe de 20-25 enfants de l’école, nous sommes allées nous baigner dans le fleuve voisin. Après le bain, en me rhabillant, je me suis aperçue que ma chaîne avait disparu. J’ai alors éclaté en sanglot, mais ma sœur m’a dit : Rose, pourquoi pleures-tu ? Tiens-tu vraiment à cette chaîne ? – Est-ce à partir de ce moment que vous avez pensé à des groupes de prière à saint Antoine ? – Que faites-vous actuellement pour promouvoir son culte ? – Ce matin vous avez apporté des chasubles que vous avez créées ? Est-ce quelque chose de typique ? Comment avez-vous eu cette idée ? – Et votre robe ? Pourquoi porte-t-elle des images de saint Antoine ? – Les gens, les jeunes, les adolescents, répondent-ils à votre message ? Quel est leur rapport avec la foi ?
– J’y tiens énormément, lui répondis-je. C’est mon cadeau de Première Communion et elle portait les images de la Vierge, de l’Enfant Jésus et de sainte Catherine Labouré, que j’aime beaucoup.
– Ne pleure pas, ajouta-t-elle. Mettons-nous à genoux et prions saint Antoine qui est un grand saint : il t’aidera à retrouver ta médaille.
Nous nous sommes alors toutes mises à genoux ; nous avons récité un Notre Père et trois Je vous salue, Marie, tandis que dans mon cœur, je disais avec beaucoup de foi : Saint Antoine, fais que je retrouve ma chaîne…
Quand je suis retournée au fleuve, ma chaîne était là, sur le sable. Encore quelques instants, et les eaux du fleuve l’auraient emportée…
– Pas vraiment ! J’étais trop jeune… Saint Antoine est intervenu bien d’autres fois et dans bien d’autres circonstances dans ma vie…
Quand je me suis mariée, il y avait dans la maison des images de saint Antoine et je lui disais : « Saint Antoine, donne-moi un enfant, un garçon au teint clair, beau comme ces anges qui entourent ton image, plus doux que mon grand frère qui fait toujours enrager mes parents ; un enfant qui aime sa famille et aide tout le monde, comme toi… » Et j’ai eu cet enfant. Il était bien comme je l’avais voulu. Devenu une personnalité, ministre du gouvernement de mon pays et gouverneur d’une grande banque, il aimait tout le monde et ne supportait pas de voir quelqu’un malheureux.
Un jour, il a rencontré un homme malade : il tenait dans sa main les ordonnances de son médecin, mais n’avait pas d’argent pour acheter les médicaments ; et il avait faim. Mon fils lui a alors donné 5000 francs belges et lui a dit : « Va ! achète-toi de quoi manger et les médicaments dont tu as besoin. » Il était ainsi avec tout le monde !
Pour moi, c’est bien saint Antoine qui m’a accordé ce que je lui ai demandé. J’ai constaté cela durant toute ma vie.
Au Congo, nous ne formons pas un groupe : nous sommes des messagers de saint Antoine.
– Quand mon fils est décédé, j’ai confié au Messager mes soucis concernant les biens qui m’appartenaient et qu’on m’avait arrachés. Je suis venue à Padoue pour prier et j’ai obtenu ce que j’avais demandé. Cela a fortifié ma décision d’instaurer, dans mon pays, des moments et des lieux de prière à saint Antoine. De retour chez moi, je me suis demandée : « Que dois-je faire pour saint Antoine ? Il est un des piliers de l’église catholique. » A Bruxelles, j’avais vu qu’on le priait tous les mardis ; à Kinshasa, je voulais faire la même chose. On m’a expliqué qu’il y avait une église de saint Antoine, loin, à Boumbou. Cette église existe depuis 39 ans, mais personne ne savait comment y prier saint Antoine ; on n’y faisait rien en groupe. Alors, j’ai dit : « Non ! La fête de saint Antoine approche ; il faut faire quelque chose : à partir d’aujourd’hui, tous les mardis, le matin nous assisterons à la messe et l’après-midi, nous y chanterons les louanges. » J’avais apporté avec moi des livres, j’en ai fait des photocopies et j’ai commencé à expliquer qui était vraiment saint Antoine.
Les gens me disaient : « Nous avons appris que c’est lorsqu’on perd quelque chose qu’il faut prier saint Antoine. » Je leur ai expliqué : « Non ! Saint Antoine a redonné la vie à des morts, a guéri les malades, a fait du bien à tout le monde, comme Jésus. Il est un pilier de l’église catholique ! »
Je suis allée voir le responsable de l’église et lui ai dit : « Vos gens ne connaissent pas saint Antoine. Vous ne leur enseignez pas qui il est vraiment. » Il m’a répondu : « Moi non plus, je ne le connais pas ...
J’ai compris alors que je pouvais être, moi aussi, une messagère de saint Antoine, pour porter, comme lui, Dieu à ceux qui ne connaissent pas ; pour faire, comme lui, la charité. Et j’ai fait passer ce message à la radio nationale catholique du Congo pour que les gens apprennent à le connaître et à le prier.
Le 13 juin, fête de saint Antoine, l’église était pleine à craquer !
– C’est une initiative personnelle ; quelqu’un s’est engagé à faire ça.
Maintenant que cette initiative est connue par plusieurs personnes, c’est à eux de voir comment s’organiser.
– Chez nous, c’est normal de porter des habits colorés, ornés d’images des saints que nous vénérons, et comme j’aime saint Antoine...
– Chez nous, tout le monde prie. Il y a des enfants et des jeunes qui sont sérieux et fidèles, mais il y a aussi beaucoup de petites églises, guidées par des gens qui ne connaissent même pas la Bible… Nous, les catholiques, nous devons faire un effort pour rester fidèles à notre Eglise et à Jésus Christ. Comme saint Antoine ! »