Etre des Passeurs
Lors du forum sur l’école, Bernard Ibal, professeur de philosophie, a montré combien la génération 68, dont il fait partie, s’est fourvoyée, en favorisant le laisser-faire au nom de la liberté. Ainsi des couples chrétiens ont refusé de faire baptiser leurs enfants...
Un déficit du sens
Il a aussi souligné l’erreur de l’école qui, depuis ces années, a continué d’enseigner dans toutes les disciplines, “comment” les choses se produisent, au détriment du “pourquoi” elles adviennent, d’où un déficit de sens...
Au forum sur la famille, Xavier Lacroix, philosophe, a notamment souligné les obstacles à la transmission : l’écart grandissant entre l’opinion courante et la culture familiale, rançon d’une société devenue libérale, pluraliste et marchande ; la fragilisation des liens familiaux ; enfin, le contexte économique et technologique.
Des interrogations que les autres forums – celui du monde du travail, de l’Eglise, des médias et de la vie associative – ont aussi répercutées, à leur manière.
Des propositions concrètes
1) Etablir des “ponts”
Lors du forum sur l’école, les enseignants, très nombreux, ont applaudi aux propositions concrètes de Jean-Marie Petitclerc, invitant les autorités à favoriser les ponts entre les zones et la ville, par des moyens simples. « Toute la politique de la ville s’est développée autour de la notion de zonage. Il faut apprendre la mobilité, supprimer la carte scolaire, développer des médiations, par la famille, l’école, la cité… » Des bus transporteraient les jeunes de ces quartiers sensibles dans des collèges de centre ville : « Sans cette mobilité, souligne Jean-Marie Petitclerc, qui travaille sur le terrain, il est impossible d’envisager un projet d’avenir. »
Autre proposition concrète : l’intégration de jeunes de banlieue dans de grandes écoles, comme Sciences Po Paris. Carole Diamant, professeur de philosophie “dans le 93”, est impliquée dans cette expérience. « L’examen que passent ces jeunes des banlieues pour intégrer cette école est un vrai examen. Ce projet est une des formes de réponse pour rectifier des injustices. Un autre atout : avoir rendu de l’espoir aux établissements des zones d’éducation prioritaires… »
2) Resserrer le lien social
Dans le travail aussi, la transmission des valeurs est possible. Dans les conclusions du Forum, Jean-Brunet Lecomte, chef d’entreprise, le soulignera : « Nous avons bien conscience que dans le travail, la relation se fait d’homme à homme et que l’économique ne doit pas primer… » La transmission est aussi un « levier de performance », nécessaire pour la pérennité du lien social.
3) La transmission familiale d’abord
Malgré les bouleversements, les ruptures, les obstacles de tous ordres, la famille reste le lieu de la transmission première. Pourquoi ? D’abord, « la famille offre le temps de la longue durée », dira Mijo Beccaria, en synthèse des forums. Elle est « aussi le lieu de la promesse et de la fidélité, car on est parents pour toujours, on est enfants pour toujours ».
Lors de la messe de clôture, l’archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, expliquera à sa manière la tonalité positive de ces trois jours de débats : « Notre Espérance dépasse le désespoir mortifère. » C’est ainsi que nous pouvons « transmettre la valeur la plus précieuse : la foi en Jésus Christ, source de foi en l’avenir de l’homme ».
Le Passeur par excellence
J’ai rencontré des “passeurs” et des gens qui, dans la nuit, avaient eu recours à leurs services.(…) Les candidats au passage n’étaient pas sans appréhension (…) mais il s’agissait de cheminer vers une aube de liberté. Le “Passeur”, surtout lorsque les eaux étaient hautes et le courant violent, leur demandait d’abandonner tout bagage à l’exception de l’essentiel. (…)
Nous aussi sommes dans la nuit, mais nous croyons en une aurore. (…)
Nous aussi devons abandonner beaucoup de bagages, qu’il s’agisse de conceptions très chères, d’habitudes ou d’acquis de toutes sortes. (…)
Avançons hardiment puisque c’est le Passeur par excellence – Jésus
de Nazareth – qui nous tend la main.
M. Camdessus