L’Eglise en Synode contemple l’Eucharistie

Un refrain : « L’Eucharistie, source et sommet de la vie de l’Eglise », parcourt insistant et joyeux l’Instrumentum laboris, le document de travail publié le 7 juillet dernier, qui servira de base aux exposés et aux échanges entre les représentants du collège épiscopal et le Pape. Créé par Paul VI, le 15 septembre 1965, le Synode des Evêques est un lieu de consultation régulière, une sorte d’assemblée consultative, destinée à informer et à conseiller le Pape sur des questions importantes de la vie de l’Eglise. Depuis, dix synodes ordinaires ont abordé les problèmes du sacerdoce, de la catéchèse, de la famille, de la réconciliation et de la pénitence, des vocations… ; deux synodes extraordinaires ont été consacrés à l’épiscopat et aux vingt ans de Vatican II ; huit synodes spéciaux ont été dédiés aux problèmes d’Eglises particulières (les Pays-Bas et le Liban) ou à l’échelle d’un continent : Asie, Afrique, Europe, Amérique… Les quatre derniers ont, tous, porté sur des composantes fondamentales de la communion ecclésiale : le laïcat, le sacerdoce ministériel, la vie consacrée, les évêques, et le prochain synode sur l’Eucharistie s’inscrit tout naturellement dans le prolongement de ces thèmes, comme le cœur et le sommet.

La dynamique synodale
Le thème choisi pour chaque assemblée est le fruit d’une consultation des Conférences épiscopales, des Eglises Catholiques Orientales, des Dicastères (congrégations, offices, conseils) de la curie romaine, et l’Union des Supérieurs Majeurs, au terme de laquelle le Secrétariat général du Synode choisit les trois sujets qui ont recueilli le plus de consensus et en remet la décision au Pape lui-même. C’est donc au terme de ce parcours, le 13 février 2004, que le Pape défunt a pris la décision de célébrer la 11e Assemblée Générale Ordinaire sur le thème : « L’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise ». Le 12 mai 2005, le pape Benoît XVI, en confirmait la célébration, réduisant sa durée de quatre à trois semaines.

Contempler le Mystère
S’il est un mot qui résume le contenu du prochain synode, c’est bien celui de “mystère”, exposé et développé surtout dans la deuxième partie de l’Instrumentum laboris. Mystère de Dieu venu parmi nous, mort et ressuscité ; mystère de foi, personnelle et ecclésiale : « Sans la foi, l’Eucharistie ne peut être célébrée » (n° 29) ; mystère dont la célébration et l’adoration doivent s’accompagner d’un profond sens du sacré, de respect et de grande dignité.
Mystère « qui manifeste pleinement l’homme à lui-même » (n° 28) et qui engage le chrétien dans l’annonce de l’Evangile, dans la construction de la paix, contre la faim, pour l’unité et le service de ses frères, en particulier des pauvres et des marginaux (n° 78, 79, 80). C’est cette réalité du mystère
qui requiert de la part de celui qui le célèbre et qui le reçoit, une vie morale conforme à l’Evangile : on ne peut communier et « soutenir publiquement des choix immoraux, comme l’avortement » (n° 73).
C’est encore en relation au mystère que sont signalées ombres, erreurs et négligences, somme toute « assez marginales » (avant-propos), lorsqu’elles portent atteinte à la foi et à la pratique de l’Eglise.
Voilà quelques pistes d’un événement annoncé comme très positif, optimiste, destiné à faire ré-découvrir la beauté du mystère qui est au cœur de la vie des chrétiens et à renouveler les célébrations eucharistiques. Qu’il rencontre auprès de tous, catholiques, chrétiens et hommes de notre temps l’écho fidèle et le plus large possible…

« Maître, où habites-tu ? »
Dans l’Eglise, il existe incontestablement aujourd’hui une « urgence eucharistique » qui aboutit non plus à une incertitude dans les formules, comme ce fut le cas à la période de Vatican II, mais à la pratique eucharistique qui a besoin aujourd’hui d’une attitude aimante nouvelle, faite de gestes de fidélité à Celui qui est présent pour tous ceux qui continuent encore de le chercher : « Maître, où habites-tu ? »
Jan P. Card. Schotte, C.I.C.M., ancien secrétaire général du synode des Eveques (janv. 2005).