L’ONU : une communauté d’hommes et de nations
Le 25 septembre, François sera le 4e pape à parler au siège de l’ONU, à New York. Un discours très attendu à l’occasion des 70 ans des Nations unies et à un peu moins de deux mois de la Conférence mondiale sur le climat qui aura lieu à Paris. Des événements porteurs d’espérance.
Une ONU forte pour un monde meilleur. Tel est le thème des Nations unies pour ses 70 ans qu’elle fête cette année. Fondée en 1945 par 51 États, dont la France, l’ONU compte aujourd’hui 193 membres. La Suisse, vue comme un « pays neutre », est quant à elle entrée en 2002, devenant ainsi le 190e pays membre des Nations unies. Cette organisation internationale a pour principes fondateurs le maintien de la paix et de la sécurité, le respect de la dignité de la personne, la coopération et l’assistance humanitaires. Ces principes étant, aux yeux de Benoît XVI, « l’expression des justes aspirations de l’esprit humain ». Depuis Paul VI, s’étant rendu en 1965 à New York, les papes se sont exprimés à la tribune des Nations unies : Jean-Paul II en 1979 et 1995, puis Benoît XVI en 2008.
Les responsables sur la scène internationale doivent agir de concert et avec bonne foi pour traiter aussi bien des objectifs de développement, des questions de sécurité que de la protection de l’environnement et des ressources. Ce n’est qu’ensemble qu’ils arriveront à mettre en œuvre la solidarité dans les zones les plus fragiles de la planète. Ce n’est qu’en mettant le bien commun général au-dessus des intérêts nationaux que des avancées significatives verront le jour. L’ONU est ainsi consciente des efforts qu’elle doit fournir pour répondre aux défis actuels et futurs de trois domaines en particulier qui sont indissolublement liés : la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme.
Œuvre de paix
Si le maintien de la paix dans le monde est l’un des rôles phares de l’ONU, Paul VI aimait à dire que « la paix ne se construit pas seulement au moyen de la politique et de l’équilibre des forces et des intérêts » mais « avec l’esprit, les idées, les œuvres de la paix ». L’ONU est une médiation pour la solution de conflits et représente souvent l’ultime espoir de la concorde. Cependant, ce n’est pas seulement pour conjurer les conflits entre les États que l’ONU œuvre mais bien pour « rendre les États capables de travailler les uns pour les autres », comme le rap-
pelait et l’espérait Paul VI. Les Nations unies ont aussi pour rôle d’accompagner les États dans leurs efforts de construction de leur système démocratique. Cette organisation étudie sans cesse les moyens pour assurer la sécurité de la vie internationale sans recourir aux armes. « Voilà un but digne de vos efforts, voilà ce que les peuples attendent de vous », assurait déjà Paul VI.
Protéger la Terre
Le développement durable est également au cœur des réflexions onusiennes. En décembre, la France sera le pays hôte de la 21e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques dans le monde (COP 21). Ces derniers ont des conséquences sur notre planète ainsi que des répercussions sur les problèmes mondiaux comme la pauvreté, la croissance démographique, le développement durable et la gestion des ressources.
Dans son encyclique Laudato Si’, François a notamment rappelé que la réduction des gaz à effet de serre exigeait « honnêteté, courage et responsabilité de la part des pays les plus puissants et les plus polluants ». Il a poursuivi en déplorant que la Conférence de l’ONU sur le développement durable (Rio +20) ait « émis un long et inefficace Document final ». Éduquer au respect de la Création, penser aux générations futures, croire que tout effort, si petit soit-il, est important. Ces trois impératifs constituent un devoir si l’on veut laisser une planète vivable, où les États sont de plus en plus interdépendants.
Les droits de l’homme
Trois ans à peine après la naissance de l’ONU, la Déclaration universelle des droits de l’Homme a vu le jour. La France, présente dès les origines, continue d’œuvrer aujourd’hui pour le respect des droits de tous les hommes dans le monde.
Saint Jean-Paul II n’avait pas hésité à affirmer que « les atteintes barbares portées à la dignité humaine » conduisirent l’ONU à formuler cette Déclaration, qui demeure « l’une des expressions les plus hautes de la conscience humaine en notre temps ».
En outre, Benoît XVI avait mis en exergue que les droits de l’homme devaient inclure le droit à la liberté religieuse. Selon lui, la tâche des Nations unies est de « proposer une vision de la foi non pas en termes d’intolérance, de discrimination ou de conflit, mais en terme de respect absolu de la vérité, de la coexistence, des droits et de la réconciliation ».
Efforts
Face aux crises actuelles, l’organisation doit chercher à être plus influente et davantage représentative des équilibres mondiaux. L’efficacité de « ce plus grand des instruments de synthèse et de coordination de la vie internationale » dépend, selon le Pape polonais, « de la culture et de l’éthique internationale qu’il anime et qu’il exprime ».
Dans un message pour le 70e anniversaire de l’institution, le Secrétaire Général, Ban Ki Moon reconnaît que « le monde n’a pas encore accédé à la paix et à la stabilité durables, envisagées par les fondateurs ». Des réformes s’imposent alors au sein de l’ONU pour renforcer sa légitimité, sa représentativité et son efficacité.
Par ailleurs, les « ajournements imprudents » (cit. François) doivent être jugulés et les nations s’atteler à un « effort commun pour édifier la civilisation de l’amour, fondée sur les valeurs universelles de la paix, de la solidarité, de la justice et de la liberté », comme le souhaitait déjà saint Jean-Paul II. Ces efforts doivent conduire chaque nation à se sentir chez elle dans cette institution, cette « famille des nations ». Paradigme sur lequel l’ONU œuvre pour qu’il devienne réalité.
« Vous existez et vous travaillez pour unir les nations, pour associer les États. Adoptons la formule : pour mettre ensemble les uns avec les autres. Vous êtes une Association. Vous êtes un pont entre les peuples. Vous êtes un réseau de rapports entre les États. Nous serions tentés de dire que votre caractéristique reflète en quelque sorte dans l’ordre temporel ce que notre Église Catholique veut être dans l’ordre spirituel : unique et universelle. On ne peut rien concevoir de plus élevé, sur le plan naturel, dans la construction idéologique de l’humanité. Votre vocation est de faire fraterniser, non pas quelques-uns des peuples, mais tous les peuples. Entreprise difficile ? »
Paul VI, New York, 4 octobre 1965.