Geneviève au secours de Paris
L’année 2002 marque le 1500e anniversaire de la mort de sainte Geneviève, figure religieuse marquante dans l’histoire de la ville de Paris qu’elle sauva de l’invasion d’Attila. Mais on connaît peu le rôle qu’elle a joué, avec sainte Clotilde, dans la conversion du grand roi Clovis. En l’an 422 de notre ère, une fillette, prénommée Geneviève – ce qui en celte veut dire fille du ciel – naît dans le petit bourg de Nanterre, non loin de Paris. C’est sur les flancs du mont Valérien que Geneviève, petite bergère, garde le troupeau de moutons de ses parents. Elle n’a que sept ans lorsqu’elle est remarquée par deux évêques, Germain d’Auxerre et Loup de Troyes qui se rendent en Grande-Bretagne pour lutter contre l’hérésie pélagienne. Frappé par la pureté du regard de l’enfant, Germain suspend à son cou une pièce d’or marquée d’une croix pour la vouer au service de Dieu. Huit ans plus tard, Marcel, évêque de Paris, reçoit les vœux de la jeune fille et il lui permet de porter le voile des Vierges. A l’époque, en effet, il n’existe pas de monastère de femmes et celles qui souhaitent se consacrer au Seigneur continuent à vivre dans le monde, simplement distinguées par le port de ce voile. Un an plus tard, à la mort de ses parents, Geneviève est recueillie par sa marraine qui vit à Paris. Elle mène une vie austère, partagée entre la prière et le jeûne. S’imposant auprès de tous par la force de sa personnalité, elle fonde un premier couvent de jeunes filles. C’est elle également qui fait construire la première basilique sur le tombeau de Denis, premier évêque de Paris. L’histoire, ou la légende, veut que cette jeune religieuse ait sauvé Paris à deux reprises. La première fois en sauvant la ville et ses habitants face à Attila, le roi des Huns ; ensuite contre les Francs en allant chercher des vivres à Troyes pour secourir la ville affamée. Attila, le fléau de Dieu En 451, Attila, roi des Huns, décide d’envahir la Gaule à la recherche de nouvelles victoires, mais également à cause de l’épuisement des richesses d’Orient. Il rassemble alors une troupe de 50000 hommes, franchit le Rhin, ravage le Nord de la Gaule, arrive aux portes de Paris. C’est ici que Geneviève entre en scène. Les Parisiens, atterrés, se pressent aux portes de la ville pour fuir la violence du Fléau du Dieu. La jeune religieuse, avec foi, autorité et détermination, les rassemble et les exhorte à demeurer en ville : A la menace du glaive, prenez comme armes le jeûne et la prière... Dieu nous écoutera. Et Attila contourna la ville… On sait aujourd’hui que si Attila évita Paris, c’est qu’il avait d’autres soucis que de prendre au passage une cité sans grand intérêt stratégique. Il se dirigeait vers l’Italie et voulait échapper avant tout aux troupes qui faisaient alliance contre lui à ce moment-là, celles du général romain Ætius, celles des Francs de Mérovée, celles des Wisigoths d’Altaric, sans parler des Saxons et des Burgondes... D’ailleurs les armées alliées allaient écraser les Huns, à Châlons-sur-Marne, au cours d’une fameuse empoignade, appelée la bataille des Champs Catalauniques. Quoi qu’il en soit, dans Paris sauvé, chacun considère désormais Geneviève comme la sainte protectrice et la vénère comme telle. A la menace des Huns, succède bientôt la menace des Francs. Ces raids incessants ne tardent pas à amener la famine en région parisienne. C’est encore Geneviève qui organise le ravitaillement des Parisiens. Sous le couvert de la nuit, elle se glisse au travers des lignes ennemies pour rejoindre Troyes, où elle supplie les habitants de lui donner du blé. Quelques jours plus tard, elle ramène nuitamment 11 barges de blé vers Paris. Sa popularité ne cesse de croître et sa renommée s’étend jusqu’en Orient : Siméon Stylite et sa colonie des environs d’Antioche, se recommandent à ses prières. Geneviève, Clovis, Clotilde… La région parisienne n’a pas résisté aux raids des rois francs Childéric 1er et son fils Clovis. Celui-ci, après avoir démoli à Soissons le dernier représentant de l’autorité romaine et coupé la tête du guerrier qui avait brisé son vase, choisit Paris pour établir sa capitale. Geneviève accepte l’autorité politique de Clovis et gagne rapidement sa confiance et l’amitié de son épouse Clotilde. Son autorité morale la met souvent en contact avec le roi. Son influence diplomatique et politique est très importante auprès du couple souverain. Plus encore dans le domaine religieux puisque c’est elle qui influencera la conversion de Clovis au christianisme. Geneviève meurt un 3 janvier aux environs de l’an 502. Sur son tombeau, Clovis et Clotilde font bâtir l’une des plus importantes basiliques de Paris, au sommet d’une colline qu’on appelle toujours aujourd’hui la montagne Sainte-Geneviève. Clovis en 511 et Clotilde en 545 y seront également enterrés. n