Etre présent, visible, solidaire

Le Mouvement Chrétien des Retraités groupe 139 836 membres. Son journal, Nouvel Essor, tire à 90 000 exemplaires. Au moment où la retraite intervient, ou quand l’avance en âge peut marquer des limites physiques, ce mouvement proclame: «Profitez de la chance qui vous est donnée de mieux régler votre emploi du temps pour l’utiliser au maximum, pour votre épanouissement personnel et au service des autres. Soyez des acteurs d’espérance dans les quartiers, les villages, les villes et le monde».
Le MCR est la branche française de Vie Montante Internationale qui existe dans 49 pays des 5 continents.
MCR : 75, rue de la Tombe-Issoire, 75014 Paris. Tél. 01 43 20 84 20.

«Acteurs d’espérance» : sous ce titre, en 1998, 800 retraités, en majorité des retraités récents, se réunissaient à Lourdes. Un temps fort pour Andrée Davydoff, de Chatenay-Malabry, qui donne son témoignage.

Dans ce monde en transformation, notre rôle est irremplaçable. La retraite n’est pas le retrait, c’est la possibilité d’une ouverture aux autres, à Dieu. Dans le groupe de jeunes retraités que j’avais la responsabilité d’animer, nous avons pris conscience qu’une vie nouvelle pouvait s’ouvrir, à condition de nous accueillir nous-mêmes, dans la situation qui est la nôtre. Je n’oublierai jamais les larmes de cet homme évoquant l’accident dont son fils fut victime ; sa femme m’a dit plus tard : C’est la première fois qu’il arrivait à pleurer.
Certains se sentaient disqualifiés par le perte de leur activité professionnelle. D’autres, ayant changé de résidence, avaient du mal à s’adapter ; des célibataires ou veufs se sentaient seuls...
Tous, pourtant, voulaient avancer, redécouvrir les autres, cheminer vers Dieu.

Disponibilité et engagement
Etre acteurs d’espérance : les exemples n’ont pas manqué, ni les possibilités d’engagement : organismes caritatifs ou missionnaires, soutien scolaire, visites aux prisonniers, aide aux chômeurs, accompagnement des malades ou des handicapés... J’ai admiré ces chefs d’entreprises se mettant au service de ceux qui cherchent du travail, ces maîtres du Barreau aidant les plus faibles à défendre leurs droits, ces instituteurs redonnant à des enfants défavorisés le goût de la lecture, des femmes âgées apprenant aux jeunes à cuisiner, à coudre... et ces autres accompagnant des malades en fin de vie.
Que deviendrait le monde si les retraités n’étaient pas là pour accueillir, entourer, écouter, soutenir?
Etre acteurs d’espérance, c’est là notre rôle. Il est irremplaçable.

(Extrait de Nouvel Essor, Juin 1999)

On pourrait citer de nombreux témoignages sur l’entraide scolaire, la catéchèse, la participation à la Banque Alimentaire ou aux Restos du Cœur, les visites dans les hôpitaux et les prisons, l’aide au logement, le reclassement des chômeurs et bien d’autres activités. Piochés au hasard, voici trois faits :
• Dans le Var, un concours a été organisé parmi les jeunes, ils devaient recueillir des témoignages d’anciens sur leur vie quotidienne.
• En Gironde, des parents conduisent régulièrement leurs petits de moins de 3 ans dans une maison de retraite. Quand les personnes âgées ne peuvent se déplacer, les enfants sont conduits dans les chambres et partagent leur goûter avec leur hôte. Ces contacts font tomber de nombreuses barrières et apportent de grandes joies aux visités comme aux visiteurs.
• A la Martinique, qui compte 360 000 habitants, le MCR a 1 100 membres. Au cours de l’année, un film a été projeté sur la vie d’autrefois devant une assemblée où tous les âges étaient représentés.
Cela a provoqué, après la projection, de nombreux échanges entre les enfants, les jeunes et les aînés. L’objectif visé était de donner des repères aux plus jeunes et d’enrichir le patrimoine.

• 1999 a été décrété par l’ONU Année Internationale des Personnes Agées.

• Les plus de 60 ans sont 580 millions dans le monde et plus de 11 millions en France, dont environ un million de personnes dépendantes, entre 700 000 et 1 200 000 suivant l’interprétation qu’on donne à ce terme.

• Selon l’INSEE (Institut national des Statistiques et Etudes Economiques) les amis connus à l’école ou à l’université représentent encore 12% des amitiés à 65 ans. L’âge venant, les amitiés de voisinage deviennent de plus en plus nombreuses. Les amitiés entre membres d’une même association sont primordiales chez les plus âgés. Par suite des décès, la proportion des amitiés entre personnes du même âge diminue chez les plus âgés qui deviennent très sensibles à l’amitié des plus jeunes.

• Sans hier et sans demain, aujourd’hui ne vaut rien. (Pierre Jakez-Helias)
• Ce sont les racines qui permettent à l’arbre de voir le ciel. (J. de Bourbon-Busset)
• Une tradition n’est vivante que si elle donne l’occasion d’innover, si elle constitue une ressource à réinterpréter et non une réalité figée. (Paul Ricoeur)
• La vieillesse, c’est aussi la jeunesse. Vieillir, c’est avoir tous les âges. (Jean Guitton)
• Si nous pouvons ajouter des jours à notre vie, nous pouvons ajouter de la vie à nos jours. (Père Carré)
• C’est peut-être la beauté de l’aîné, marier le sourire et les rides. (Père Henri Caro)
• Réussir sa vie n’est pas réussir dans la vie. (Nouvel Essor)
• La mémoire porte le passé au présent pour une tâche d’avenir. (Luc Pareydt)
• On est vieux quand on n’a plus de curiosité pour les êtres et pour le monde. (Benoîte Groult)

Sous ce titre, le Conseil pontifical pour les laïcs a publié un document sur la condition des personnes âgées et ce qu’elles peuvent encore apporter à la société et à l’Eglise.
Le premier chapitre met en évidence les «charismes propres» de la vieillesse. Ces charismes s’appellent : gratuité ; mémoire qui relie les générations plus jeunes à leur passé ; expérience de vie ; interdépendance ; sage vision de la vie. Les valeurs d’amitié, de prudence de jugement, de patience, de sagesse «représentent, en effet, une ressource indispensable pour l’équilibre de la société, des familles et des personnes».
Les personnes âgées sont également très présentes dans la Bible. «Tu honoreras la personne du vieillard», rappelle le Lévitique (19, 32). Sarah et Abraham, Elisabeth et Zacharie, prouvent que, «même lorsque la vie est marquée par la faiblesse, le vieillard a des raisons de se considérer comme un instrument de l’histoire du salut» (p. 14).
Le troisième chapitre évoque les problèmes auxquels nos anciens sont affrontés : marginalisation forcée à cause du chômage et de la préretraite ; besoin d’assistance, surtout en cas de maladie ; nécessité de les faire participer activement à la vie sociale et politique et à la vie de l’Eglise.
Dans l’Eglise en particulier «Les personnes âgées sont porteuses de valeurs religieuses et morales qui représentent un riche patrimoine spirituel pour la vie des communautés chrétiennes» (p. 23). Parmi ces valeurs : la pratique religieuse, la participation aux assemblées liturgiques, la prière. Les chrétiens auront donc à cœur de les intégrer dans la communauté des croyants ; de favoriser leur participation aux sacrements et aux pèlerinages ; de les accompagner au moment de leur dernier passage.
«En l’an 2000, conclut le document, la journée du 17 septembre sera consacrée aux personnes âgées. Nous sommes certains qu’elles ne manqueront pas cet important rendez-vous».

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