121 vœux de joyeux anniversaire

16 Février 2016 | par

En 2016, la Caritas Saint-Antoine fête ses 40 ans. La présentation du bilan 2015 est l’occasion de tracer un état des lieux de notre institution caritative financée par les abonnés et les amis du Messager. Saint Antoine continue d’œuvrer dans le monde d’une façon toujours nouvelle, grâce à votre cœur et aux mains de centaines de missionnaires.



Cette année la Caritas Saint-Antoine soufflera ses 40 bougies, il est donc normal que le bilan 2015, présenté par cet article, devienne un bilan global sur les activités de solidarité antonienne dans le monde entier.

En 2015, 121 projets ont été réalisés dans 36 pays, pour un montant total de 2 852 693 ¤. Ce bilan est comparable, sous plusieurs aspects, à celui de l’an passé : un investissement global quasiment identique ; des domaines d’intervention qui sont principalement l’école, la santé, la promotion humaine et l’accès à l’eau ; et le type de bénéficiaire, des enfants et des jeunes surtout. La plupart des fonds, soit 45,4 %, a été investie en Afrique (68 projets). Les référents sont des missionnaires laïques ou religieux qui collaborent avec l’Église locale et les institutions, nationales ou internationales, en faveur des plus pauvres. Les grands projets sont rares ; par contre, les micro-réalisations, plus adaptées aux niveaux de développement de chaque lieu, sont nombreuses. 

Ces chiffres suffisent à décrire la Caritas Saint-Antoine comme une organisation bien consciente de sa mission – être aux côtés des derniers –, de ses points de repères et de sa méthode d’opération. Mais cela n’a pas toujours été ainsi.

La Caritas Saint-Antoine a vu le jour en 1976. À l’époque, elle avait deux priorités : réorganiser et coordonner les nombreuses œuvres caritatives réalisées par les Frères Conventuels, et aller au-delà du cadre national car la pauvreté la plus terrible paraissait être celle des pays en voie de développement. La situation mondiale actuelle, fondée sur la globalisation, le développement rapide de certaines régions du sud du monde et la crise économique de 2008 qui a atteint les pays occidentaux, était alors bien lointaine.

Le premier projet de la Caritas Saint-Antoine a fait suite au tremblement de terre dans la région italienne de Frioul en 1976. Pendant ses dix premières années, la Caritas Saint-Antoine peine à sortir des milieux nationaux malgré les missions des frères dans le monde. C’est le frère Pietro Beltrame, troisième responsable de la Caritas Saint-Antoine, qui est l’auteur d’un véritable tournant. Le frère Valentino Maragno, l’actuel directeur de l’institution, l’explique : « Le frère Pietro a séparé l’action du Pain des pauvres, une institution qui existe encore aujourd’hui pour aider les personnes en difficulté qui frappent aux portes de notre sanctuaire à Padoue, de celle de la Caritas Saint-Antoine. C’est à celle-ci que revenait la tâche d’agir en faveur des pays qui ne bénéficiaient d’aucun soutien d’organisations humanitaires et où travaillent des missionnaires courageux et souvent seuls. » 



Un cercle vertueux

En 1991, le frère Pietro obtient qu’une rubrique intitulée Caritas Saint-Antoine paraisse tous les mois dans le Mes-

sager
. De fait, les lecteurs du magazine sont depuis toujours les bienfaiteurs de la Caritas Saint-Antoine qui, jusque-là, n’apparaissait dans la revue que pour les projets lancés en juin pour la fête de saint Antoine. Cette nouvelle visibilité déclenche vite un cercle vertueux : 30 projets en 1994, 85 en 1996 et des fonds qui passent de 778 000 ¤ en 1992 à 1 595 000 ¤ en 1996. 

La Caritas Saint-Antoine suit presque instinctivement les étapes de la coopération internationale. Elle ne s’occupe donc pas que de l’accès aux services de base comme la santé, l’accès à l’eau et l’école, mais aussi de micro-crédits, de l’amélioration du statut des femmes, de la lutte contre le sida... On est surtout passé résolument de la logique de l’assistance à celle du développement.

Ce changement l’a poussée aussi à adopter la logique du réseau. « Il faut se mettre en relation avec d’autres organisations, chercher des synergies avec des réalités qui œuvrent déjà sur place, se mettre à l’écoute des personnes et de l’Église locale, accompagner les pauvres sans la présomption d’avoir toutes les solutions et transmettre nos connaissances acceptant aussi les points de vue des autres. »

 

Les nouveautés du bilan 2015


Dans le bilan 2015, certains chiffres dénotent des changements fondamentaux. On constate ainsi une augmentation exponentielle des investissements dans l’école et la formation professionnelle (51,47 % des financements contre 28 % en 2014). Cependant, les demandes d’aide ont de nouvelles caractéristiques : « Elles concernent toujours plus l’école supérieure, explique le frère Valentino. Cela signifie que la scolarisation en primaire n’est plus une urgence dans de nombreux pays, mais qu’il devient difficile de poursuivre des études et de former des professionnels. L’école est prioritaire pour la Caritas Saint-Antoine car la pauvreté et la violence vont de pair avec l’ignorance. »

L’autre augmentation concerne la mise en place de dispositifs en vue de la protection de la santé publique : 10 projets d’hygiène et de santé sur 31 vont en ce sens, ce qui témoigne d’une plus grande prise de conscience de l’importance des règles d’hygiène. 

Un autre domaine qui a demandé de plus grands investissements, est celui de l’accès à l’eau. Il s’agit pour la plupart de puits et citernes, mais le montant total demandé est plutôt élevé, plus de 200 000 ¤. « Les frais toujours plus élevés dans ce domaine, explique le frère Valentino, sont dus à une plus grande attention à la qualité de l’eau, et donc à l’intervention d’experts et de foreuses pour creuser toujours plus en profondeur. C’est aussi un signe de l’évolution des consciences pour une meilleure exploitation de l’eau. » 

Ces changements dans les demandes d’aide modifient aussi la façon d’agir de la Caritas Saint-Antoine. Le besoin d’écoles et d’infrastructures a impliqué une absorption de 42 % des fonds pour de nouvelles constructions, pour un montant total de 1 759 000 ¤. L’inflation fait augmenter les prix du jour au lendemain. La hausse des prix affecte aussi la vocation au micro-projet de la Caritas Saint-Antoine : les projets inférieurs à 10 000 ¤ sont, de fait, moins nombreux.

La croissante complexité des projets fait aussi augmenter les contrôles. Sur 300 projets proposés à la Caritas Saint-Antoine en 2015, seulement 121 ont passé tous les tests de faisabilité et de fiabilité. « Nous ne donnons jamais toute notre contribution en une seule tranche, mais en plusieurs tranches après avoir vérifié l’avancement correct du projet. »

La grande nouveauté est que depuis 2015 toutes ces activités sont visibles en temps réel. « Le site internet www.caritasantoniana.org permet de vérifier l’avancement de chaque projet et de savoir comment sont utilisés les fonds donnés par nos bienfaiteurs. »

Les engagements pour 2016 ? « Une fois de plus, nous devons nous mettre à l’écoute des signes des temps, comme nous y invite le Pape. Au cœur de notre solidarité, en 2016, se trouveront les réfugiés qui fuient les guerres et le terrorisme, et les minorités ethniques et religieuses persécutées. Amener Antoine dans les périphéries du monde – conclut le frère Valentino – sera la façon la plus belle et, à mon avis, la plus juste, de célébrer les 40 ans de la Caritas Saint-Antoine. » 

Updated on 06 Octobre 2016