La justice
La Parole de Dieu
Quiconque est juste, pratique le droit et la justice. Il n’opprime personne, rend le gage de la dette, ne commet pas de rapine, donne son pain à qui a faim et couvre d’un vêtement celui qui est nu, ne prête pas avec usure, ne prend pas d’intérêt, détourne sa main du mal, rend un jugement véridique entre les hommes, se conduit selon mes lois et observe mes coutumes en agissant selon la vérité, un tel homme est juste, il vivra, oracle du Seigneur Dieu (Ez 18,5.7-9).
La Parole de saint Antoine
Les usuriers sont des malheureux qui ne réfléchissent pas à la condition de leur vie, à leur naissance et à leur mort. A leur entrée dans le monde, ils n’ont ni sac ni argent ; à leur sortie, ils ont juste un sac. A leur entrée, ils sont tout nus ; à leur sortie, ils sont enveloppés d’un maigre tissu. D’où leur vient alors tout ce qu’ils possèdent ? De la rapine et de l’usure. C’est pourquoi, le prophète Habacuc dit : « Malheur à qui amasse le bien d’autrui. Jusqu’à quand se charge-t-il d’un fardeau de gages ? » (Hab 2,6).
Il se comporte, en effet, à la manière du scarabée qui amasse une grande quantité d’excrément et avec grande fatigue il confectionne une boule ronde, mais finalement un âne passe, pose sa patte sur le scarabée et sur la boule et en un instant détruit l’animal et l’objet sur lequel il s’était longtemps fatigué. De la même manière l’usurier amasse longtemps la puanteur de l’argent, se fatigue longuement, puis, à l’improviste, le démon l’étrangle. Ainsi son âme va-t-elle aux démons, sa chair aux vers de terre et l’argent aux parents.
Pour aller plus loin
L’une des plaies sociales du temps de saint Antoine, c’était l’usure, dont la raison profonde s’enracine dans l’avarice. Non réglé par des législations adaptées, le prêt à intérêt était devenu un véritable vol, difficile à démasquer parce qu’exercé dans l’ombre et jamais dénoncé. D’après saint Antoine, l’usurier a le cœur déchiré par le démon et les oreilles bouchées par l’argent. Il est comme un pressoir qui opprime et soutire l’argent aux pauvres et aux indigents.
Avec la conviction que la foi chrétienne n’est pas une démarche à confiner dans les sacristies ou dans l’intériorité pure, il ne se contente pas de passer aux côtés des souffrances des gens et aux injustices qu’ils subissent. En effet, « il amenait à restituer, dit son biographe, ce qu’on avait volé par l’usure ou par la violence. Il arriva même à ce qu’on déposât devant lui le prix de maisons ou de terrains grevés d’hypothèques ; sur son conseil, ceux qui avaient été lésés recouvraient leurs biens » (Assidua 13,11).
Il est allé même jusqu’à amener la Commune de Padoue à édicter la loi suivante : « Sur la demande du vénérable frère, le bienheureux Antoine, confesseur des Frères Mineurs, dans l’avenir aucun débiteur ou citoyen ne pourra être privé de sa liberté pour cause de dette. On pourra saisir ses biens, mais non sa personne, ni sa liberté » (17 mars 1231).