Pleine de grâce est le nom de Marie
Dans un sermon pour la fête de l'Annonciation, saint Antoine écrit : « Première entre toutes les femmes, elle offrit à Dieu le don de sa virginité, mérita de jouir de la vision de l'ange et de ses entretiens, et donna au monde l'auteur de toute grâce. Elle est pleine de grâce, car son parfum surpasse tous les arômes. Ses lèvres sont un rayon de miel sur lequel la grâce est répandue. » Et il ajoute : « L'Ange ne dit point : Ave Maria, mais Ave pleine de grâce. Nous au contraire, qui sommes projetés dans la mer, loin du regard de Dieu, nous implorons à chaque instant : Ave Maria ! »
Ces paroles de saint Antoine éclairent la pensée actuelle sur la Vierge Marie où il est de bon ton de contester les dogmes la concernant, en particulier l'Immaculée Conception. Autour de nous, même dans la presse et à la télévision, l'on confond très facilement Immaculée Conception et conception virginale de Marie, c'est-à-dire le fait qu'elle a conçu Jésus en restant vierge... Parmi les chrétiens eux-mêmes, certains s'étonnent, comme cela s'est produit lors du récent voyage du Pape à Lourdes, que l'on ose encore en parler.
Quand on évoque ce dogme on le définit généralement par son aspect négatif : Marie a été préservée de la faute originelle qu'héritent tous les fils d'Adam. Mais Antoine va plus loin : l'ange, dit-il, n'appelle pas tout de suite la Vierge par son nom de Marie, mais par le titre de pleine de grâce ; son premier nom est pleine de grâce. Or, affirmer que Marie est remplie de la grâce divine, oriente la croyance en l'Immaculée Conception : Marie a reçu « en avance », au début même de son existence, le salut qui nous vient par le baptême et par l'effort de conversion de chaque jour. Après Antoine, les théologiens franciscains ont ardemment et constamment soutenu la Conception Immaculée de Marie.