Le même amour d'Antoine et de François
En ce mois d’octobre, portons un même regard sur François d’Assise et Antoine. Nous savons combien ils étaient différents dans leur façon de s’exprimer et dans le style de leurs écrits. Ils ont pourtant une grande ressemblance : leur amour du Christ dans son humanité et sa pauvreté. Citons-en quelques exemples.
Au détour d’un sermon (dimanche de la Quinquagésime), Antoine médite sur la beauté de la Passion du Christ : « L’humanité de Jésus Christ, sur laquelle tu te tiens par la foi, est saine et te sanctifie, toi-même, pécheur ». Et avec son style parfois rugueux, il insiste : « Médite sur l’humanité du Christ, considère son humilité, rabaisse l’enflure de ton cœur… ». Ailleurs il dira aussi : « … Contente-toi de ce que tu possèdes de manière raisonnable », et il ajoutera que c’est une grande richesse qu’une pauvreté joyeuse qui sait se contenter de ce qu’elle a.
On pense bien sûr à la première Règle de saint François (1 Reg 9, 1-4) : « Tous les frères s’appliqueront à suivre l’humilité et la pauvreté de notre Seigneur Jésus Christ. Ils se rappelleront que, de tous les biens de ce monde, nous ne devons garder rien d’autre que ce qu’indique l’apôtre : si nous avons de quoi manger et nous vêtir, nous devons nous en contenter ». François et Antoine, tous deux, se réfèrent à saint Paul (1 Tm 6, 8).
Dans le même sermon on lit chez Antoine : « Oui, Père, tu m’as humilié dans ta vérité, c’est-à-dire dans ton Fils, humilié, pauvre et pèlerin : ton Fils humilié, dis-je, dans le sein de la Vierge ; pauvre dans la crèche des animaux ; pèlerin sur le gibet de la croix. Rien, en effet, n’humilie autant le pécheur orgueilleux que l’humilité de l’humanité de Jésus Christ… ».
On pense certes à la phrase de Thomas de Celano, introduisant le récit de la célébration de Noël de François à Greccio : « Deux sujets surtout l’empoignaient tellement qu’il pouvait à peine penser à autre chose : l’humilité manifestée par l’Incarnation, et l’amour manifesté par la Passion » (1 Cel 84).
Ainsi l’un comme l’autre insistent sur les deux pôles de l’humanité du Christ : la crèche de Noël et le sacrifice de la Croix.