Chaussures neuves

24 Mai 2007

Un nouveau prêtre réjouit toute la vallée. Pour la fête, on fait de longue marches et on use des semelles neuves. C’était dans le Haut-Valais, la partie germanophone de mon canton, au cœur des Alpes helvétiques : le Lötschental, célèbre pour ses masques de carnaval, sculptés dans le bois et destinés à chasser “les mauvais esprits”.


Un jeune de la région venait d’être ordonné début juin à la cathédrale de Sion par l’évêque du Diocèse. Et, comme à l’accoutumée, chacun des ordinands avait convoqué sa famille, ses proches, ses amis, ses nouveaux confrères dans le sacerdoce, les autorités locales…, pour une « première messe » (Primiz en allemand) dans son village d’origine.

Une nouvelle paire
Or, pour souligner quel cadeau inestimable Dieu fait à son Eglise en lui donnant (d’où le terme “or-donner”) un nouveau prêtre, les personnes convergeaient vers le lieu de la célébration des quatre coins de la vallée. A pied, comme le veut la tradition. Quitte à partir à 6 heures du matin.
Et surtout, en se faisant un point d’honneur d’arborer une paire de chaussures jamais encore employées. Un nouveau prêtre vaut bien quelques heures de marche. Un berger de plus pour le troupeau du Seigneur mérite bien qu’on use pour lui des semelles neuves !
Et la communauté rassemblée, sous la houlette du jeune pasteur fraîchement consacré, chantait à pleine voix son action de grâce au beau milieu de la prairie : aucune des églises du coin n’aurait été à même d’accueillir une telle foule !

Peuple de marcheurs
Car le prêtre, configuré au Christ, seul Bon Berger, guide le troupeau vers les prés d’herbe fraîche. Il l’aide à traverser les ravins de la mort, pour se désaltérer à la fontaine de l’Esprit et partager le repas de la joie. Les chrétiens sont des marcheurs, à la suite de Jésus dont le ministre ordonné n’est que le représentant visible, le lieu-tenant en quelque sorte. Comme déjà le peuple d’Israël sans cesse en route, arraché à la captivité de l’Egypte et à l’exil de Babylone par la main forte de Yahvé. La pâque se mange les reins ceints, sandales au pied et bâton à la main.
L’eucharistie, nouveau repas pascal, n’offre “que” du pain “a-zyme”, c’est-à-dire sans levain, car comme les Juifs devant la menace de Pharaon, nous n’avons pas le temps de faire monter la pâte tant le désir nous presse de rejoindre le Seigneur.
Le rappel d’un tel empressement “eschatologique”, c’est-à-dire tourné vers notre patrie du ciel, vaut bien une paire de souliers ! Ici-bas.

Quiz

1. La plupart du temps, la première messe d’un nouveau prêtre se célèbre
a. à la Cathédrale,
b. dans son village d’origine,
c. dans le chef-lieu du canton ou du département concerné.

2. L’Eglise ordonne des prêtres principalement pour :
a. représenter visiblement le Christ, refaire les mêmes gestes et redire les mêmes paroles que lui
b. gérer les finances de la paroisse,
c. rebâtir les églises d’une région lorsqu’elles tombent en ruines.

3. Comme la pâque juive, l’eucharistie se célèbre avec du pain non levé et « en toute hâte »
a. pour éviter qu’elle ne dure trop longtemps,
b. par souci d’économie,
c. pour rappeler le départ à toute vitesse des Hébreux libérés par Dieu de l’emprise de Pharaon.

 
Réponses : 1b – 2a – 3c

Updated on 06 Octobre 2016